La nutrition au menu
Publié le 22 mai 2014 | Par Simone Lemieux
Bougez plus pour manger mieux
Loin de moi l’idée de renier ma profession, mais je dois vous faire une confession: je ressens beaucoup plus clairement les bienfaits de l’activité physique dans mon quotidien que ceux associés à la qualité de mon alimentation. J’ai d’ailleurs toujours été un peu jalouse de mes collègues kinésiologues qui ont, selon moi, la chance de «vendre un produit» dont les effets peuvent être ressentis de façon très tangible dans différents domaines de la vie, un produit qui peut même amener ses adeptes à développer une saine dépendance! Bien que je ne renie pas les effets bénéfiques de la saine alimentation sur la santé, je dois quand même vous avouer que les bienfaits immédiats que je peux ressentir en mangeant un bol de fruits n’arrivent pas à la cheville de ceux que me procure la course, même si j’adore les fruits!
En ce mois de l’activité physique, il me semble de mise de vous rappeler que la pratique régulière d’exercices physiques est associée à une longue liste de bénéfices, comme la prévention des maladies chroniques, le maintien d’une bonne santé mentale, une meilleure qualité du sommeil, une meilleure gestion du stress, etc. Saviez-vous qu’on peut ajouter à cette liste des effets souhaitables sur la qualité de l’alimentation? En fait, bouger plus nous aiderait à mieux manger!
D’une pierre deux coups
Quand on examine les études qui documentent à la fois les habitudes alimentaires et celles en matière de pratique d’activité physique, on constate que les gens plus actifs ont de meilleures habitudes alimentaires. On peut proposer diverses explications à ce phénomène; des chercheurs ont entre autres suggéré qu’il pourrait y avoir des déterminants communs à la pratique d’activité physique et à l’adoption de saines habitudes alimentaires, par exemple un niveau d’éducation plus élevé.
Pratique d’activité physique et prise alimentaire
Au-delà des associations observées entre la pratique d’activité physique et la saine alimentation, des études avancent que la première pourrait avoir un effet direct sur les choix alimentaires, tant au plan de la quantité que de la qualité. En matière de quantité, je trouve particulièrement intéressantes les données ayant démontré que les personnes actives auraient une meilleure compensation calorique que celles qui sont sédentaires. Avoir une bonne compensation calorique, c’est être en mesure de bien ajuster l’apport en calories selon les fluctuations des prises alimentaires. Cet ajustement ne se fait pas avec une calculatrice, mais plutôt en écoutant les signaux de faim et de rassasiement que notre corps nous envoie. Autrement dit, une personne avec une bonne compensation calorique mangera spontanément moins au repas suivant un repas plus copieux. Ces personnes ont moins tendance à prendre du poids, car même lorsqu’elles mangent plus qu’à l’habitude lors d’un repas (ça arrive à tout le monde!), elles compensent tout naturellement en mangeant moins par la suite. Est-ce que le phénomène pourrait être expliqué par le fait que l’activité physique amène à être plus à l’écoute de son corps (constater qu’on est moins essoufflé qu’à l’habitude, se découvrir des «nouveaux muscles» quand on est courbaturé, etc.) et par le fait même à mieux écouter ses signaux de faim et de rassasiement?
Saliver pour des aliments sains
Laissez-moi maintenant vous parler d’une recherche tout à fait originale qui suggère que la pratique d’activité physique peut modifier nos préférences pour certains aliments1. Dans cette étude réalisée avec un groupe de jeunes hommes, on «photographiait» des zones du cerveau lors de la vue d’images de nourriture. Les photos étaient prises soit après un exercice physique assez intense d’une durée de 60 minutes, soit après une période de repos de même durée. Des images d’aliments riches en calories (frites, gâteaux, chocolat, etc.), d’autres d’aliments peu caloriques (différents fruits et légumes, par exemple) ainsi que des images neutres (table, arbre, étoile, etc.) étaient montrées aux participants dans un ordre aléatoire. Les chercheurs ont démontré qu’après avoir terminé l’activité physique, les zones du cerveau associées au désir de manger étaient très actives à la vue des images d’aliments moins caloriques alors qu’elles l’étaient très peu pour les aliments plus caloriques. L’inverse était vrai à la suite de la condition de repos.
Finalement, plusieurs données de recherche appuient bien l’idée que l’activité physique puisse aider à avoir de meilleures habitudes alimentaires. Par contre, on peut se demander si ces effets bénéfiques sont tout autant observables chez les gens qui ont ce que j’appelle une «approche comptable» de la pratique d’activité physique. On a l’impression que ces personnes effectuent des transactions «postdatées» puisqu’elles réfléchissent en termes de «si je brûle des calories en bougeant, je pourrai me permettre de manger plus». En d’autres mots, si on fait de l’activité physique pour pouvoir «se taper une poutine», le désir bien nourri de la poutine sera peut-être plus grand que les signaux que le corps nous envoie de façon naturelle à la suite de la pratique d’une activité physique et qui nous donneraient plutôt envie de manger sainement…
Je vais continuer à réfléchir là-dessus, en courant… Puisqu’en plus de ses nombreux bénéfices sur la santé, l’activité physique favorise aussi la créativité2. Considérant tout cela, il devient vraiment difficile de s’en passer!
Bonne fin de mois de l’activité physique!
1 Crabtree DR, Chambers ES, Hardwick RM, Blannin AK. «The effects of high-intensity exercise on neural responses to images of food.» Am J Clin Nutr 2014; 99:258-67. ↩
2 Oppezzo M, Schwartz DL. «Give your ideas some legs: The positive effect of walking on creative thinking.» J Exp Psychol Learn Mem Cogn 2014, sous presse. ↩
Publié le 10 juin 2014 | Par Simone Lemieux
Publié le 10 juin 2014 | Par rocky bouchard
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