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Hiver 2020

La pénurie d’enseignants selon trois diplômés à l’étranger

Des diplômés témoignent de la pénurie d'enseignants dans l'État de Californie, en Allemagne et en Chine.

Ces témoignages s’inscrivent dans la suite de l’article Écoles recherchent enseignants.

État de la Californie: souplesse et équilibre
Habitant San Diego en Californie depuis 2012, la chercheuse en neurosciences Kim Doré (Chimie 2003, 2007) est aussi mère de deux filles, dont l’une fréquente depuis cinq ans l’école primaire publique du quartier. Selon son expérience de parent, elle n’a pas l’impression qu’il y a une pénurie d’enseignants. En fait, ce qu’elle a pu observer, c’est plutôt une réorganisation des classes en raison d’un manque d’élèves!

Elle constate également que le travail des enseignants est très valorisé dans la région. «Nous sommes fortement encouragés à participer à la Teacher Appreciation Week. C’est une semaine pendant laquelle les enfants, avec l’aide de leurs parents, font quelque chose de spécial chaque jour pour remercier leurs enseignants.» De plus, les professeurs semblent avoir beaucoup de liberté dans leur façon d’enseigner. «Nous avons eu l’expérience de plusieurs approches pédagogiques au cours des dernières années. J’en conclus que l’école et la commission scolaire valorisent les enseignants et la manière dont ces derniers souhaitent gérer leur travail.»

Enfin, c’est une profession considérée comme difficile à exercer; c’est pourquoi les personnes qui la choisissent sont perçues favorablement, du moins par les autres parents avec qui Kim en a discuté.

Allemagne: un métier difficile d’accès
Maude Robitaille
(Enseignement du français langue seconde 2004) vit à Berlin depuis maintenant neuf ans. Chef du Département des langues à la Berlin Metropolitan School et aussi mère d’un fils de six ans, elle est à même de constater la pénurie d’enseignants dans le système scolaire public allemand.

«Il est plus difficile de devenir enseignant en Allemagne et le processus est beaucoup plus long et compliqué qu’au Québec, ce qui explique que moins de gens se rendent jusqu’au bout. Ils sont nombreux à devoir enseigner des matières pour lesquelles ils ne sont pas qualifiés (comme les langues), ce qui amène une baisse du niveau de qualité de l’enseignement.» Par contre, le travail des enseignants est très valorisé, précise la diplômée. «Ils reçoivent un très bon salaire et ont d’excellents avantages sociaux. Ils ont aussi une sécurité d’emploi à vie lorsqu’ils ont réussi une série d’évaluations. Dans l’ensemble, l’enseignement est perçu comme une profession difficile à cause des conditions de travail et des heures supplémentaires, non rémunérées, qui doivent parfois être faites à la maison. De plus, les élèves sont nombreux dans les classes et il faut parfois enseigner beaucoup plus (alphabétisation, langue allemande, etc.) que la matière au programme pour soutenir les clientèles immigrantes.»

Par ailleurs, mentionne Maude Robitaille, ces professionnels doivent faire face à certains préjugés, dont celui qui veut que les enseignants soient toujours en vacances puisqu’en Allemagne, il y a encore plus de semaines de vacances qu’au Québec. Malgré tout, conclut-elle, on peut dire qu’être enseignant en Allemagne est une profession respectable et respectée, car il n’est pas simple d’y accéder.

Chine: obligation d’annuler des classes
Ayant travaillé pendant près d’un an à titre de directeur à l’International School of Qiushi, une école secondaire située à Kaifeng, en Chine, Maxime Lessard (Éducation physique 2008) relate que la pénurie d’enseignants y apparaissait comme un enjeu. À titre d’exemple, aucun remplaçant n’était disponible. Ainsi, lorsqu’un des titulaires de classe était malade ou devait s’absenter, la classe était tout simplement annulée!

De plus, comme cet établissement offre l’enseignement en anglais, sauf pour les cours de mandarin, les professionnels étrangers avec un accent nord-américain ou britannique y sont très en demande, ce qui représente un défi en matière de recrutement. Par ailleurs, le travail des enseignants est très valorisé en Chine et eux-mêmes sont très fiers de leur profession, témoigne Maxime Lessard. Leur rôle est extrêmement important aux yeux de la population. «Ils reçoivent des cadeaux et se font régulièrement inviter au restaurant par les parents des élèves. Au besoin, un traducteur est fourni à l’enseignant pour communiquer avec les parents. Ces derniers collaborent énormément. Si l’école leur demande de mettre en place des mesures et de faire des suivis avec l’enfant, ils le font sans hésiter.» Le diplômé explique que cette grande collaboration et cette confiance des parents à l’égard de l’école reposent en bonne partie sur l’importance accordée à la hiérarchie et au respect de l’autorité.

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