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Photo de Simone Lemieux

Quand c’est sucré, c’est bon!

On dit qu’en avril, on ne doit pas se découvrir d’un fil. On pourrait aussi dire que c’est probablement le mois de l’année où on mange le plus sucré. En effet, la fête de Pâques, qui tombe plus souvent qu’autrement en avril, nous apporte son lot de friandises. Il y a aussi nos érables à sucre qui sont reconnus pour couler à flots à cette période. Je me suis donc dit que c’était le moment tout désigné pour vous parler du sirop d’érable. 

sucre

La valeur nutritive
Je ne vous apprendrai rien en vous disant que le sirop d’érable est une excellente source de sucres concentrés: excellente au goût et en quantité! Dans une portion de 15 ml, on trouve 13 g de sucres, presque exclusivement sous forme de sucrose, le même type de sucre qu’on trouve dans le sucre de table. Selon les références internationales1, le sirop d’érable aurait un indice glycémique de 54 comparativement à 65 pour le sucre de table. On sait que plus l’indice glycémique d’un aliment est élevé, plus l’ingestion de celui-ci génère une élévation importante du taux de sucre dans le sang. On utilise comme référence le glucose, pour lequel l’indice glycémique est de 100. 

Là où le sirop d’érable se distingue davantage du sucre blanc, c’est lorsqu’on analyse les teneurs en micronutriments. Selon le Fichier canadien sur les éléments nutritifs, le sirop d’érable serait une excellente source de manganèse, puisque dans une portion de 15 ml on trouve plus du quart de l’apport quotidien recommandé pour une femme adulte2. À noter que le manganèse contribue à la formation des os et à certaines réactions associées au métabolisme des acides aminés, du cholestérol et des glucides. Le sirop d’érable contient dans des proportions moindres d’autres minéraux tels que le calcium, le zinc et le magnésium. Le sucre de table, quant à lui, ne renferme pas ces éléments nutritifs. 

Le sirop d’érable se démarque également par son contenu élevé en composés phénoliques3. Certaines études ont suggéré que ces derniers auraient des effets bénéfiques sur la santé, notamment en ce qui a trait à la prévention du diabète. Il est également caractérisé par la présence de phytohormones qui facilitent l’absorption des sucres par les cellules du corps. 

Ainsi, plusieurs caractéristiques nutritionnelles peuvent expliquer pourquoi le sirop d’érable a plutôt bonne presse. Des titres comme «Le sirop d’érable, bon pour les diabétiques» le démontrent bien. Amoureux du sirop d’érable, je me fais un peu rabat-joie ici en vous disant que ces effets potentiels sur le contrôle du diabète n’ont pas encore fait l’objet d’études cliniques. De plus, il serait surprenant qu’on recommande un jour aux personnes atteintes de diabète une diète riche en sirop d’érable. Au mieux, on leur suggérera de l’utiliser plutôt qu’un autre agent sucrant dans leurs recettes préférées. 

La valeur sentimentale
Je dois au sirop d’érable de très beaux souvenirs d’enfance. Tout comme moi, plusieurs d’entre vous avez probablement marché dans une érablière, de chaudière en chaudière, heureux de vous enfoncer dans la neige et de vous mouiller les pieds pour aller goûter l’eau d’érable. Quand j’ai réalisé que de l’eau sucrée pouvait «sortir» d’un arbre, je croyais pratiquement avoir affaire à un phénomène surnaturel! Il y a également la magie de cette humidité sucrée et de la bonne humeur contagieuse qui nous enveloppe à la cabane à sucre. À ce sujet, je me suis rendue compte avec les années que ce n’était pas seulement les produits de l’érable qui rendaient les adultes heureux, le houblon faisant également son œuvre! 

C’est aussi grâce au sirop d’érable que j’ai appris à quoi pouvait servir l’ébullition et l’évaporation. Ça peut sembler banal, mais de goûter à l’eau d’érable, puis à la tire sur la neige dans une même journée en assistant «en direct» à la transformation de l’eau en tire, c’est tout un apprentissage pour un enfant de la ville. 

Enfin, le sirop d’érable m’a également permis de mieux comprendre qu’un aliment n’est pas seulement un amalgame de composés. Qu’il soit reconnu ou non pour prévenir ou traiter le diabète ne changera probablement pas grand chose à mon amour pour cet aliment. La symbolique forte du sirop d’érable au Québec et la place de choix qu’il occupe dans mes traditions familiales ont contribué à me faire réaliser que notre attachement aux aliments va bien au-delà du goût et des caractéristiques nutritionnelles. Qu’on se le dise, on aime aussi le sirop d’érable parce qu’il est une réelle fierté québécoise. Il s’avère également une raison d’aimer l’hiver et le froid: pas d’hiver, pas de neige, pas de sirop! Et sur une note plus personnelle, j’aime beaucoup le sirop d’érable parce qu’il me permet de repenser avec bonheur à mon père qui se plaisait à ajouter ce délicieux liquide sur à peu près tout en nous disant avec satisfaction: «Quand c’est sucré, c’est bon!».

1 Atkinson FS, Foster-Powell K, Brand-Miller JC. «International Tables of Glycemic Index and Glycemic Load Values: 2008». Diab Care 2008; 31: 2281-2283.

2 Otten JJ, Pitzi Hellwig J, Meyers LD. ANREF, Les apports nutritionnels de référence: le guide essentiel des besoins en nutriments. Washington, DC: The National Academies Press, 2006.

3 St-Pierre P, Pilon G, Dumais V, Dion C, Dubois MJ, Dubé P, Desjardins Y, Marette A. «Comparative analysis of maple syrup to other natural sweeteners and evaluation of their metabolic responses in healthy rats». J Funct Foods 2014; 11: 460-471.

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  1. Publié le 13 avril 2015 | Par Denise Leclerc

    Bien contente d'apprendre cette nouvelle. On se sucre le bec en avril.

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