La nutrition au menu
Publié le 22 août 2013 | Par Simone Lemieux
Guide alimentaire canadien: 3 mythes déboulonnés
Il y a fort à parier que vous avez déjà entendu parler du Guide alimentaire canadien, le GAC pour les intimes. Vous savez probablement qu’il contient des recommandations spécifiques à différents groupes d’aliments, mais le connaissez-vous vraiment?
Un peu d’histoire
L’origine du GAC remonte à 1942 alors qu’on a publié les Règles alimentaires officielles au Canada. En raison de la pauvreté et du rationnement en cette période de guerre, on considérait qu’il était plus judicieux de recommander des quantités qu’on savait sous-optimales, mais qui pourraient être atteintes par une plus grande proportion de la population. C’est pourquoi les quantités d’aliments recommandées correspondaient à 70% des normes établies à l’époque.
En 1944, les Règles alimentaires au Canada (exit le mot officielles) prennent le relais. Puis, en 1961, on substitue règles pour guide et la première version du Guide alimentaire canadien nous est donnée. Suivront des versions révisées en 1977 et en 1982 puis 10 ans plus tard, en 1992, on le rebaptise Guide alimentaire pour manger sainement. Depuis 2007, on le nomme Bien manger avec le Guide alimentaire canadien.
Pour ce qui est des recommandations, elles ont été raffinées en réponse à l’évolution des recherches effectuées en nutrition et toujours avec l’objectif de favoriser un état de santé optimal pour les Canadiens. On voit par ailleurs une grande similitude entre les groupes alimentaires proposés en 1942 (le lait, les fruits, les légumes, le pain et les céréales, la viande, le poisson et les œufs) et ceux de 2007 (légumes et fruits, produits céréaliers, lait et substituts, viandes et substituts). Notez que la notion de «substituts» a fait son apparition en 1977 pour le groupe des viandes et en 2007 pour le groupe des produits laitiers. Par ailleurs, pour ceux qui se demandent si l’on a simplement changé quatre trente-sous pour une piastre lorsqu’en 2007 le groupe «fruits et légumes» est devenu le groupe «légumes et fruits», sachez que l’ordre a ici son importance puisque le GAC de 2007 met davantage l’accent sur la consommation de légumes.
Le Guide a le dos large
Je crois avoir presque tout entendu sur le GAC: rétrograde, engraissant, régi par l’industrie alimentaire, et j’en passe!
Rétrograde?
Il est vrai que le GAC peut paraître en décalage avec ce qui est dans l’air du temps. À chaque semaine, on propose un nouvel ingrédient pseudo-magique qui vous fera maigrir ou rajeunir, ou on vend des livres avec des recettes de champion; le tout nouveau livre de Novak Djokovic, Serve to win, en est un bon exemple. Le GAC, quant à lui, persiste et signe, et ose faire dans la simplicité en promouvant le message de manger de façon variée, modérée et équilibrée. Le message peut ne pas sembler suffisamment sexy, mais sachez que les résultats d’études ayant mis en lien la conformité aux recommandations du GAC et la santé sont clairs. Plus on mange selon le GAC, mieux on se porte.
Engraissant?
J’ai souvent lu et entendu que de suivre le GAC fait assurément grossir. Ceci démontre bien, selon moi, la méconnaissance relative aux quantités recommandées par le GAC. Plusieurs femmes dans ma tranche d’âge trouvent inconcevable de consommer 6-7 portions de produits céréaliers par jour. Elles ne savent probablement pas à quoi correspond réellement une portion du GAC. Placez 125 ml de pâtes alimentaires dans votre assiette (la portion de référence du GAC) et vous verrez qu’il ne s’agit vraiment pas d’une portion gargantuesque!
Dicté par l’industrie?
Je me suis souvent fait demander ce que je pensais du rôle de l’industrie du bœuf dans l’élaboration des recommandations du GAC. Je réponds alors que si cette industrie avait carte blanche, on s’attendrait à ce que la portion recommandée soit plus généreuse que les 75g actuellement en vigueur. Faites le test et vous verrez que c’est une portion qui se fait toute petite dans l’assiette! Ensuite, si l’industrie du bœuf tirait tant que ça sur les ficelles, pourquoi le GAC recommanderait-il spécifiquement depuis 2007 de «consommer souvent des substituts de la viande» et de «manger au moins deux portions de poisson par semaine»?
Suivez le guide!
En conclusion, si le sujet vous intéresse, je vous invite à consulter attentivement le GAC. Vous verrez qu’en plus des recommandations concernant le nombre de portions quotidiennes pour les quatre groupes alimentaires selon l’âge et le sexe, le GAC contient des recommandations plus spécifiques qui peuvent nous guider vers des choix de meilleure qualité. L’outil interactif Mon guide alimentaire peut également être utile pour appliquer plus concrètement les recommandations. À vous maintenant de voir si vous souhaitez suivre le guide!
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Publié le 1 février 2019 | Par Simone Lemieux
Je suis bien au fait de la parution du nouveau guide alimentaire canadien. Bien que je ne l'aie pas encore commenté à proprement parler dans mon blogue, j'ai tout de même écrit un texte">http://www.contact.ulaval.ca/article_blogue/lantichambre-du-nouveau-guide-alimentaire-canadien/">texte en lien avec le développement de celui-ci.
Publié le 31 janvier 2019 | Par Lise Gagnon
Bravo pour votre article sur l'ancien guide, mais il y en a un nouveau….
Je suis une diététiste à la retraite et le nouveau guide alimentaire me scandalise et le mot n'est pas à minimiser. Ma principale préoccupation, entre autres, l'apport en vitamine D. La personne qui ne choisit, parmi les protéines, que des produits non-laitiers, prendra la vitamine D où? Fini le temps où on prenait l'huile de foie de morue, mais le souci de la vitamine D était présent. Pour remédier au rachitisme, le lait a été additionné de vitamine D, pourquoi soustraire cette vitamine de l'alimentation? …..
Lise Gagnon
Publié le 1 août 2015 | Par Annie
Publié le 3 septembre 2013 | Par Simone Lemieux
Vous mentionnez qu'il est tout à fait injuste de recommander une portion x selon le sexe sans prendre en considération d'autres facteurs. Tout d'abord, permettez-moi de vous corriger en vous disant que le facteur «âge» est pris en considération puisque les recommandations du GAC ont été émises en fonction du sexe et aussi du groupe d'âge. Pour ce qui est du mode de cuisson, je ne vois pas comment celui-ci influencerait les besoins en produits céréaliers. Je tiens à rappeler que les recommandations du GAC visent à combler les besoins moyens en éléments nutritifs (vitamines, minéraux, gras essentiels, fibres,protéines, etc.). Les besoins énergétiques (calories) sont quant à eux très variables d'une personne à l'autre et sont notamment très influencés par le niveau d'activité physique. Vous avez raison, il faut prendre en considération le niveau d'activité physique d'une personne pour déterminer la quantité d'aliments à consommer. Ainsi, une personne très active ne pourrait pas se limiter au nombre de portions recommandées du GAC et devra assurément manger davantage pour combler ses besoins énergétiques. La personne très sédentaire, quant à elle, peut faire des choix d'aliments à l'intérieur des groupes alimentaires qui lui permettent à la fois de consommer le nombre de portions recommandées tout en respectant ses besoins énergétiques. Vous mentionnez également l'importance des objectifs alimentaires de la personne. Il est vrai qu'une personne avec une condition médicale particulière comme le diabète devra avoir des conseils nutritionnels plus poussés pour favoriser une meilleure gestion de sa condition.
Publié le 2 septembre 2013 | Par Paméla Cossette
Publié le 28 août 2013 | Par Simone Lemieux
Publié le 28 août 2013 | Par Caroline Sigouin
https://www.hsph.harvard.edu/nutritionsource/healthy-eating-plate/" >">https://www.hsph.harvard.edu/nutritionsource/healthy-eating-plate/
J'apprécie également beaucoup la simplicité et le caractère pédagogique de ce dernier guide.
Publié le 27 août 2013 | Par Simone Lemieux
Il y a tellement de choses qui se disent sur la nutrition et j'avoue qu'il n'est pas toujours facile de savoir si les sources sont crédibles ou non. Le site de http:///www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed" >Pubmed est très intéressant lorsqu'on cherche des articles scientifiques dans le domaine biomédical/santé.
Publié le 27 août 2013 | Par Jean-Philippe
En même temps, content que nos produits laitiers soient plus "propres", les articles que j'ai récolté étaient majoritairement anglais, donc en provenance des États-Unis. Merci de l'information :-)
Publié le 23 août 2013 | Par Jean-Philippe
Bref désolé!
Publié le 26 août 2013 | Par Simone Lemieux
Je vous remercie tout d’abord pour avoir pris le temps d’émettre ces commentaires.
Concernant la notion mal comprise de «substituts», vous avez fort probablement raison. À ma connaissance, aucune étude ne s’est attardée spécifiquement sur ce sujet, mais on peut effectivement penser que cette notion de «substituts» n’est pas instinctive pour tous. Par contre, je pense que lorsque le GAC est enseigné à l’aide du matériel éducatif fourni par Santé Canada (par exemple dans les écoles), la notion de substituts est alors très bien expliquée. À ce sujet, il faut savoir que le yogourt et le fromage sont également considérés comme des substituts du lait.
Concernant la présence d’antibiotiques et d’hormones dans le lait, sachez qu’au Canada l’utilisation de la somatotrophine pour stimuler la production laitière est interdite (alors qu’elle est permise aux États-Unis). Santé Canada a pris la décision d’interdire les hormones de croissance sur la base d’http://www.hc-sc.gc.ca/dhp-mps/vet/issues-enjeux/rbst-stbr/index-fra.php" >avis scientifiques.
Il faut également savoir que la traite des vaches qui sont sous antibiotiques (en raison d’un problème de santé) se fait séparément pour éviter de mélanger leur lait à celui des vaches saines. De plus, le lait livré aux transformateurs doit être exempt d’antibiotiques, sinon les producteurs s’exposent à des pénalités très sévères. Donc, le lait consommé par les Canadiens ne contient pas d'antibiotiques.
Vous avez piqué ma curiosité concernant l’action acidifiante du lait sur le corps. J’ai fait une recherche dans la littérature scientifique pour me rendre compte que certains chercheurs s’intéressaient effectivement à ce sujet. Ce que je retiens globalement de mes lectures est que le lait est un aliment peu acidifiant. De plus, il faut se rappeler que le corps a d’excellents mécanismes de régulation. Ainsi, même si une alimentation acidifiante est associée à une excrétion accrue de calcium, on constate que l’équilibre calcique corporel dans une telle situation est maintenu. Cela s’expliquerait par le fait qu’en réponse à une augmentation de l’excrétion de calcium, le corps «compenserait» par une augmentation de l’absorption du calcium pour qu’au final l’équilibre soit maintenu. On peut cependant penser qu’à la longue, si notre alimentation contient une majorité d’aliments «acidifiants», les mécanismes de régulation pourraient devenir moins efficaces, mais ceci est encore au stade de l’hypothèse. Encore une fois, l’équilibre et la variété alimentaires sont des valeurs sûres!
En ce qui a trait à l’alimentation méditerranéenne, vous tombez vraiment dans mes champs d’intérêt puisque je fais des recherches sur le sujet depuis plus de 10 ans. Bien que la consommation de lait dans l’alimentation traditionnelle méditerranéenne soit vraisemblablement plus faible que dans l’alimentation nord-américaine, les produits laitiers sont tout de même consommés quotidiennement, davantage sous forme de yogourts et de fromages (et ce, également en Crète). Contrairement au Québec, les Méditerranéens ont une exposition au soleil plus importante qui favorise la production de la vitamine D et ont ainsi des moins grands besoins alimentaires à combler pour cette vitamine. Par ailleurs, vous avez tout à fait raison de dire que l’adoption de l’alimentation méditerranéenne est associée à une réduction du risque de plusieurs problèmes de santé.
Publié le 23 août 2013 | Par Jean-Philippe
Bien d'accord qu'il ne déconseille pas l'utilisation de substituts, mais ce qui est dommage c'est que le terme «substitut» ne veut pas dire grand chose pour la plupart des gens.
De quoi faire le bonheur de l'industrie laitière. Or plusieurs articles et études suggèrent les laits de soya (et aussi de riz, d'avoine, de chanvre et mon préféré, d'amandes!) au lieu des produits laitiers conventionnels. Le problème n'étant pas la teneur en vitamines du lait de vache, mais plutôt tous les antibiotiques et les hormones (le gras aussi!) qu'on y trouve. Aussi pourrons-nous être contre la "qualité de vie" des vaches dans les fermes-usines. D'autres vont même jusqu'à dire que le lait a une action acidifiante sur le corps, ainsi le corps doit utiliser du phosphore pour alcaliniser le sang.
Seul problème, la seule source de phosphore disponible instantanément dans le corps est dans les os, et les molécules de celle-ci sont liées aux molécules de... calcium.
Donc une fois le phosphore utilisé, le calcium ne peut simplement pas retourner dans les os tout seul. Il est donc éliminé par le corps.
Tout ça pour dire que le calcium du lait de vache que l'on consomme se voit annulé par le corps qui neutralise l'acidité. Raison pourquoi les pays qui consomment le plus de produits laitiers sont aussi ceux qui ont le taux le plus élevé d'ostéoporose.... Maladie causée entre autres par une carence en calcium!
Si le gouvernement canadien avait réellement a coeur la santé de ses citoyens, il n'aurait pas peur de proposer aux Canadiens d'arrêter de consommer ce type de produit.
Pas pour rien que le régime méditerranéen conseille une faible consommation de produits laitiers (et aussi de viande!) et que le régime crétois propose de simplement les éliminer. Aucun besoin de souligner le fait que ces deux régimes sont reconnus comme des alternatives très santé!
Mais bon, à chacun ses croyances mais ça fait un bail qu'une pinte de lait de vache a vu mon réfrigérateur! Les laits substituts sont aussi bon de toute manière!
Bonne journée!
Publié le 22 août 2013 | Par Simone Lemieux
Le lobby des producteurs laitiers, oui j'aurais pu (dû?) en parler. Merci de me donner la possibilité de le faire! En fait, je vois très mal comment le lobby des producteurs laitiers aurait pu avoir un effet sur les recommandations de la version du GAC de 2007. Comme on le sait, depuis 2007, on peut maintenant rencontrer les recommandations du GAC pour le groupe «Lait et substituts» sans boire une seule goutte de lait de vache! En effet, on mentionne noir sur blanc: «Buvez des boissons de soya enrichies si vous ne buvez pas de lait». S'il y a eu lobby, il n'a certainement pas porté fruit!
Concernant la grosseur des portions, je dirais simplement que tout comme pour les autres groupes alimentaires, les recommandations concernant la grosseur et le nombre de portions du groupe «Lait et substituts» visent à rencontrer les besoins en éléments nutritifs tels que déterminés par les Apports nutritionnels de référence. La recommandation de boire 500 ml de lait ou de boissons de soya enrichies vise notamment à rencontrer les besoins en vitamine D.
Finalement, il est vrai qu'il y aura toujours des sceptiques quant aux recommandations nutritionnelles en vigueur et aussi beaucoup de gens qui s'improvisent experts en nutrition. Il faut apprendre à vivre avec cette réalité lorsqu'on choisit de travailler sur la planète nutrition!
Publié le 22 août 2013 | Par Hubert Cormier
Très bon billet, comme d'habitude. Toutefois, en clinique et ce dont on entend beaucoup parler en conférence, c'est davantage l'implication du lobby des producteurs laitiers, bien avant celui du boeuf... Je suis d'accord avec ton point que la portion recommandée de viande (75 grammes) est vraiment petite, mais qu'en est-il des portions recommandées de Lait et substituts? Certaines personnes croient dur comme fer qu'il n'est pas réellement nécessaire de boire du lait et que le calcium et la vitamine D ne préviendraient finalement plus l'ostéoporose (et l'ostéopénie, dans un stade moins avancé). Bref, je crois qu'il faut savoir faire la part des choses et que peu importe le nombre de portions indiquées ou les recommandations qui y sont présentées, certains seront tout de même insatisfaits de son contenu...
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