Migrations internationales
L'aventure migratoire est souvent un parcours à haut risque.
Par Pascale Guéricolas
Dieynaba a six ans et vit à Dakar, au Sénégal. Des passants ont découvert un jour cette fillette bien habillée, serrant sa poupée contre son cœur. Sur elle, aucun papier ni information pour l’identifier. Petit détail: autiste, elle ne parle pas. Professeur de droit public à l’Université virtuelle du Sénégal, Abdou Diop témoigne de la vie de cette enfant sans aucune existence juridique, puisque tous ignorent sa nationalité. «Cela fait 4 ans que des démarches ont été entreprises pour elle, sans succès. L’État sénégalais n’accorde la citoyenneté qu’aux enfants de moins de six mois», poursuit le chercheur, membre de l’Observatoire sur les migrations, l’asile et l’apatridie (OMIRAS) du Centre interdisciplinaire de recherche sur l’Afrique et le Moyen-Orient. Ce diplômé fait partie du comité de recherche de ce regroupement qui s’intéresse aux personnes vivant avec un statut d’apatride. Un million en Afrique de l’Ouest et plus de dix millions à l’échelle mondiale. Cette situation les rend particulièrement vulnérables quand elles se déplacent d’un pays à l’autre.
Ndeye Dieynaba Ndiaye, qui termine sa thèse de doctorat en droit, a eu l’idée de ce regroupement auquel s’associent plusieurs professeurs et chercheurs de l’Université Laval, du Canada et de l’Afrique. L’un des axes de recherche porte sur les raisons qui poussent ces milliers de personnes à quitter leur pays dans des conditions si périlleuses. «Souvent, la vie rêvée, imaginée se termine en cauchemar, constate la juriste. Avec l’OMIRAS, on vise de la recherche-action pour informer les populations sur les pays de destination, trop idéalisés.»
L’Observatoire va également se pencher sur les barrières érigées par certains États à l’extérieur de leur territoire. Par exemple, Frontex, l’Agence européenne de contrôle des frontières, dispose d’un contingent de nombreux garde-côtes et garde-frontières pour mieux contrôler l’accès des étrangers à l’Europe. Ces mesures sécuritaires ont des conséquences sur la criminalisation des migrants irréguliers, des demandeurs d’asile et des réfugiés. Par exemple, certains Africains sont arrêtés pour avoir voulu rejoindre les pays du Nord, et incarcérés dans leur pays d’origine ou de transit, ce qui constitue un autre niveau de risques au parcours migratoire.
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