La nutrition au menu
Publié le 28 août 2015 | Par Simone Lemieux
Premier appartement et défis alimentaires
Ils sont des milliers d’étudiants, ces jours-ci, à quitter le nid familial pour voler de leurs propres ailes et mettre le cap sur leur premier appartement. Sur bien des plans, notamment l’alimentation, ils auront beaucoup de choses à apprendre et plusieurs défis à relever. C’est maintenant à eux-mêmes qu’ils poseront la fameuse question: «Qu’est-ce qu’on mange ce soir?» C’est en pensant spécialement à vous, chers étudiants migrateurs, que j’ai écrit ce billet.
Nouveaux apprentissages
Devenir responsable de son alimentation, c’est non seulement se mettre à cuisiner, c’est aussi maîtriser les règles de base de la conservation des aliments ainsi qu’apprendre à faire un budget alimentaire et des choix nutritionnels judicieux. Bien sûr, certains jeunes ont déjà un bagage intéressant dans ces domaines et, pour eux, la transition se fera plus en douceur. Pour d’autres, le passage risque d’être plus ardu.
Nouveau chez-soi et qualité de l’alimentation
De façon générale, on constate que la qualité de l’alimentation risque de diminuer lorsqu’on s’installe dans son premier logement. Des études réalisées un peu partout dans le monde suggèrent que les étudiants vivant encore chez leurs parents ont, en général, de meilleures habitudes alimentaires que ceux qui ont migré hors du foyer1. Par exemple, ces derniers mangeraient moins de fruits et légumes, auraient davantage recours aux repas préparés et dépenseraient plus de sous dans la restauration rapide que ceux qui habitent toujours chez leurs parents.
Barrières à la saine alimentation
Des chercheurs de l’Université de Western Ontario ont voulu connaître les facteurs qui influencent la qualité de l’alimentation des étudiants universitaires. Pour y parvenir, ils ont réalisé une recherche qualitative dans laquelle ils ont questionné des étudiants sur les barrières perçues à la saine alimentation2. Sans grande surprise, le fait de quitter la maison était systématiquement soulevé comme un enjeu de taille. Parmi les autres barrières mentionnées, on note le manque de temps, le manque d’argent ainsi que le manque de connaissances et de compétences culinaires. Il est intéressant de constater que ces résultats rejoignent ceux d’une étude sur les habitudes de vie réalisée sur le campus en 2009.
Manque de temps
Le manque de temps est une notion bien relative. Quand on a un travail prenant et des obligations familiales imposantes, il peut être difficile de comprendre comment un étudiant qui n’a que lui-même à nourrir peut manquer de temps. Mais quiconque rencontre des obligations et des responsabilités nouvelles et inhabituelles à son horaire a le sentiment d’être bousculé. Pas surprenant que les étudiants qui se retrouvent du jour au lendemain avec un paquet de nouvelles responsabilités, dont l’achat et la préparation des aliments, aient l’impression de manquer de temps pour se nourrir convenablement.
Ceci dit, les étudiants ne sont pas les seuls à invoquer le manque de temps comme barrière à la saine alimentation. Dans toutes les études menées sur le sujet, qu’on ait affaire à des jeunes ou à des plus âgés, le manque de temps ressort comme un obstacle à manger sainement.
Manque d’argent
C’est souvent quand on quitte la maison qu’on se rend compte du coût de la vie! Mais manger sainement coûte-t-il vraiment plus cher? Une étude récente de l’équipe du Dr Adam Drewnowski, expert reconnu dans le domaine de la nutrition, rapporte que plus la qualité de l’alimentation est élevée, plus elle entraîne des dépenses3. Cependant, cette relation compte plusieurs variables qui suggèrent que même si, de façon générale, les gens qui mangent sainement déboursent davantage pour leur alimentation, il y a moyen de bien manger à un prix raisonnable. C’est une bonne nouvelle pour vous, chers étudiants, qui devez vous débrouiller plus souvent qu’autrement avec un budget serré. Par ailleurs, ne pas manger sainement peut également être dispendieux. Le portefeuille s’allège vite lorsqu’on a recours tous les jours à la restauration rapide!
Manque de connaissances et d’habiletés culinaires
On peut facilement comprendre que des habiletés culinaires déficientes soient soulevées comme une barrière à la saine alimentation. Comme présenté dans un billet précédent, les études montrent que plus les jeunes adultes préparent leurs propres repas, plus la qualité de leur alimentation est élevée. J’irais plus loin en disant que développer des habiletés culinaires ainsi que des connaissances à propos de l’achat et de la planification des repas est non seulement bénéfique pour la qualité de l’alimentation, mais permet également de mieux composer avec le manque de temps et d’argent.
Des solutions
Toutes ces choses étant dites, je ne pense pas qu’il y ait lieu de dramatiser la situation. Les jeunes sont pleins de ressources et apprennent vite. Parlant de ressources, il en existe plusieurs! Je n’ai pas la prétention d’en dresser une liste exhaustive, mais en voici quelques-unes.
Sur le campus, on a accès au Bureau d’entraide en nutrition formé d’étudiants au baccalauréat en nutrition qui souhaitent partager leurs connaissances avec le public et répondre à ses questions. Mon Équilibre UL offre également un répertoire de ressources et de services disponibles à l’Université. Je souligne aussi la pertinence du recueil de recettes conçues pour être à la fois délicieuses, économiques, faciles à réaliser et nutritives qu’on trouve sur le site Savoir cuisiner.
Le site SOS cuisine et ses conseils prodigués aux jeunes qui viennent d’emménager dans un premier appartement est également digne de mention. Et pour finir, comme je l’ai récemment dit à mon fils aîné qui vient de quitter le nid familial, il y aura toujours la ligne téléphonique 1 800 PARENTS, qui peut être utilisée sans aucune modération!
Bonne rentrée à tous!
1 El Ansari W, Stock C, Mikolajczyk RT. «Relationships between food consumption and living arrangements among university students in four European countries – A cross-sectional study.» Nutr J 2012; 11: 28. ↩
2 Garcia AC, Sykes L, Matthews J, Martin N, Leipert B. «Perceived facilitators of and barriers to healthful eating among university students.» Can J Diet Pract Res 2010; 71: e28-33. ↩
3 Rehm CD, Monsivais P, Drewnowski A. «Relation between diet cost and Healthy Eating Index 2010 scores among adults in the United States 2007-2010.» Prev Med 2015; 73: 70-75. ↩
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