Vaccin: au-delà de l’équité
Dans le contexte actuel, la vaccination des garçons ne constituerait pas une stratégie efficace pour lutter contre le VPH.
Par Jean Hamann
Le VPH compte parmi les infections transmises sexuellement les plus courantes. Certaines formes du virus causent des verrues et des lésions génitales ou anales chez l’homme et chez la femme. D’autres formes sont associées aux cancers du col de l’utérus, de l’anus, du pénis, de la bouche et de la gorge. Depuis 2007, les provinces canadiennes ont implanté un programme de vaccination contre le VPH visant les filles de 9 à 13 ans, soit avant toute infection.
Envoyer un message
Controversée sur plusieurs fronts, la vaccination contre le VPH fait également tiquer pour une raison d’équité: pourquoi vacciner les filles et pas les garçons? Les critiques évoquent notamment la protection des homosexuels et l’importance d’envoyer le message que les deux sexes ont une responsabilité égale dans la prévention des infections.
Marc Brisson, Nicolas Van de Velde, Mélanie Drolet, Marie-Claude Boily, de l’URESP, et Eduardo Franco, de l’Université McGill, ont évalué l’effet de divers scénarios de vaccination grâce au modèle de propagation du VPH qu’ils ont développé. Ce modèle tient compte de nombreuses variables liées à la biologie du virus (probabilité de le contracter, probabilité qu’une lésion évolue en cancer…) et à la dynamique de la sexualité humaine (niveau d’activité sexuelle, nombre de partenaires…). «C’est le modèle le plus complexe sur lequel j’ai travaillé jusqu’à maintenant, souligne Marc Brisson. Il a fallu utiliser les superordinateurs de l’Université Laval et de l’Imperial College de Londres pour effectuer les simulations.»
Un gain de 20%
Les chercheurs ont ainsi chiffré les bénéfices additionnels que procurerait la vaccination d’un pourcentage égal de garçons et de filles. Résultat? Le gain ne serait que de 20% à l’échelle de la population. La vaccination des garçons produirait donc des bénéfices, mais qui ne seraient pas à la mesure des efforts consentis, conclut Marc Brisson. «Il vaudrait mieux augmenter d’un certain pourcentage la couverture vaccinale des filles.» Lorsque celle-ci est élevée, non seulement plus de filles sont immunisées, mais bon nombre de garçons ne contractent jamais le virus.
La vaccination des garçons ne constituerait donc pas la meilleure utilisation des fonds publics disponibles pour contrer le VPH. «La situation pourrait changer si le prix du vaccin diminuait, précise toutefois le chercheur. Nous tentons présentement d’établir à partir de quel coût la vaccination des garçons serait fondée, d’un point de vue populationnel.»
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