La nutrition au menu
Publié le 6 février 2015 | Par Simone Lemieux
Ces fragiles jardins mobiles
À Québec, en janvier 2015, a été annoncé le décès de 11 magasins Jardin Mobile, pourtant entourés de l’amour d’une fidèle clientèle. Ils laissent dans le deuil, outre leurs clients, leurs frères et sœurs épargnés, Mmes Halles du Petit Quartier et Halles de Sainte-Foy et MM. de La Pérade et Lebourgneuf.
J’aurais aussi pu écrire un avis de décès au printemps dernier lorsque MON Jardin Mobile, situé sur le chemin Sainte-Foy, a fermé ses portes en même temps que 4 autres magasins du groupe Épicia. Cette fermeture a eu des répercussions sur mes habitudes d’achat, mon organisation et mon humeur générale. J’avoue que j’ai pris du temps à «refaire ma vie» sans lui! Ainsi, quand j’ai appris, il y a quelques semaines, la fermeture imminente de 11 autres succursales, j’ai eu de la compassion pour tous ceux qui auraient comme moi à vivre leur deuil.
L’avant et l’après
Quand mon Jardin Mobile était en activité, j’avais ma petite routine: la fin de semaine, une visite à l’épicerie au cours de laquelle j’achetais presque tout ce dont j’avais besoin pour la semaine, puis 1 ou 2 «saucettes» au Jardin Mobile. Celles-ci servaient surtout à renflouer le tiroir de fruits et légumes, mais aussi parfois à acheter la pinte de lait qui manquait ou un ingrédient de dernière minute pour une recette. C’était pratique et rapide. Il y avait un beau choix d’aliments frais. Je parcourais mon Jardin Mobile presque les yeux fermés et, en plus, je pouvais facilement y aller à pied. Quand j’y allais en auto, il y avait toujours de la place dans le stationnement, près de la porte d’entrée.
Même si je m’habitue tranquillement à une autre routine et que je visite plus fréquemment mon épicerie pendant la semaine, je trouve quand même que c’est toujours un peu plus compliqué et moins agréable qu’avant. Ça prend plus de temps, j’attends plus aux caisses, et les fruits et les légumes ne sont pas toujours aussi beaux que ce que je pouvais trouver au Jardin Mobile.
L’importance de l’accessibilité aux aliments sains
Je peux donner l’impression que je me plains le ventre plein. J’ai les connaissances théoriques et pratiques pour manger sainement, je suis motivée à le faire – cela fait partie de mes habitudes – et j’ai une bonne situation financière. Pourtant ce changement dans mon environnement alimentaire me dérange.
En fait, ma réaction n’est pas si surprenante. La littérature scientifique nous apprend que plusieurs facteurs dans notre environnement alimentaire peuvent avoir une incidence sur nos habitudes d’achat et donc sur nos habitudes alimentaires. Par exemple, l’accès à des aliments sains s’avère un facteur qui a fait l’objet de plusieurs études. Ainsi, on a pu démontrer que plus on habite loin d’un marché d’alimentation offrant une variété d’aliments frais et plus cela a un effet négatif sur la qualité de l’alimentation.
Des chercheurs ont également démontré un lien entre l’accessibilité à des aliments sains et l’obésité. Plus précisément, une étude réalisée en Alberta a permis de calculer le ratio entre le nombre de restaurants de type fastfood et de type dépanneur par rapport à celui de magasins d’alimentation offrant une gamme de produits frais (épiceries à grande surface, marchés de fruits et légumes, épiceries spécialisées, etc.) selon le lieu de résidence1. Les résultats suggèrent que le fait d’habiter un quartier caractérisé par un ratio élevé (c.-à-d. proportionnellement plus de restaurants de type fastfood et dépanneur par rapport au nombre d’épiceries, de marchés, d’épiceries spécialisées, etc.) augmente la probabilité de souffrir d’obésité. Suivant cette logique, la fermeture des magasins Jardin Mobile vient jouer sur le dénominateur du ratio, ce qui n’est probablement pas une excellente nouvelle pour notre tour de taille!
D’autres facteurs de notre environnement alimentaire, comme le prix de vente des aliments, peuvent également influencer la qualité de notre alimentation. Les chercheurs du domaine soulignent souvent que le coût relativement plus élevé des aliments sains par rapport aux aliments de type camelote porte préjudice à la qualité de notre alimentation.
Ainsi, notre environnement alimentaire influencerait notre santé. Il a par ailleurs été suggéré, qu’au-delà de l’environnement en tant que tel, la perception que nous avons de celui-ci serait un facteur très important. Par exemple, le fait de trouver que le coût des aliments sains est trop élevé ou que le principal détaillant alimentaire est trop loin de sa résidence serait même un meilleur prédicteur de la qualité de l’alimentation que les mesures objectives de coût et d’accessibilité2.Cela démontre bien la pertinence de s’intéresser aux perceptions qu’ont les gens des différents facteurs environnementaux pouvant affecter leurs choix alimentaires. Bref, plus quelque chose nous «dérange», plus ce quelque chose risque d’avoir un réel effet négatif.
Dans un monde idéal, l’environnement alimentaire devrait être conçu pour favoriser de saines habitudes alimentaires, et les acteurs de la santé publique travaillent fort dans cette direction. Mais en attendant, si vous êtes parmi les clients qui ont à composer avec la fermeture récente d’un Jardin Mobile dans leur quartier, je vous souhaite de vous trouver rapidement un plan B. Ce serait dommage que quelque chose totalement hors de votre contrôle ait un effet négatif sur la qualité de votre alimentation.
1 Spence JC, Cutumisu N, Edwards J, Raine KD, Smoyer-Tomic K. «Relation between local food environments and obesity among adults». BMC Public Health 2009; 9:192. ↩
2 Giskes K, Van Lenthe FJ, Brug J, Mackenbach JP, Turrell G. «Socioeconomic inequalities in food purchasing: the contribution of respondent-perceived and actual (objectively measured) price and availability of foods». Prev Med 2007; 45:41-48. ↩
Publié le 26 août 2015 | Par titi
Publié le 25 février 2015 | Par Sophie M.
Je me demande encore qui, est-ce nos habitudes d'achat ou une déficience administrative, a causé cette perte de nos Jardins Mobiles?
Heureusement que j'ai trouvé un magasin sur le boulevard Hamel, Vitali Santé, où l'on ne vend que des fruits et des légumes biologiques en attendant le Panier équitable de l'été.
La proximité de mon Jardin Mobile me manque toujours.
Publié le 7 février 2015 | Par Jacques
Publié le 7 février 2015 | Par jeanne d'arc brochu
Je trouvais des légumes et fruits frais pas plus chers qu'à l'épicerie.
Je demeure dans un secteur où je n'ai pas une grosse épicerie alors les légumes et les fruits font pitié!
Jeanne d'arc
Publié le 6 février 2015 | Par Karine Gravel
Publié le 6 février 2015 | Par Simone Lemieux
Publié le 6 février 2015 | Par Doris Boucher
Publié le 6 février 2015 | Par Catherine Comtois
Les commentaires que vous partagez quant à la perte des Jardin mobile rejoignent tout à fait mes sentiments. J'avais exactement les mêmes habitudes que vous. Le Jardin Mobile faisait partie de ma trajectoire (j'ai perdu celui des Galeries de la Canardière au printemps dernier). Je vis dans un quartier où il n'y a pas beaucoup de commerces de proximité (aux Galeries de la Canardière, ils ferment les uns après les autres) et où la pauvreté se fait également sentir. J'aimais aller au Jardin Mobile pour faire l'achat de mes fruits et légumes et compléter mon «épicerie» avec d'autres items. Comme aspect positif, j'avais un commerce à échelle humaine et je ne me sentais pas perdue dans une immense épicerie avec peu de service (par ex., lorsque l'on fait son épicerie en dehors des périodes très achalandées, on peut parfois attendre aussi longtemps que lors d'une période achalandée). Par ailleurs, je trouve que la Fruiterie 440 est une bonne alternative, mais je ne sais pas toujours d'où proviennent les fruits et légumes... C'est un élément important pour moi, car je veux encourager (dans la mesure du possible) les producteurs de chez nous. Je suis aussi d'accord avec le commentaire précédent: il y avait de l'emballage à outrance au Jardin Mobile, rien n'étant parfait. Maintenant, je me rabats au Maxi, l'épicerie la plus près de ma demeure (je suis à pied), même si ce n'est pas mon commerce préféré. Enfin, une réflexion personnelle, il y beaucoup de choses qui se passent à l'heure actuelle au nom de l'économie, et je trouve qu'à vouloir tout réduire à des objectifs économiques, l'être humain y perd beaucoup en biodiversité et en termes de choix qu'il peut faire. C'est donc une des raisons pourquoi je cultive mes fruits et légumes l'été (j'ai un lot dans un jardin communautaire), ça me donne au moins un peu l'impression d'avoir une emprise sur les choix que je peux faire en termes d'alimentation. Voilà!
Publié le 6 février 2015 | Par Maryse
Publié le 6 février 2015 | Par Marie
J'ai essayé de m'habituer à celui des Halles de Sainte-Foy, mais il n'y a rien à faire. Je persiste à le boycotter. En ce qui concerne celui de Place Naviles, je peux y aller à pied, mais le retour à la maison est plus difficile avec les bras chargés de fruits et légumes. J'essaie moi aussi d'adopter l'épicerie, mais ça demeure difficile.
Cette petite ballade à pied qui est un triste souvenir a, par ailleurs, une influence sur mon tour de taille et ma capacité cardio-respiratoire. Ça aussi, je l'ai remarqué, car je me faisais un point d'honneur de toujours me rendre au Jardin mobile du chemin Sainte-Foy à pied. Ce Jardin Mobile était ma récompense, ce Jardin Mobile était ma source de motivation à m'y rendre à pied. J'ai perdu ma récompense et j'ai perdu le goût de cette petite ballade qui était bonne pour ma santé physique et mentale.
Publié le 6 février 2015 | Par L.B.
Je trouve au 440 de meilleurs prix et moins d'emballage à outrance,(plastique, etc.). Il n'y a pas de produits bio comme je le souhaiterais, cependant le Jardin Mobile n'était pas non plus un modèle à cet effet.
Note : Les commentaires doivent être apportés dans le respect d'autrui et rester en lien avec le sujet traité. Les administrateurs du site de Contact agissent comme modérateurs et la publication des commentaires reste à leur discrétion.
commentez ce billet