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Photo de Simone Lemieux

Trop gros, le père Noël?

À l’approche du temps des fêtes, certaines revues scientifiques ont l’habitude de publier des articles qui sortent un peu de l’ordinaire. Au cours des dernières années, certains de ces écrits ont même été consacrés à la santé du père Noël!

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Le bon vieillard à la retraite?
À pareille date l’an passé, les chercheurs John E. Morley et Amanda Taylor de l’Université de Saint Louis, au Missouri, publiaient un article dans la revue Journal of the American Medical Directors Association s’intitulant «Is it time to retire Santa Claus?»1. 

Les auteurs nous rappellent tout d’abord que le père Noël aurait entre 153 et 193 ans. Déjà là, on a un excellent argument pour la retraite! Ils énumèrent ensuite les différents problèmes de santé potentiels du père Noël en se fiant à son apparence et à son mode de vie. Ainsi, son obésité apparente arrive au premier rang des préoccupations, et l’on nous rappelle à quel point un tel surplus adipeux risque d’entraîner des problèmes de santé comme le diabète, l’apnée du sommeil et l’hypertension, surtout en vieillissant. La santé pulmonaire du père Noël est ensuite discutée. On s’en soucie en raison de ses habitudes tabagiques2 et des inévitables inhalations de suie et de cendres provenant des cheminées. Avec tous ces enjeux de santé, le père Noël devrait tranquillement profiter de sa rente de retraite au pôle Nord!

Les chercheurs s’inquiètent ensuite des conditions de travail de notre sympathique vieillard. Les quarts de nuit sont difficiles pour la régulation des hormones, et les risques de chutes –et donc de fractures de la hanche– sont élevés quand le père Noël descend dans la cheminée. Puis, il y a les très longs voyages en altitude où l’immobilisation augmente le risque de thrombose. Pauvre père Noël, ça va mal!

Si vous croyez encore au père Noël, ne lisez pas la suite… Sinon, vous aurez compris que les auteurs, dont le principal est gériatre, s’amusent à utiliser le personnage comme prétexte pour discuter de certaines problématiques de santé liées au vieillissement. Je trouve d’ailleurs qu’ils réussissent plutôt bien à passer leur message.

Un modèle pour les enfants
Les auteurs abordent également la question du rôle que joue le père Noël comme modèle dans notre société. Ils indiquent entre autres qu’un père Noël obèse ne peut sous aucune considération être un modèle pour nos enfants. Ils suggèrent aussi que, suivant sa retraite imminente, des critères bien précis d’embauche pour son remplaçant devront être établis. Celui-ci devrait être mince, non-fumeur et devrait également avoir des ressources adéquates pour ne pas être victime d’accidents de travail.

Les chercheurs poussent encore plus loin en disant que le prochain père Noël devra être un modèle parfait pour nos enfants. Il ne mangera que de la salade avec de l’huile d’olive extra-vierge et des fruits pleins de polyphénols, goûters que les enfants lui auront préparés avec bienveillance en remplacement des biscuits et du lait. Quant à ces chers enfants, le nombre de cadeaux reçus sera inversement proportionnel à leur poids afin de récompenser ceux qui sont minces!

Ironie, réflexions et compagnie
J’aime bien l’ironie, et c’est assez rare qu’elle puisse être utilisée dans les écrits scientifiques. Je me suis donc régalée à la lecture de cet article.

Je dois cependant avouer que même après plusieurs lectures, je ne suis toujours pas certaine de l’objectif visé par les auteurs en discutant de la mauvaise influence que pourrait avoir l’obésité du père Noël sur la santé des enfants. Comme si les auteurs avaient un peu changé de ton en abordant ce sujet. Comme si l’ironie avait été tassée un petit peu.

En fait, ce n’est pas la première fois que je me demande à quel point les auteurs qui parlent de l’obésité du père Noël sont sérieux ou pas quand ils en viennent à exposer leurs craintes concernant la mauvaise influence que peut avoir son profil rebondi sur les habitudes de vie des enfants. Il y a quelques années, un article publié dans la revue scientifique British Medical Journal3 s’inquiétait du fait que le taux d’obésité infantile était particulièrement élevé dans les endroits du monde où l’on vénère le père Noël. Même si les auteurs amenaient la question avec un certain humour, il n’en demeure pas moins que les médias avaient repris la nouvelle en la présentant, selon moi, au premier degré. Encore récemment, la ministre de la santé belge référait à cet article en mentionnant qu’un père Noël trop gros est un mauvais exemple pour les enfants. Elle disait craindre, et je la cite, que «cette image envoie comme message que l’obésité est synonyme de bonne humeur et de jovialité.» C’est vrai que c’est épeurant de voir une personne obèse de bonne humeur… Quelle mauvaise influence pour les enfants qui pourraient croire qu’on n’a pas nécessairement besoin d’être mince pour être heureux (voyez, moi aussi je peux faire de l’ironie)!

Sur ce, je vous souhaite un très joyeux temps des fêtes!

1 Morley JE, Taylor A. «Is It Time to Retire Santa Claus?» J Am Med Dir Assoc 2016; 17:1069-1072.

2 Le père Noël a souvent été illustré la pipe au bec et il a même, il y a quelques décennies, fait la publicité de cigarettes!

3 Grills NJ, Halyday B. «Santa Claus: a public health pariah?» BMJ 2009; 339: b5261 doi

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  1. Publié le 22 décembre 2017 | Par Carole

    Faudrait répondre à ces gens que le Père Noël n’existe pas.
  2. Publié le 21 décembre 2017 | Par Bruno Clavet

    À vous aussi de joyeuses fêtes! Toujours d’intérêt, votre blogue.
  3. Publié le 21 décembre 2017 | Par Claudette Vézeau

    Merci pour ce gentil message.

    Je vous présente aussi mes meilleurs vœux pour la période des fêtes.

    À l'an prochain.

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