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Photo de Simone Lemieux

Alimentation en eaux troubles

La première fois que j’ai entendu le mot anorexie, j’avais 11 ans. Une jeune fille de mon quartier était hospitalisée en raison de cette maladie. Elle était apparemment dans un état très grave, mais il m’était difficile de comprendre ce que ça voulait dire. Lorsque je l’ai croisée après sa sortie de l’hôpital, j’ai vu les ravages et j’ai compris la gravité de sa maladie. Et pourtant, elle avait regagné du poids…

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Depuis, je suis restée très sensible aux troubles alimentaires. Je côtoie au quotidien des jeunes femmes souvent très perfectionnistes et extrêmement intéressées par tout ce qui touche les aliments et la nutrition. Cette combinaison semble propice au développement d’un trouble alimentaire, notamment l’anorexie et la boulimie. En effet, certaines études ont démontré une prévalence particulièrement élevée de troubles alimentaires chez les étudiantes en nutrition 1. Ainsi, il m’est arrivé de recevoir des confessions, des véritables cris du cœur. Ça fait mal un trouble alimentaire, et il est difficile de rester insensible face à cette souffrance.

Des symptômes méconnus
On a parfois l’impression que l’anorexie est réservée aux personnes extrêmement maigres. Ce n’est pas le cas, et cette croyance peut nuire à la détection des personnes souffrant de cette maladie. Selon le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-V), les personnes anorexiques peuvent avoir un poids tout juste sous la limite de la normale. Cette normalité est définie par l’indice de masse corporelle (IMC) qui s’obtient en divisant le poids en kilogrammes par la taille en mètres élevée au carré. Les valeurs de poids que l’on considère normales devraient se situer entre 18,5 et 25 kg/m2. Par exemple, une femme pesant 50 kg et mesurant 1,65 m possède un IMC sous la borne inférieure définissant la normalité puisque celui-ci est de 18,4 kg/m2. Une telle personne peut facilement «passer» comme étant tout simplement mince et n’attirera pas nécessairement les regards en raison de la maigreur.

Bien entendu, le poids corporel n’est pas le seul critère de l’anorexie. Si c’était le cas, ce ne serait pas un problème de santé mentale. Ainsi, une personne peut avoir un IMC en deçà de la zone de normalité et ne pas être anorexique. En fait, en plus du critère relatif au poids, d’autres aspects comme la peur intense de prendre du poids ou de devenir gros, l’altération de la perception de la forme de son propre corps, une influence excessive du poids sur l’estime de soi et un déni de la gravité de la maigreur font partie des critères permettant le diagnostic de l’anorexie.

Quant à la boulimie, bien malin celui qui pourrait prétendre la détecter à l’œil nu. En effet, les personnes boulimiques ont habituellement un poids normal, et leurs crises de boulimie ne se font pas autour d’une table à la cafétéria sur l’heure du midi! Ces crises se caractérisent par une ingestion importante de nourriture en un court laps de temps et sont accompagnées d’une sensation de perte de contrôle. De plus, les personnes souffrant de boulimie adoptent des comportements compensatoires inappropriés et récurrents pour prévenir la prise de poids comme les vomissements provoqués, l’usage de laxatifs et l’exercice physique excessif.

Des interventions qui rapportent
Nos étudiantes qui souffrent d’anorexie sont peut-être les plus chanceuses dans leur malchance. C’est qu’on remarque plus facilement la perte de poids chez des femmes déjà minces, ce qui permet d’aller vers elles plus rapidement pour leur offrir notre support. Depuis que notre programme s’est doté d’une philosophie quant aux troubles alimentaires, nous n’hésitons pas à aller vers les étudiantes chez lesquelles nous suspectons un problème, et ce sont souvent les collègues de classe ou les amies qui sonnent l’alarme. Parfois nos interventions nous semblent vaines et nous nous faisons dire à mots à peine couverts: «Mêle-toi donc de tes affaires!» Mais d’autres fois, elles en valent grandement la peine puisqu’elles sont le premier pas vers une prise en charge qui permettra de voir un peu de lumière au bout du tunnel.

Finalement, il est important de souligner que les troubles alimentaires, bien que plus fréquents chez les femmes, touchent également les hommes. De plus, au delà de l’anorexie et de la boulimie, il existe d’autres troubles alimentaires dont certains se trouvent dans une zone grise parce qu’il n’existe actuellement pas de critères spécifiques pour leur diagnostic.

Semaine nationale de la sensibilisation aux troubles alimentaires
Du 2 au 8 février, c’est la semaine nationale de sensibilisation aux troubles alimentaires. Le groupe ANEB Québec et la Maison l’Éclaircie font équipe pour offrir différentes activités et en profitent pour lancer une campagne de sensibilisation à l’échelle du Québec sous le thème «Le cri du corps». Je vous invite à lire le communiqué de pressequi vous en dira plus sur l’événement et à visiter le site Web de la Maison l’Éclaircie pour connaître les services qui y sont offerts.

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  1. Publié le 13 juillet 2015 | Par Simone Lemieux

    Bonjour,
    Je vous remercie de votre témoignage.
    Tout d'abord, le fait que vous reconnaissiez votre problème est déjà un très grand pas, puisque certaines personnes avec un trouble alimentaire tardent à aller chercher de l'aide puisqu'elles ne sont pas capables de voir leur problème.
    Les régimes que vous avez effectués entretiennent fort probablement votre trouble alimentaire. L'état de restriction dans lequel vous vous placez en faisant ces diètes déclenchent fort probablement vos crises de boulimie. Ainsi, selon moi, il serait beaucoup plus profitable en ce moment de mettre vos énergies sur le traitement du trouble alimentaire plutôt que de recommencer une autres démarche de perte de poids.
    Je n'offre pas de services cliniques, mais je peux vous suggérer certaines ressources spécialisées en troubles alimentaires. Si vous êtes de la région de Québec, vous pouvez contacter la http://www.maisoneclaircie.qc.ca/" >Maison l'Éclaircie qui offre différents services pour les personnes aux prises avec des troubles alimentaires. Les gens de l'Éclaircie peuvent également vous donner des noms de professionnels spécialisés dans le traitement des troubles alimentaires. Le site Web http://www.anebquebec.com/" >aneb Québec est également un endroit où vous pouvez trouver de l'information et différentes ressources.
    Et pour répondre à votre dernière question, oui c'est possible de s'en sortir.

    Je vous souhaite sincèrement de retrouver une relation saine avec la nourriture.
  2. Publié le 12 juillet 2015 | Par Nadeau

    Bonjour
    J'aurais besoin de bons conseils. Cette année, j'ai eu 50 ans et je vis des troubles alimentaires depuis l'âge de 12 ans. Votre blogue est en plein ce que j'ai vécu et que je vis encore...

    Au début, une période d'anorexie, par la suite des grosses crises de boulimie et tous les régime possibles, je les ai faits. À chaque fois que j'ai perdu 20, 30, 40 livre, je les ai toujours repris: protéine, minçavie, centre santé minceur, base calorie (800 calories), nommez-les, je les ai faits... J'ai encore des crises de boulimie et de la culpabilité lors de la pesée. Je ne sais plus comment faire pour ne plus avoir cette relation avec la nourriture.

    J'aimerais beaucoup me sentir bien dans ma peau et pour ça je devrais encore perdre les 25 livres en trop qui me font sentir inconfortable dans mon corps et indésirable selon mon point de vue. Est-ce que c'est possible de s'en sortir et de guérir?
    Merci

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