Les congés parentaux selon trois diplômés
Les congés parentaux aux Pays-Bas, en Norvège et en Tunisie.
Par Brigitte Trudel
Ces témoignages s’inscrivent dans la suite de l’article Le congé parental, que du bon!
Pays-Bas: en partie non remboursé, mais flexible
Maman d’une petite fille née en janvier 2015, Marie-Andrée Yessine (Pharmacie 2000) habite à Leiden, aux Pays-Bas, depuis 10 ans. Elle y travaille comme Senior Scientist pour une compagnie pharmaceutique internationale. «Ici, le congé de maternité dure 16 semaines payées à 100%, dont 4 à 6 doivent être prises avant la date prévue de l’accouchement, indique-t-elle. Le père, lui, a droit à 5 jours (un peu plus chez certains employeurs) à répartir comme il le désire.»
Après la naissance, poursuit la diplômée, vient le congé parental. Il équivaut à 26 fois le nombre d’heures travaillées par semaine pour chacun des parents et s’applique avant que l’enfant atteigne l’âge de 8 ans. Le format est libre, il doit simplement être approuvé par l’employeur. «Le congé parental est généralement non payé, mais c’est un moindre mal, considère Marie-Andrée Yessine. Il m’a permis de prolonger mon congé de maternité de trois semaines. De plus, présentement, je prends une heure de congé parental par jour. Mon conjoint, lui, a une « journée papa » un vendredi sur deux.»
Autre avantage de cette formule, l’utilisation de la banque de congés ne modifie pas le nombre d’heures de travail par semaine qui apparaît au contrat d’emploi, ce qui serait différent dans le cas d’un travail à temps partiel. «Sur papier, mon conjoint et moi travaillons toujours 40 heures par semaine. Cette distinction facilite les choses pour contracter une hypothèque et pour bâtir notre revenu de retraite.»
Norvège: l’État offre un soutien total aux parents
Résidant de Bergen (Norvège) depuis 2012 et, depuis trois ans, entraîneur-chef du Bergens Svømme Club, le plus vieux club de natation du pays, Bruno Langlois (Intervention sportive 2012) est aussi papa d’une petite fille d’un an. «Le système est très favorable, ici, car il s’applique à l’ensemble des salariés avec les mêmes conditions et tous les employeurs sont tenus de s’y conformer.» Un avantage significatif pour lui dont la profession et les heures de travail sont atypiques.
En gros, explique le diplômé, chaque parent a droit à 10 semaines de congé (20 au total), subventionnées à plein salaire. Par la suite, le couple peut se partager 26 semaines (à 100 % du salaire) ou 36 semaines (à 80 % du salaire), le tout payé par le gouvernement. Bruno Langlois note d’autres exemples de flexibilité. Le congé parental peut être pris en travaillant à temps partiel, ce qui permet de l’étaler. Également, les mères, et la majorité des pères, ont droit à un retour au travail graduel pour l’année qui suit la fin du congé parental. «Bref, les avantages sont nombreux: être avec notre enfant jusqu’à 1 an, reprendre le travail sans la culpabilité d’un retour prématuré, vivre la tranquillité financière grâce à la subvention à 100 % du salaire. Me sentir ainsi soutenu par l’État me sécurise lorsque j’envisage d’avoir d’autres enfants.»
Tunisie: beaucoup reste à faire
Adel Ziadi (Génie électrique 2011) dirige Visiooimage, une entreprise mise sur pied avec des collègues alors qu’il était doctorant à l’Université Laval, aujourd’hui reconnue comme leader dans le contrôle non destructif des matériaux par thermographie infrarouge. L’ingénieur travaille entre le Québec et la Tunisie et est aussi père d’un petit garçon d’un an. Il réside à mi-temps dans la ville de Menzel-Temime, où habitent son épouse et son fils. Les congés parentaux sont presque inexistants en Tunisie, explique-t-il. Le système offre un congé de maternité de deux mois, après l’accouchement. La mère peut prendre quelques jours ou quelques semaines avant l’arrivée du bébé, mais sa demande doit être justifiée par un certificat médical.
«Le père, poursuit Adel Ziadi, a droit à deux jours ouvrables, pris dès la naissance, afin de fêter l’événement. Les employeurs sont tenus de donner ces congés et certaines entreprises privées offrent une prime avoisinant les 300$.» Cependant, précise le diplômé, nombreux sont les Tunisiens qui souhaiteraient des congés supplémentaires lorsqu’ils deviennent parents, pour assurer une présence auprès de leur enfant. Ils doivent toutefois le faire à leurs frais. «Ma conjointe ne travaillant pas à l’extérieur, notre couple est moins touché par ces politiques, relate-t-il. Mais cela représente un problème dans plusieurs jeunes familles.» Pour cette raison, le gouvernement considère de possibles réformes. Un projet de loi, notamment, est en cours d’élaboration.
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