5 croyances sur les produits laitiers
La méfiance règne à l’égard du lait et du fromage, deux sources importantes de calcium.
Par Louise Desautels, en collaboration avec l'INAF
«M’alimenter à la mamelle d’une vache nourrie aux antibiotiques? Jamais!» Lorsqu’il s’agit de faire image, ceux qui boudent le lait ne manquent pas de formules-chocs, tant autour de la table familiale que dans les médias sociaux. Et ils sont nombreux. Au Canada, deux adultes sur trois ne consomment pas les quantités de produits laitiers recommandées par le Guide alimentaire canadien, soit deux à quatre portions par jour.
Pourquoi? Voici cinq croyances qui alimentent la méfiance des consommateurs, telles qu’établies par une équipe de chercheurs de l’Institut sur la nutrition et les aliments fonctionnels (INAF) dirigée Véronique Provencher, professeure à l’École de nutrition, et comprenant Marie-Josée Lacroix, Mylène Turcotte, Sophie Desroches, Geneviève Painchaud-Guérard, Paul Paquin et François Couture. En 2013, ces chercheurs ont mené une enquête auprès de 161 adultes répartis en 4 groupes de discussion, à Québec, Montréal et Toronto. À chacune de ces cinq croyances, l’équipe a associé pour Contact certains travaux menés à l’Université Laval ou dans d’autres établissements reconnus.
1. Le lait et le fromage font engraisser
Plusieurs études défont ce mythe. L’une d’elles a été réalisée par Angelo Tremblay, professeur à la Faculté de médecine. Le chercheur a observé que, dans le cadre d’une alimentation réduite en calories, une consommation de deux à quatre portions de produits laitiers par jour aide à prévenir le gain de poids et peut même mener à une perte de poids. Au contraire, lorsque consommé en excès, le fromage peut entraîner une prise de poids, ainsi que de l’hypertension et des maladies coronariennes, à cause de sa forte teneur en sel et en gras.
2. Ce sont des aliments riches en gras
Effectivement, les produits laitiers contiennent différents types de matière grasse, dont des gras saturés et des gras trans. Cependant, les dangers associés aux gras font depuis quelque temps l’objet de débats scientifiques. Par exemple, après avoir passé en revue les résultats d’un grand nombre d’études, Benoît Lamarche, professeur à l’École de nutrition, conclut que les gras saturés provenant des fromages n’ont pas le même effet nocif sur l’humain que ceux qui proviennent d’autres sources. Une piste d’explication: l’action simultanée d’autres composantes du fromage (protéines, vitamines, minéraux et bactéries).
3. Ils contiennent des hormones artificielles et des antibiotiques
Faux, du moins au Canada. La vente et l’utilisation d’hormones de croissance artificielles pour stimuler la production laitière des vaches sont formellement interdites au pays. Le recours à l’une de ces hormones de synthèse, la somatotrophine recombinante (STbr), est légale aux États-Unis et ailleurs dans le monde, mais pas au Canada. Le lait vendu aux consommateurs doit également être exempt d’antibiotiques. Yvan Chouinard, professeur à la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, rappelle que si une vache malade est traitée à l’aide d’antibiotiques, son lait est alors jeté. À son arrivée à l’usine, le contenu de chaque camion citerne est analysé afin d’assurer qu’on n’y trouve aucune trace de médicaments.
4. Ils sont surtout importants pour les enfants
Erreur! Quel que soit l’âge ou le sexe, la vitamine D et le calcium sont essentiels à la santé des os, et le lait constitue une excellente source des deux éléments. Même s’ils cessent de croître à l’approche de l’âge adulte, les os restent des tissus vivants et actifs; ils se décomposent et se reconstituent au gré des besoins de l’organisme. De plus, la masse osseuse de base se construit jusqu’à la fin de la vingtaine. Un apport adéquat en calcium et en vitamine D par l’alimentation est donc essentiel pour que l’organisme n’ait pas à puiser dans les réserves osseuses et garde ainsi des os solides, a notamment démontré Connie M. Weaver, professeure à l’Université Purdue (Indiana).
5. Ils se digèrent difficilement
Mmm, voyons voir… La prévalence de l’intolérance au lactose dans la population varie beaucoup d’une étude à l’autre, en partie parce que le concept d’intolérance n’est pas bien défini. Des études récentes menées auprès de 3543 adultes par l’équipe de Theresa Niklas, professeure au Baylor College of Medicine, de Houston (Texas), révèlent qu’une partie des individus qui se perçoivent comme intolérants digèrent pourtant bien le lactose. Ces personnes ont banni les produits laitiers de leur alimentation, s’exposant à des carences en éléments nutritifs, particulièrement le calcium et la vitamine D.
Publié le 11 mars 2015 | Par Mathieu
Par exemple, l'article cité au point 5 provient de DairyNutrition.ca: http://www.dairynutrition.ca/symposium/2011/contribution-of-dairy-to-nutrient-adequacy-and-health
Publié le 6 mars 2015 | Par Héloïse Veillette
Publié le 4 mars 2015 | Par Normande
Publié le 21 février 2015 | Par Christian Piau
Publié le 18 février 2015 | Par Claudette Gauthier
Publié le 15 février 2015 | Par Gale West
Les expériences de quelques personnes ne devraient pas devenir la règle pour la masse critique de la population. Le lait et les produits laitiers sont normalement très bons pour la santé. Si dans Google Science vous tapez les noms des scientifiques mentionnés dans cet article, vous trouverez des articles scientifiques publiés dans des revues scientifiques de très haute qualité.
Publié le 15 février 2015 | Par Louise Desautels
Un mot pour vous signaler qu'il s'agit d'un article de vulgarisation paraissant dans un magazine d'intérêt général, et non d'un article scientifique comme on en trouve dans les revues savantes –qui comporte alors des références bibliographiques... Par contre, au fil de l'article de Contact, vous verrez les noms des chercheurs concernés.
Publié le 15 février 2015 | Par Luc
Publié le 14 février 2015 | Par helene Bedar
chers chercheurs,
Je vous remercie de l'article qui démystifie, comme vous le dites si bien, plusieurs mythes qui nuisent aux bons choix d'une bonne alimentation.
Famille «d'athlètes» (soccer et course), le lait (au chocolat, amandes ou autre) fait partie de notre alimentation malgré les sourcils froncés ou les commentaires (désobligeants ou non) de notre entourage.
Merci énormément!
Hélène, mon époux et «ma troupe de 4 jeunes adultes»
Publié le 14 février 2015 | Par Jean-Marc Fournier
Publié le 13 février 2015 | Par Annette Côté
Le geste que j'ai posé par la suite est très révélateur du changement qui s'est opéré en moi: j'ai enlevé le Guide alimentaire canadien qui trônait sur la porte de mon réfrigérateur et je l'ai jeté à la poubelle. J'ai quand même recommencé à consommer des produits laitiers par la suite, mais jamais autant que le recommande le Guide alimentaire, et pas chaque jour non plus.
Il y a une vingtaine d'années, j'ai subi une très grosse opération à un genou, dans un hôpital spécialisé en orthopédie: le tibia et le fémur ont été perforés pour y faire passer un tendon. Jamais une diététiste n'est venue me voir pour vérifier si je consommais les quantités de produits laitiers recommandées par le Guide alimentaire. Les seules recommandations que l'on m'a faites avaient trait à la marche quotidienne et aux exercices de réadaptation pour retrouver la force et la souplesse du genou. En cela, l'équipe orthopédique m'envoyait le même message que Goodhart and Shils des années auparavant: c'est le travail contre l'attraction gravitationnelle qui permet au squelette de se garder en santé. Les astronautes qui passent de longs mois en apesanteur dans la station orbitale en donnent la preuve irréfutable à leur retour sur terre. Les malades grabataires sont eux aussi constamment en apesanteur dans leur lit. S'ils ont le malheur de faire une chute et de subir des fractures, ces fractures ne guérissent jamais, même si on les gave de produits laitiers, de calcium et de vitamine D.
Lors de ma ménopause, j'ai commencé à souffrir de bouffées de chaleur. J'ai alors troqué le lait de vache pour le lait de soya. Après quelques semaines, mon problème s'est résorbé jusqu'à disparaître complètement. Les femmes asiatiques ne connaissent pas les bouffées de chaleur, car elles bénéficient quotidiennement des phyto-estrogènes du soya, même en très petite quantité. J'ai même discuté avec mon médecin qui voulait me prescrire des hormones de substitution ou du calcium et de la vitamine D pour éviter l'ostéoporose: j'ai refusé et les hormones, et le calcium. Cela fait plus de 10 ans et je ne crains pas l'ostéoporose. Des radiographies récentes ont montré des os en excellente santé et qui ne trahissent pas du tout mon âge: je suis dans la soixantaine.
La Nature est la meilleure école que l'on puisse trouver. Le lait maternel est un aliment temporaire: tous les petits des mammifères en boivent jusqu'à ce que leur système digestif et leurs dents soient capables d'accepter autre chose. Lorsque la mère procède au sevrage de son ou de ses petits, ils ne boivent plus jamais une goutte de lait, car ils sont alors capables de s'alimenter eux-mêmes. Dans la nature, les mammifères qui deviennent incapables physiquement de se déplacer pour chasser finissent par mourir de faim.
Personnellement, je considère le lait et le fromage comme de bonnes sources de protéines. Pour la santé osseuse, je songe aux activités physiques, surtout celles qui me permettent de contrer l'attraction gravitationnelle. Souvenez-vous de Julie Payette au retour de son 1er séjour de 10 jours dans l'espace. Quelques jours plus tard, la télévision d'État a présenté une émission spéciale à laquelle des enfants de tout le pays participaient et lui posaient des questions (préparées à l'avance pour eux). Une petite fille lui a demandé ce qu'elle ferait pour compenser la perte osseuse qu'elle avait subie (1%) dans l'espace. Julie Payette lui a répondu: «Je vais marcher beaucoup et faire beaucoup d'exercices». 1% en 10 jours, cela peut paraître très peu, mais cela représente le tiers de la masse osseuse au bout d'une année. Les spécialistes de la NASA savent parfaitement qu'aucun astronaute ne pourrait faire un aller-retour vers Mars sans faire d'exercice physique pendant plusieurs heures chaque jour, dans le vaisseau spatial. Imaginez un voyage de 30 mois... Ce ne sont pas les suppléments de calcium ni le lait qui feraient une différence!
Merci de m'avoir lue jusqu'au bout.
Annette Côté, M. Sc., Nutrition en santé communautaire
Université Laval (1983)
Publié le 13 février 2015 | Par Claire Dubé
Félicitations.
Publié le 13 février 2015 | Par Murray Henley
https://www.youtube.com/watch?v=jqMSi3qQBRY
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