Une odyssée extraordinaire
Six amis, dont quatre diplômés, parcourent 1600 km en 65 jours, à pied et en canot, dans le Nord québécois et au Labrador.
Catherine Gagné
Pagayer 600 km dans les fjords longeant la côte du Labrador, admirer les monts Torngat, parmi les plus vieux du monde, partager des moments inoubliables avec les Inuit, découvrir des sites archéologiques jamais répertoriés, affronter des ours polaires. Voilà un résumé de l’expérience extraordinaire vécue à l’été 2018 par six aventuriers, dont les diplômés Guillaume Moreau (Aménagement 2015), Nicolas Roulx (Enseignement secondaire 2017), Charles Fortin (Génie mécanique 2016) et Philippe Poulin (Environnement 2015). En voie d’obtenir sa maîtrise en droit, Sarah-Jeanne Giroux prenait aussi part au défi.
L’un des objectifs de l’expédition AKOR 2018 était de réaliser une recherche scientifique en écologie forestière sur la façon dont les changements climatiques affectent la croissance des arbres dans le Nord. En tout, l’équipe a échantillonné 7 sites sur environ 500 km, prélevant 70 disques de bois d’épinette noire. «Le Nunavik est l’un des territoires qui s’est le plus réchauffé au Canada depuis les années 1990, explique Guillaume Moreau, instigateur du projet. L’endroit était tout désigné pour effectuer des analyses qui nous permettront de mieux prédire comment les écosystèmes situés plus au sud s’adapteront d’ici quelques années.»
Ce fabuleux voyage, qui a bénéficié du soutien de plusieurs partenaires dont l’Université Laval, a également permis à ces explorateurs de partager des moments précieux avec les Inuit, qui subissent déjà les bouleversements climatiques. «Le pergélisol, sur lequel sont bâties leurs maisons, est en train de fondre. Plusieurs bâtiments et routes sont menacés, ce qui engendre une crise de l’habitation, témoigne le diplômé. La chasse et la pêche, qui assuraient jusqu’à récemment une stabilité alimentaire à ces peuples, sont aujourd’hui désorganisées. Malheureusement, les produits en épicerie sont coûteux et souvent pauvres sur le plan nutritionnel.» Autre phénomène: les ours polaires ont commencé à migrer vers le sud. «En trois semaines sur la côte, nous en avons vu plus d’une dizaine, de très près», révèle Guillaume Moreau.
Autre découverte surprenante, celle de sites archéologiques jamais recensés. Il s’agirait de civilisations antérieures aux Inuit qui vivaient dans des campements «naturels» façonnés dans les falaises aux abords de l’océan. «Chaque fois que nous cherchions un endroit où dormir dans ce secteur, nous avons répertorié des outils, des fondations de maison, des ossements humains et des sculptures. Comme la végétation est peu abondante là-bas, elle n’a pas altéré ces vestiges.»
Faire rêver les jeunes
À ce jour, les membres de l’équipe ont donné des dizaines de conférences, principalement dans des écoles secondaires, pour inspirer les adolescents et adolescentes et leur donner le goût de se dépasser. «Notre mission est aussi éducative, car nous souhaitons aider les jeunes à se faire confiance et à réaliser leurs rêves. Nous voulons aussi faire connaître les beautés cachées de notre pays et sensibiliser l’ensemble des citoyens à la fragilité de nos écosystèmes.»
En mars 2021, Guillaume Moreau, Nicolas Roulx et deux de leurs amis se lanceront dans un autre périple: la traversée du Canada de son point le plus au nord, au Nunavut, à son point le plus au sud, en Ontario. C’est donc 8000 km, soit 20% de la circonférence de la Terre qu’ils parcourront en ski, en canot et à vélo, sans interruption durant 7 mois. Pour en savoir plus: expeditionakor.com
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