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Photo de Simone Lemieux

L'Halloween en colère

Je vous disais récemment que notre société n’aime pas le gras.  Certains événements récents me donnent malheureusement raison. Je n’avais pas nécessairement l’idée ni le goût de revenir sur le sujet aujourd’hui, mais c’est plus fort que moi… 2 anecdotes made in USA ont attisé ma colère et m’amènent à en reparler.

 1- Les horreurs de l’Halloween
Il pleuvait tellement à l’Halloween cette année que les quelques courageux qui ont sonné à ma porte ont eu droit à une double ration de bonbons! Je ne sais pas quel temps il faisait à Fargo dans le Dakota du Nord le 31 octobre dernier, mais on peut penser qu’il neigeait un peu dans la tête de cette Américaine qui a décidé, pour le bien de sa communauté, de priver les enfants obèses de bonbons.

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Elle a présenté sa stratégie lors d’une entrevue à la radio locale, mentionnant que lorsque des enfants obèses se présenteraient à sa porte, plutôt que de leur donner les friandises convoitées, elle leur remettrait une lettre mentionnant ce qui suit (traduction libre): Selon moi, votre enfant est modérément obèse et ne devrait pas consommer de sucreries et de gâteries comme les autres enfants à l’Halloween.  J’espère que vous aurez le courage comme parent de rationner les bonbons d’Halloween et d’empêcher votre enfant de continuer d’avoir des habitudes alimentaires malsaines.

Tant qu’à y être, elle aurait dû également vérifier si les enfants avaient des caries ou encore faire un test d’allergies alimentaires avant de décider de leur donner des bonbons ou non… J’imagine aussi qu’elle a des yeux bioniques pour détecter le seuil à partir duquel un enfant est considéré «modérément obèse» selon son âge… Je devrais la contacter puisqu’entre scientifiques, on peine encore à s’entendre sur les indicateurs fiables de l’obésité infantile… A-t-elle réellement remis ces lettres ou a-t-elle failli à sa mission à la dernière minute?  Selon la journaliste de CNN, ça ne semble pas clair, mais comme on dit, c’est l’intention qui compte…

 2- Un discours dégradant
Un mot maintenant sur le blogue Return of Kings (non, je ne mettrai pas l’hyperlien…) qui perpétue un discours sexiste et misogyne. Je ne connaissais pas ce blogue jusqu’à ce que le Web s’enflamme autour de la «Fat-Shaming Week» en octobre dernier.

Le principe de cette semaine thématique était assez simple. On encourageait les hommes à insulter et à traiter de «grosse» les femmes rondes ne correspondant pas aux standards de minceur en vigueur. Pour stimuler les troupes, des textes pour le moins inspirants ont été rédigés: «5 raisons pour lesquelles les femmes obèses ne méritent pas l’amour», «L’obésité, une menace plus grande qu’Al Qaïda», «5 façons d’humilier une grosse lors d’un rendez-vous».

Ah oui! J’ai oublié de vous dire que les machos à l’origine de ce blogue ont eu cette brillante idée dans l’espoir, apparemment, de convaincre les femmes obèses de perdre du poids. Que de nobles intentions, n’est-ce pas? La seule chose qui est rassurante, c’est de constater à quel point les réactions ont été vives et nombreuses sur le Web.

Une discrimination nuisible
Vous allez me dire qu’il s’agit de cas isolés et que je ne devrais peut-être pas en faire tout un plat… C’est vrai, mais on peut facilement faire le parallèle avec plusieurs situations moins médiatisées où les personnes obèses sont victimes d’intimidation et de discrimination.

Ces attitudes entraînent des conséquences néfastes sur la santé physique et psychologique des personnes qui en sont victimes et, ironiquement, elles nuisent au succès des démarches de gestion de poids qui pourraient être entreprises par ces personnes1. À ce sujet, le domaine de recherche s’intéressant aux impacts de la discrimination et de la stigmatisation envers les personnes obèses est florissant.

Sans commentaire: pas si facile!
Je vous laisse sur une initiative qui est tout à fait en opposition avec celles décrites plus haut. Vous ne savez peut-être pas que nous sommes à la fin de la semaine «Le poids? Sans commentaire!». Il s’agit d’une initiative conjointe du groupe Équilibre et de l’organisme Anorexie et boulimie Québec. Son objectif est de sensibiliser la population au fait que les commentaires sur le poids sont trop présents dans notre quotidien et peuvent contribuer à faire augmenter l’insatisfaction corporelle en renforçant les normes sociales de minceur. On nous invite à essayer pour une semaine de ne pas faire de commentaires sur le poids.

Je ne me sentais pas nécessairement visée par cette initiative, mais je vous avoue que dès la première journée, j’ai échoué le test et qu’au jour 2, j’ai dû rattraper certains mots qui voulaient sortir de ma bouche. Si vous souhaitez en connaître davantage sur la semaine «Le poids? Sans commentaire!», je vous invite à visiter son site Web, qui est d’ailleurs très bien fait.

1 Puhl RM et Heuer CA. Obesity Stigma: Important Considerations for Public Health. Am J Public Health. 2010; 100: 1019–1028.

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