Bien branchés sur la société
Plongés dans leur session, entre travaux, nuits blanches et examens, les étudiants trouvent malgré tout du temps pour l’implication sociale.
Par Matthieu Dessureault
David Drouin fait partie de ces passionnés qui carburent à l’engagement leur société. Déjà à 17 ans, il était bénévole pour différents organismes et partageait son amour de la science par l’entremise de projets de vulgarisation. Malgré son jeune âge, il en connaissait un rayon sur la recherche, s’intéressant particulièrement aux traitements complémentaires à la médecine traditionnelle contre les infections bactériennes. Ses travaux, réalisés au laboratoire de son cégep, ont rendu possibles des avancées majeures dans le domaine biomédical. Sans surprise, ce jeune surdoué est aujourd’hui étudiant en médecine, programme où il a été admis en 2013, alors qu’il avait 19 ans.
Compte tenu de son horaire chargé à l’Université, on pourrait penser que l’étudiant a mis de côté ses engagements sociaux. Ce serait bien mal le connaître. David Drouin est notamment bénévole dans un hôpital gériatrique, cofondateur d’un organisme qui apporte du soutien aux moins nantis et responsable d’un groupe de promotion des carrières en recherche. Il fait également partie de comités de prévention en santé publique, en plus de donner régulièrement des conférences sur la science, dans les écoles. «Mon but, dit-il, c’est de montrer aux jeunes qu’ils peuvent s’impliquer dès le secondaire ou le cégep. Il suffit de commencer quelque part. Si chacun partageait ses compétences et ses passions avec les autres, on vivrait dans une société beaucoup plus équilibrée.»
À l’instar de David Drouin, de nombreux étudiants multiplient les engagements durant leur formation. Leurs motivations? Elles sont diverses. Premièrement, l’implication sociale constitue un excellent moyen d’obtenir de l’expérience de travail: c’est connu, on acquiert de nouvelles compétences en effectuant de nouvelles tâches. Le fait de s’impliquer dans la collectivité permet aussi de confirmer –ou d’infirmer– un choix de carrière. Les étudiants peuvent, par exemple, y rencontrer des mentors qui leur donneront de précieux conseils. Par-dessus tout, ceux qui s’engagent ont l’occasion de mettre de l’avant des valeurs qui leur tiennent à cœur. «L’implication sociale se fait au nom de la conception du juste et du bien, explique Daniel Mercure, professeur au Département de sociologie. De façon plus générale, elle permet de développer des habiletés techniques et d’élargir son réseau.»
Selon cet expert en sociologie du travail, l’implication n’a que des bons côtés quand vient le temps de se chercher un emploi. «Nous sommes dans une société de services, où la polyvalence et les habiletés relationnelles sont devenues très importantes. Les employeurs recrutent de plus en plus en fonction des aptitudes, plutôt que sur la base de l’expérience ou des connaissances: l’autonomie, le sens des responsabilités, le leadership, une capacité d’adaptation aux situations diverses, etc. Ces compétences, on ne les développe pas dans une salle de classe, mais en étant impliqué dans un milieu.»
Un terreau fertile
S’impliquer, d’accord, mais où trouver des occasions pour le faire? Chose certaine, l’Université Laval est un terreau très fertile, comme le démontrent de nombreuses initiatives. Une variété de possibilités s’offre dans plusieurs regroupements, qu’il s’agisse de groupes environnementaux, politiques et religieux, ou encore d’organismes d’aide humanitaire. Au total, on compte plus de 240 associations étudiantes qui œuvrent dans des domaines aussi variés que le droit, la santé et la culture. Afin d’encourager l’engagement social de ses membres, l’Université a mis en place différents programmes et activités de reconnaissance, dont le Gala de la vie étudiante et le Programme de bourses de leadership et développement durable. «L’institution offre un bon soutien et plusieurs ressources pour qui veut s’impliquer; les intervenants que j’ai rencontrés jusqu’à maintenant ont démontré une grande ouverture à la mise sur pied de nouvelles initiatives», remarque David Drouin, dont l’implication a d’ailleurs été récompensée à moult reprises.
Florence Piron, professeure au Département d’information et de communication, partage cette idée. Pour elle, l’engagement social est au cœur de la mission de l’établissement: «Une université est un lieu où l’on réfléchit et où l’on apprend. Elle porte la responsabilité sociale de partager son savoir avec la communauté où elle est ancrée.» C’est dans cette optique que la professeure a fondé Accès savoirs, un organisme d’échange de connaissances entre le campus et la collectivité. Inspiré d’un concept européen, Accès savoirs réalise des jumelages entre des étudiants et des besoins réels exprimés par des organisations à but non lucratif de la région de Québec. Intégrées dans un plan de cours pertinent, ces demandes visent, par exemple, à concevoir un site Internet, à réaliser un plan de communication ou à faire une étude de marché.
Enraciner l’engagement sur le campus
Depuis la création d’Accès savoirs, plus de 660 étudiants répartis dans 8 facultés ont mené à terme une centaine de mandats, aidant ainsi 72 organismes. Parmi ceux-ci se trouvent, entre autres, des centres résidentiels et communautaires, des coopératives et des conseils de quartier. «Les projets d’intervention dans la communauté enrichissent l’apprentissage des étudiants, qui peuvent ainsi connaître de nouveaux milieux de vie et découvrir d’autres réalités, note Florence Piron. Il ne s’agit pas pour eux d’appliquer mécaniquement des connaissances. Les participants font appel à leur imagination. C’est très stimulant.»
Autre initiative à souligner: le Carrefour de l’engagement et de l’entrepreneuriat social. Conçu par le Service de placement de l’Université Laval (SPLA) et en voie d’être réalisé, ce projet permettra d’enraciner davantage l’implication sociale sur le campus. «Il découle d’Horizon 2017, qui présente les grandes orientations institutionnelles, précise Richard Buteau, directeur du SPLA. Parmi ces orientations, il y a l’objectif de valoriser l’engagement et l’apport des membres de la communauté et d’accroître la notoriété de l’Université en ce sens. La direction porte cette volonté d’être un acteur important dans la vie culturelle, sociale et économique de la région.» À ce titre, plusieurs composantes universitaires, incluant les associations étudiantes CADEUL et ÆLIÉS, ont fait le choix de se joindre au projet afin de valoriser, promouvoir et stimuler l’implication parmi les membres de la communauté universitaire. Un plan d’action sera bientôt déposé auprès de la direction de l’Université.
Toujours plus d’engagement en vue!
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Grand rendez-vous alimentaire
Plus grand salon étudiant en Amérique du Nord, celui de la Semaine de l’agriculture, de l’alimentation et de la consommation (SAAC) fait découvrir à la population le secteur agroalimentaire sous toutes ses formes. La tenue de ce salon année après année, pendant trois jours, repose entièrement sur les épaules d’étudiants de la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation. En janvier dernier, l’activité qui s’est déroulée au Centre de foires d’ExpoCité, à Québec, a soufflé ses 41 bougies. «L’alimentation est un sujet d’actualité important, mais tout le monde n’a pas le savoir nécessaire pour se forger une opinion, indique Cassandra Rouleau, étudiante au baccalauréat en sciences et technologie des aliments et présidente de la SAAC. Le salon est l’occasion pour les étudiants de présenter les recherches qui se font à l’Université, de vulgariser les connaissances scientifiques et techniques pour faire le pont entre les professionnels et le public.»
L’an dernier encore, les quelque 22 000 visiteurs en ont eu beaucoup à se mettre sous la dent. Si les enfants étaient surtout attirés par les animaux de ferme, les plus vieux ont découvert différents projets de recherche dans les kiosques d’information. Ils ont aussi assisté à une série de conférences sur des sujets liés à l’agroalimentaire et à la consommation. Au menu également, des ateliers culinaires, des dégustations et plusieurs activités axées sur la prise de décision éclairée en matière d’alimentation. La programmation avait été conçue en collaboration avec les principaux intervenants du milieu, dont Agriculture et Agroalimentaire Canada, l’Union des producteurs agricoles et Les producteurs de lait du Québec. Le porte-parole de cette 41e édition était La Tablée des chefs, un organisme qui fournit des repas aux gens dans le besoin et qui se consacre à l’éducation culinaire des jeunes.
Une telle activité rassembleuse, faut-il le préciser, demande toute une orchestration. Fruit des efforts de plus de 300 étudiants bénévoles, le salon de la SAAC se prépare plusieurs mois d’avance. Dès avril, le comité d’organisation nouvellement formé prépare la prochaine édition. Soutenu au besoin par la Faculté des sciences de l’agriculture et de l’alimentation, il gère tous les volets de l’activité, de son financement à la promotion. Une belle façon pour ces étudiants de développer leur sens des responsabilités et leurs capacités de leader. «C’est très formateur, croit Cassandra Rouleau. Tout au long de l’année, chacun des membres améliore ses habiletés. En tant que présidente, j’ai appris énormément, que ce soit en gestion ou dans mes relations avec les professionnels. Je serai mieux préparée lorsque j’arriverai sur le marché du travail.»
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Donneurs d’espoir ici et en Afrique
Il y a quelques années, Geneviève La-roche effectuait un stage de maîtrise en agroforesterie à Ngozi, au nord du Burundi. Elle ignorait que ce séjour dans l’un des pays les plus pauvres du monde changerait sa vie. Qu’elle y ferait la rencontre de Diomède Niyonzima, devenu depuis son mari et le père de ses enfants. C’est avec lui qu’elle a fondé Kira Burundi en 2012, un organisme qui vient en aide aux jeunes de la rue de Ngozi. «Diomède a lui-même vécu dans la rue lorsqu’il était petit, explique la femme aujourd’hui inscrite au doctorat. Chaque semaine, quand nous étions là-bas, nous accueillions des jeunes pour un repas. De retour au Canada, ma préoccupation était : que va-t-il arriver d’eux? Nous avons réuni des amis étudiants, issus de différents domaines, afin de poursuivre ici l’initiative.»
Kira Burundi soutient les jeunes de la rue en organisant plusieurs activités de collecte de fonds. À ce jour, 14 jeunes de la rue ont ainsi retrouvé un équilibre en famille d’accueil et 10 autres ont un emploi dans un lave-auto construit par l’organisme. De plus, au Québec, toujours sous la bannière de Kiri Burundi, des étudiants de l’Université organisent des ateliers-conférences dans plusieurs établissements scolaires portant sur des thèmes comme la persévérance, le mieux-vivre ensemble et la résilience. «Le contenu est adapté à chaque niveau, du primaire à l’université, rapporte Geneviève Laroche. Diomède partage son vécu et l’histoire de Kira Burundi pour inciter les jeunes à s’impliquer et pour leur montrer que la vie nous offre plusieurs possibilités.»
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Les Sexperts chassent les tabous
À 14 ou 15 ans, les jeunes savent à peu près tout de la sexualité. Du moins, c’est ce que croient plusieurs d’entre eux. Entre les informations propagées sur Internet et la réalité, il y a pourtant un grand pas que Les Sexperts font découvrir aux ados. Formé d’étudiants en médecine, en pharmacie et en sciences infirmières, ce collectif panuniversitaire propose aux élèves du secondaire des ateliers sur la sexualité. Ces activités s’échelonnent sur deux périodes de classe et permettent d’aborder des notions comme la contraception, la protection contre les infections transmissibles sexuellement et par le sang (ITSS), les relations amoureuses et l’orientation sexuelle.
«Le projet Sexperts a été créé en 2005 pour pallier la disparition du cours FPS (Formation personnelle et sociale), explique Catherine McMartin, étudiante en médecine. Le but était d’informer les élèves sur la sexualité au sens large. Les jeunes ont accès à une foule d’informations sur Internet, mais celles-ci peuvent être mal interprétées.»
À l’instar d’autres étudiants du campus, la jeune femme s’implique dans cet organisme qui, estime-t-elle, lui permet d’améliorer ses habiletés en communication. «En tant que futurs professionnels de la santé, nous aurons à interagir avec des humains, fait-elle remarquer. C’est essentiel d’avoir de bonnes compétences relationnelles. Chaque classe est différente et demande d’adapter nos stratégies de communication.»
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Besoin d’aide juridique?
Depuis bientôt 30 ans, le Bureau d’information juridique (BIJ) apporte aux gens de la région de Québec un service d’information gratuit sur des questions de droit. Son principal objectif est de répondre dans les meilleurs délais aux demandes soumises, sans toutefois rendre des opinions juridiques. La gestion et le service sont assurés bénévolement par des étudiants ayant obtenu un minimum de 30 crédits au baccalauréat en droit. Ces bénévoles sont assistés, au besoin, par des enseignants de leur faculté. Une expérience des plus formatrices. «Pour plusieurs, le BIJ est le premier contact avec des situations concrètes, précise Daniel Dang, étudiant et vice-président aux finances de l’organisme. Ce ne sont plus des problèmes théoriques, sur papier, qu’on résout. Là, on a affaire à de vraies personnes, avec de vraies émotions!»
Divorce, congédiement, problème de voisinage, contestation d’une contravention: les raisons pour faire appel au Bureau d’information juridique sont multiples. Offrant un service professionnel, confidentiel et courtois, les futurs juristes sont passionnés. «Il m’arrive souvent de rêver au Bureau, affirme en riant sa présidente, Julie Desrosiers, elle aussi étudiante en droit. L’organisation occupe même notre subconscient!»
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