Dans la peau de l’homme préhistorique
Une activité étudiante originale permet de remonter les millénaires et d’enrichir la formation en archéologie.
Par Yvon Larose
Tous les mardis soirs, une dizaine d’étudiants en archéologie s’adonnent à une activité d’un autre âge dans un local du pavillon Charles-De Koninck : ils taillent de la pierre comme le faisaient les hommes de la préhistoire. «Cette activité apporte énormément à la compréhension du matériel archéologique», explique le responsable du Club de taille et étudiant au baccalauréat en archéologie, Pascal St-Jacques. Selon lui, une personne qui a travaillé la pierre saura tout de suite reconnaître les traces diagnostiques d’un éclat sur un terrain de fouille.
Par exemple, Pascal St-Jacques a travaillé l’été dernier sur le site archéologique de Plaisance, dans l’Outaouais québécois. Des Amérindiens occupaient l’endroit il y a plusieurs siècles et les éclats de pierre taillée ont constitué le principal type d’artéfact trouvé par l’équipe de fouilles. «Mes connaissances de la taille m’ont aidé à identifier les types d’éclats, soutient l’étudiant. Il n’y avait que des éclats de finition, d’amincissement. Pas de gros débitage.» Son explication: les occupants n’arrivaient pas sur ce site avec de la matière brute dans le but de fabriquer des objets, comme des pointes de projectile. «Ils les avaient déjà, indique-t-il. Ils les modifiaient, les réaffûtaient.»
Chaque geste compte
Pour tailler la pierre, surtout par percussion, les étudiants se servent de galets comme on en trouve au fond des cours d’eau et de bois de cervidés, très dur. Ce «coffre à outils» s’apparente à celui des hommes préhistoriques. Quant à la pierre à transformer, il s’agit le plus souvent de silex. Les étudiants apprennent à travailler avec différents matériaux selon le résultat recherché. «Le mouvement est important, l’angle de frappe aussi, indique Pascal St-Jacques. La force de l’impact, l’amplitude du geste, l’endroit où frapper: plusieurs variables vont avoir un effet.»
Le responsable du Club de taille s’est découvert un réel intérêt pour cette activité dès son entrée au baccalauréat, intérêt qui s’est depuis transformé en passion. «La préhistoire m’a toujours intrigué au plus haut point, raconte-t-il. Je vois une certaine noblesse dans l’effort de survie. La taille me permet de créer à partir de rien. Elle ne ment pas: on réussit ou on ne réussit pas.»
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