La violence dans les écoles selon trois diplômées
Des diplômées témoignent du phénomène de la violence dans les écoles en France, aux États-Unis et en Belgique.
Par Eva Canac Marquis Dumas
Ces témoignages s’inscrivent dans la suite de l’article Bâtir des écoles pacifiques.
France: un milieu scolaire mouvementé
Geneviève Boivin (Enseignement secondaire 2001) enseigne au niveau secondaire dans la région de Québec depuis 15 ans. Pour l’année scolaire 2015-2016, la diplômée s’est toutefois déplacée dans le nord de la France, dans le cadre d’un échange professionnel. Elle a alors enseigné dans une école publique de niveau secondaire accueillant des élèves issus de milieux variés. Selon cette mère de deux enfants, le milieu scolaire français est plus mouvementé que celui du Québec: «J’en ai pour preuve ce qui se passait à l’école où j’enseignais, mais aussi à celle que fréquentaient mes enfants. Les relations entre les élèves sont plus physiques, et l’agression, tant verbale que physique, est plus répandue qu’ici.»
L’enseignante souligne cependant que le problème de la violence scolaire est reconnu par les autorités nationales, en France. Elle explique que le gouvernement français rend notamment disponibles, sur le Web et par l’entremise d’une ligne téléphonique gratuite, des ressources concernant le harcèlement dans les écoles. Malgré ce signal donné à l’échelle nationale, Geneviève Boivin a observé que la situation varie grandement d’un établissement à l’autre: «Selon les écoles, le sujet est plus ou moins pris au sérieux et traité plus ou moins efficacement. Là où j’enseignais, le fonctionnement de la “vie scolaire” était déficient et les actions posées, peu utiles dans la plupart des cas. Même si le sujet semble gagner en importance, il reste beaucoup à faire, surtout en ce qui concerne la prévention et la réparation en réponse à l’acte de violence.»
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États-Unis: cyberintimidation et accès aux armes à feu
Aux États-Unis, la violence ne se manifeste pas de la même manière qu’auparavant, croit Sophie Prévost (Administration des affaires 1990; Sciences comptables 1991), éducatrice spécialisée dans une école primaire publique du Massachusetts: «Elle est plus sournoise et, pour les adultes, plus difficile à détecter, car elle se manifeste souvent sur les médias sociaux ou sur le Web. Les jeunes connaissent ce monde virtuel mieux que nous, ce qui complique la prévention et l’intervention auprès d’eux.» La diplômée observe cependant que les commissions scolaires américaines ont commencé à répondre au problème de la cyberintimidation de façon plus directe, en informant davantage les parents et en instaurant des programmes de prévention qui initient les élèves aux bonnes pratiques sur les médias sociaux.
L’accès aux armes à feu est aussi très préoccupant, selon Sophie Prévost. «Des adolescents ont déjà tué des professeurs et des élèves. Le pire exemple reste la fusillade de 2012 à l’école de Sandy Hook, au Connecticut. La communauté a été ébranlée pendant plusieurs mois.» Au cours des dernières années, les écoles ont mis en place des mesures pour contrôler de façon plus sécuritaire l’accès à leurs établissements. «Les enseignants ont des laissez-passer codés et les visiteurs doivent s’identifier, énumère-t-elle. Pour ma part, je suis plus attentive au va-et-vient dans mon école. Si je remarque un adulte qui ne m’est pas familier, je m’assure qu’un membre de la direction a autorisé sa présence.»
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Belgique: le respect au cœur des actions
Enseignante depuis deux ans dans une école primaire de Belgique, Marie-Ève Carpentier (Enseignement au préscolaire et au primaire 2012) est d’avis que la violence scolaire se manifeste partout à travers le monde. À son école, située en plein cœur de Bruxelles, la violence prend différentes formes. «Elle est autant verbale que physique; elle peut avoir lieu entre enfants, entre adultes ou entre adultes et enfants», estime-t-elle.
Pour Mme Carpentier, le développement du vivre-ensemble et du respect est à la base des actions à prendre pour contrer le phénomène. D’ailleurs, des initiatives innovantes gravitant autour de ces notions ont été prises dans son école, notamment la réalisation par les élèves d’une œuvre murale collective, en collaboration avec
un artiste-peintre. Selon la diplômée, cette vision est partagée dans le reste du pays: «Des appels à projet sur la notion du vivre-ensemble abondent. De plus, dès septembre, le cours d’éducation à la citoyenneté sera inscrit à l’horaire.» Marie-Ève Carpentier aime malgré tout travailler dans ce milieu: «Avec beaucoup de volonté et de patience, en nous basant sur des pratiques exemplaires et en prenant conscience des changements nécessaires, nous pouvons créer un climat où les élèves nous apprennent plein de belles choses et en apprennent autant de nous. Le respect, ensemble, j’y crois!»
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