Plus de verdure nordique
Si le Nord se couvre de vert, ce n’est pas grâce à l’avancée des forêts qui tardent à répondre au réchauffement climatique.
Le Nord du Québec a verdi au cours du dernier quart de siècle, rapportent des chercheurs dans un récent numéro de la revue scientifique Global Change Biology. Ce sont les arbustes et les graminées, et non les forêts, qui auraient répondu le plus fortement aux hausses de température enregistrées pendant cette période.
Pascale Ropars et Stéphane Boudreau, du Département de biologie et du Centre d’études nordiques, et des chercheurs de la NASA ainsi que des universités Stanford et du Maryland ont analysé une série de photos satellitaires prises entre 1986 et 2010 dans le Nord du Québec. Au cours des 40 dernières années, cette région a connu une augmentation de température allant de 2 à 3 ºC. Les observations ponctuelles sur le terrain suggéraient que la composition et la structure des communautés végétales étaient en voie de transformation.
Un virage vert
Pour vérifier si cette tendance se confirmait à grande échelle, les chercheurs ont eu recours à des images provenant du programme Landsat. Ces images satellitaires prises au milieu de l’été, au moment où la végétation atteint son maximum, couvrent un territoire de 260 000 km2 qui chevauche la forêt boréale et la toundra. «Il est possible de déterminer quel type de couvert se trouve au sol en mesurant la réflectance sur les photos», précise Stéphane Boudreau. Il s’agit de calculer la proportion de la lumière du soleil réfléchie par la végétation.
Les analyses confirment que les végétaux ont gagné du terrain dans le Nord québécois: 30% du territoire était plus vert en 2010 qu’en 1986. Les arbustes et les graminées, qui couvrent 48% de l’aire d’étude, seraient responsables de 60% du virage au vert. Quant aux forêts, présentes sur 21% du territoire, elles seraient responsables de moins de 10% du verdissement.
«Il se peut que la réponse des forêts au réchauffement de la température soit plus lente ou encore que les seuils de température à partir desquels certaines espèces d’arbres réagissent ne soient pas encore atteints, avance Stéphane Boudreau. Il se peut aussi que la hausse de croissance qui survient pendant l’été soit annulée par la mortalité hivernale.»
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