Se défendre par le sommeil
L’insomnie accroît les risques d’infection chez les personnes atteintes de cancer.
Par Jean Hamann
Les personnes atteintes de cancer sont plus susceptibles de contracter une infection si elles souffrent d’insomnie. Voilà ce que démontre une équipe de l’École de psychologie et du Centre de recherche du CHU de Québec dans un récent numéro de la revue Health Psychology. L’insomnie pourrait donc accroître les risques de complications chez ces personnes dont la santé est déjà mise à rude épreuve par la maladie.
Sophie Ruel, Josée Savard et Hans Ivers ont examiné le lien entre l’insomnie et le système immunitaire grâce au concours de 962 personnes qui s’apprêtaient à recevoir des traitements pour un cancer sans métastase. Les chercheurs ont ciblé ce groupe de personnes pour deux raisons: «L’insomnie compte parmi les problèmes les plus fréquents rapportés par les patients atteints de cancer, signale Josée Savard. Dans une étude antérieure, nous avons montré que 59% rapportent des symptômes d’insomnie pendant la période périopératoire. De plus, les personnes atteintes de cancer qui reçoivent de la chimiothérapie ont déjà un fonctionnement immunitaire altéré. Un effet immunosuppresseur additionnel associé à l’insomnie pourrait augmenter le risque de complications.»
À 6 reprises sur une période de 18 mois, les participants à l’étude devaient remplir un questionnaire sur la qualité de leur sommeil et informer les chercheurs des infections de toute nature qu’ils avaient contractées. Il pouvait s’agir d’un rhume, d’une grippe, d’une infection urinaire, d’une gastroentérite ou même d’une poussée d’herpès. L’idée était de mesurer l’incidence des infections qui avaient déjoué les défenses naturelles de l’organisme.
Les données recueillies par les chercheurs indiquent que 80% des sujets ont eu au moins une infection pendant la durée de l’étude. Le risque d’infection était, en moyenne, 31% plus élevé chez les participants qui présentaient un trouble d’insomnie que chez les bons dormeurs. Ces analyses tiennent compte des autres variables qui peuvent influencer le taux d’infection, par exemple le type de cancer, l’âge, le métier et les habitudes de vie en lien avec la santé.
«Chez les personnes traitées pour un cancer, l’insomnie est associée à un risque d’infection plus élevé», résume la professeure Savard. Cette conclusion suggère qu’on pourrait réduire les risques d’infection chez ces personnes en aidant celles qui font de l’insomnie à retrouver un bon sommeil. Le traitement cognitivo-comportemental contre les troubles du sommeil mis au point à l’École de psychologie a déjà fait ses preuves dans la population en général et auprès des personnes atteintes de cancer. Par contre, aucune étude n’a encore testé l’effet de cette intervention sur le risque d’infection.
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