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Hiver 2012

Une bibliothèque pour le 21e siècle

La première étape des rénovations de la bibliothèque démontre de façon spectaculaire ce que sera cet espace consacré au savoir.

Photo Marc Robitaille

Oubliez les rayons de livres à perte de vue et les zones de travail exiguës. Inauguré cet automne après d’importants travaux de rénovation, le 4e étage de la Bibliothèque des sciences humaines et sociales du pavillon Jean-Charles-Bonenfant a une tout autre allure: on a cherché à en faire un espace ouvert et accueillant. Lumière, couleurs, technologie et facilité d’accès aux documents en font déjà un carrefour populaire au-près des étudiants.

Et ce n’est qu’un début. D’ici 2016, des investissements de 85 M$ auront amené toute la Bibliothèque du Bonenfant en mode 21e siècle. Ce réaménagement majeur d’un étage par année en fera un lieu qui répond aux besoins actuels de l’enseignement et de la recherche universitaires. «Nous en sommes arrivés à un modèle qui permet d’articuler les enjeux actuels et les contraintes d’un édifice construit en 1968: nous avons pu concilier l’idéal et la réalité», considère Silvie Delorme, directrice générale de la Bibliothèque.

À l’origine, cet équipement a été conçu, pour abriter des rayons de livres auxquels les usagers n’avaient pas un accès direct. Les employés recevaient les demandes au comptoir de prêts et faisaient circuler les ouvrages par convoyeur pneumatique. Le modèle n’a toutefois pas résisté aux revendications des étudiants, dans les années 1970, et tous les étages ont bientôt été ouverts aux usagers.

Le projet actuel pousse la logique beaucoup plus loin, surtout au 4e étage où se trouvent les collections de cinéma et de musique. Désormais, on peut non seulement y consulter des livres, mais aussi y écouter une œuvre musicale ou regarder un DVD sans contrainte. Et pour sortir un document, les emprunts peuvent se faire sur l’étage même. «En moins de 45 ans, note la directrice, nous sommes passés d’une bibliothèque traditionnelle et contrôlée à un espace actuel, en mode libre accès et service à tous.»

Un lieu invitant
Ce réaménagement du 4e étage a fait naître de nouveaux lieux lumineux favorisant l’étude. On a réservé le pourtour fenestré pour les espaces de travail afin d’offrir une vue sur l’extérieur. «Pour contrer l’effet des plafonds bas, nous avons travaillé à créer une impression de vaste espace», relate Silvie Delorme. En matière d’ergonomie, tout le mobilier a été choisi puis testé en fonction du confort des usagers. On compte désormais 630 places assises, auxquelles s’ajoutent des salles de travail d’équipe, de formation et de projection.

Cet étage regroupe les collections de cinq disciplines: éducation et didactique, géographie, musique, histoire de l’art et cinéma. Chacune forme en quelque sorte un îlot riche de documents et se repère facilement par son propre code de couleur. Pour chaque collection, l’étudiant trouve de l’aide auprès des techniciens et conseillers à la documentation qui ont des bureaux à proximité. Seuls les livres rares sont encore conservés et consultés dans un local fermé.

Avec la rénovation, la technologie a pris plus de place sur tout l’étage. Par exemple, les usagers disposent maintenant de multiples branchements électriques pour leurs portables –et comme partout sur le campus, les connexions sans fil à Internet sont possibles. La zone musique offre des bulles d’écoute. Le secteur cinéma comprend des postes de visionnement. Le Centre GéoStat possède des équipements de pointe pour consulter, numériser et imprimer des cartes, et pour traiter des données statistiques et géospatiales. Les locaux destinés aux travaux d’équipe sont dotés de tableaux interactifs.

En plus de sa part de technologies et de milliers d’ouvrages spécialisés, l’îlot réservé à l’éducation et à la didactique possède une collection de 30 000 livres pour enfants: romans, contes, poésie, etc. Constitué par une professeure de la Faculté des sciences de l’éducation décédée en 2010, Charlotte Guérette, ce patrimoine représente la plus grande collection francophone de littérature d’enfance et de jeunesse en milieu universitaire.

C’est d’ailleurs en puisant dans cette vaste collection que des étudiants de la Faculté des sciences de l’éducation se familiarisent avec l’animation d’activités de lecture en recevant des groupes d’enfants. Ils disposent pour ce faire d’un local bien adapté, baptisé Charlotte-Guérette. «Les activités qui s’y tiennent cadrent bien dans nos objectifs de faire de la Bibliothèque un trait d’union entre l’Université et la communauté, signale Silvie Delorme. Cela ancre la Bibliothèque dans l’enseignement et prolonge le lieu d’apprentissage.»

Tous ces aménagements rendent le 4e étage si attrayant que sa fréquentation a été spectaculaire cet automne, avec des pics de 4000 usagers par jour. Pour la directrice, il importait de créer un espace dans lequel on se sent bien, où l’on se sent inspiré et où l’on a envie de rester. Bref, créer un espace savant métamorphosé qu’on ne veut plus quitter. «Je crois que la réalité reflète bien nos intentions de départ», estime Mme Delorme.

Cette conviction est partagée par divers spécialistes puisque le tout nouveau 4e étage a reçu cet automne une mention honorifique du prix Architecture 2011 de bibliothèques et de centres d’archives du Québec. La Bibliothèque partage cet honneur avec les firmes Bélanger, Beauchemin, Morency Architectes et Urbaniste, et Anne Carrier Architecte, qui ont pris part au projet.

Valoriser les collections
Abriter et conserver les documents sur différents supports reste au cœur de la mission de la Bibliothèque. Au fil du temps, les bibliothécaires ont développé une collection reconnue dans chaque secteur d’expertise. Et le réaménagement permet une nouvelle mise en valeur de ce savoir en faisant cohabiter harmonieusement usagers, services et collections. «Nous avons voulu remettre l’humain et les services autour de chaque collection pour amener les étudiants à s’y retrouver plus facilement et à en faire usage», témoigne Silvie Delorme.

Au bas mot, la grande collection de la Bibliothèque représente le quart de la valeur assurable de l’Université. Elle se présente sous une forme numérique ainsi que sur différents supports (papier, disque, pellicule). «Notre budget annuel d’acquisition est de 12 M$, qui se répartit de manière égale entre le contenu numérique et celui sur supports physiques, rapporte Mme Delorme. Sur 10 ans, on parle donc de 60 M$ de nouveaux livres, revues, cartes, CD et autres. Si les étudiants ne fréquentent pas la bibliothèque, ils n’utiliseront jamais tous ces ouvrages!»

Pour encourager les étudiants à découvrir et consulter davantage la collection non numérique propre à leur discipline, Silvie Delorme et son équipe établissent différentes stratégies en collaboration avec les facultés et les professeurs. De plus, une exposition en cours et différentes activités d’animation prévues au calendrier de l’hiver visent à «donner une âme au contenu et à soulever l’intérêt des étudiants».

Dans un futur rapproché
Ce vaste projet de réaménagement se poursuivra jusqu’en 2016. Au cours de ces quatre années, tous les étages seront complètement réorganisés et les trois dômes installés sur le toit seront enlevés. «Il faut revoir l’ensemble et surtout l’entrée qui ne sera plus à l’étage», précise la directrice. C’est au rez-de-chaussée que se concentreront l’accueil et l’orientation des visiteurs. Quant au sous-sol, on y annexera une nouvelle construction de 2100 m2, dotée d’un toit végétal, afin d’y mettre en réserve les documents les moins consultés, à mesure qu’on aura cherché à gagner de l’espace sur chaque étage. «Pour décider du contenu de ce centre de conservation, les conseillers à la documentation ont collaboré avec les professeurs», spécifie Mme Delorme.

À la fin, on aura réussi à rendre tout le pavillon conforme aux nouvelles règles du Code du bâtiment et à conserver l’enveloppe d’un bâtiment représentatif de son époque tout en métamorphosant l’intérieur. À lui seul, le grand achalandage qui se manifeste déjà au 4e étage récompense les efforts et s’avère de bon augure pour les réalisations futures.

Plus encore, Silvie Delorme souhaite que les diplômés osent se réapproprier la Bibliothèque qu’ils ont fréquentée pendant leurs études. Chacun peut ainsi avoir accès à une riche collection. Et sur présentation de la Carte partenaire de l’Association des diplômés, un rabais de 50% est accordé sur le tarif d’abonnement à la Bibliothèque. L’invitation est lancée!

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Lire le témoignage de diplômés de l’Université sur la modernisation des bibliothèques où ils travaillent comme conservateur de manuscrits grecs (Vatican) et comme bibliothécaire (en milieu scolaire ontarien) ainsi que sur un projet architectural de bibliothèque du futur.

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