L’avenir des bibliothèques selon trois diplômés
L'adaptation aux nouvelles technologies à la bibliothèque du Vatican et dans deux bibliothèques scolaires ontariennes ainsi qu'un projet imaginatif de bibliothèque du futur.
Par Isabelle Bureau-Carrier
Les origines de la bibliothèque du Vatican, rappelle Timothy Janz (Civilisations anciennes 1989; Études anciennes 1990 et 1993), se situent précisément au moment où s’imposait une nouvelle technologie, celle de l’imprimerie. Aujourd’hui, la Vaticane où le diplômé travaille comme conservateur de manuscrits grecs est surtout connue pour ses collections de manuscrits et d’imprimés du 15e siècle. Pour affronter le défi de l’ère numérique, la bibliothèque du Vatican s’engage aujourd’hui dans un vaste programme de numérisation qui rendra une partie importante de ses collections accessibles par Internet.
«Les grands projets de numérisation de livres, par exemple Google Books ou HathiTrust, visent surtout des imprimés dont les exemplaires sont identiques, ce qui n’est pas toujours le cas ici, rappelle-t-il. À la Vaticane, les parties les plus précieuses et importantes des collections sont constituées de pièces uniques, notamment de manuscrits, dont l’intérêt ne se limite pas aux œuvres qu’elles transmettent. Cet intérêt s’étend aussi aux variantes, aux annotations, aux éléments artistiques qui accompagnent souvent le texte, de même qu’au support lui-même. Cela impose une numérisation intégrale et de haute qualité.» Il s’agit donc d’une numérisation coûteuse et qui doit se faire au fur et à mesure que les fonds nécessaires deviennent disponibles.
À long terme, Timothy Janz croit qu’il y aura sans doute une diminution de la consultation des livres en salle de lecture. «C’est un avantage du point de vue de la conservation, mais cela ne devrait tout de même pas rendre caduque la bibliothèque elle-même comme lieu de consultation, puisque l’étude des manuscrits “virtuels” ne pourra jamais remplacer entièrement celle des objets eux-mêmes: il s’agit plutôt de deux approches complémentaires», conclut-il.
Favoriser l’accès aux nouvelles technos
Amanda Halfpenny (Études littéraires 2005) croit que les deux bibliothèques en milieu scolaire francophone de l’Ontario où elle travaille s’adaptent bien à l’ère numérique. Dans l’école primaire comme dans l’école secondaire, les priorités de ces bibliothèques sont d’aider les enfants à développer le goût d’apprendre, et d’enseigner les bonnes méthodes de recherche.
«Nous acceptons que les ressources utilisées pour trouver de l’information changent, témoigne-t-elle. Par conséquent, en plus d’encourager la recherche faite dans les livres, nous montrons les bonnes méthodes de recherche sur Internet et dans des bases de données.» Ces démonstrations font elles-mêmes appel à de nouveaux outils qu’apprécie la bibliothécaire, par exemple les tableaux interactifs.
Travaillant beaucoup en milieu défavorisé, la diplômée est préoccupée par le manque d’accès aux nouvelles technologies: beaucoup de parents n’ont pas les moyens d’avoir ordinateur et branchement Internet à la maison. Leurs enfants seront désavantagés dans un monde où le succès dépend de notre facilité à utiliser les technologies numériques», dit-elle.
Malgré l’environnement numérique dans lequel baignent les jeunes, ceux-ci aiment encore la lecture, et ce goût passe toujours par des livres, assure Mme Halfpenny. Il faut simplement les stimuler en utilisant les moyens de communication qui leur sont familiers. La page Facebook des écoles est d’ailleurs utilisée par les bibliothèques pour promouvoir des nouveautés et annoncer des concours.
La bibliothèque du futur, sans contraintes
Aujourd’hui copropriétaire d’un bureau d’architectes, Olivier Bourgeois (Architecture 2004 et 2006) a eu la chance d’étudier à Copenhague, au cours de l’année 2004. Dès le début de sa session dans la ville danoise, il a participé à un atelier doublé d’un concours où il a pu imaginer la bibliothèque du futur. Seule contrainte: le projet devait entrer dans un cube de 30 m sur 30 m. «Je me suis joint à une équipe de Danois et j’ai légèrement bousculé leur façon de travailler en proposant des idées ludiques et quelques images virtuelles futuristes», raconte le diplômé. Combinée au recours à des technologies interactives et à la réalité virtuelle, cette approche a valu à l’équipe de remporter haut-la-main le concours avec son Cube of Knowledge.
«Le visiteur y était constamment en contact avec des écrans tactiles, stimulé par ce flux d’information et par les projections. Les surfaces animées semblaient en mouvement, mais leur transparence laissait entrevoir le paysage extérieur. L’usager pouvait cependant trouver ses repères, puisque le cube était divisé en quatre grandes zones bien distinctes et perceptibles même de l’extérieur: l’aire de rassemblement, les classes d’enseignement, le tronc de la connaissance et les cellules d’isolement», explique l’architecte. Des hologrammes, reconnus sous le nom de Dr Know, déambulaient à travers les humains et avaient réponse à toutes les questions.
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