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Hiver 2009

Le stress en milieu de travail selon trois diplômés

Le témoignage de trois diplômés sur les conditions de travail dans les régions où ils habitent: France, Alberta et Colombie-Britannique.

FRANCE: PRÉSERVER LA QUALITÉ DE VIE

En Europe comme ailleurs, la pénurie de main-d’œuvre s’accentue. La capacité de rétention des salariés est directement liée à la qualité de vie au travail. Or, les employés ne peuvent plus s’appuyer sur les législations actuelles, qui sont en décalage par rapport aux nouvelles réalités du travail.

Michel Roy (Relations industrielles 1983; Santé au travail 1984; Santé communautaire 1991) travaille à titre de directeur des ressources humaines chez Rio Tinto Alcan en France, où il réside depuis bientôt cinq ans. «Je fais un boulot que j’adore, mais qui m’oblige à voyager constamment, relate-t-il. Dans un mois, je fais souvent plus de 80 heures d’avion, j’y dors trois ou quatre nuits et j’accumule des dizaines d’heures de décalage horaire. Je dois travailler certains week-ends parce que la semaine de travail n’est pas la même dans les pays du Moyen-Orient, ou encore participer à des conférences téléphoniques tôt le matin pour parler à la fois à mes collègues d’Australie et du Canada. On ne peut pas faire ce type de métier en santé bien longtemps si on n’a pas trouvé un équilibre entre son travail et sa vie personnelle.»

Selon lui, chaque entreprise doit faire le bilan des problèmes de santé psychologique qui se présentent à elle et y apporter des solutions adaptées. En France, les grandes compagnies ont compris qu’il en va de leur croissance de se préoccuper de la santé des employés, de miser sur la flexibilité et de définir les conditions idéales pour préserver un équilibre travail-famille.

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ALBERTA: SURVIVRE À LA PÉNURIE DE PERSONNEL

Pierre Girard (Relations industrielles 1988) revient tout juste au Québec après avoir travaillé plusieurs années dans l’Ouest à titre de vice-président des ressources humaines pour une entreprise du secteur de l’alimentation. Son constat: en Alberta, la pénurie de main-d’œuvre entraîne un stress de plus en plus grand au travail, tant pour les employés que pour les administrateurs.

Avec un taux d’activité qui frôle le plein emploi, les entreprises doivent très souvent fonctionner avec des effectifs réduits de 10 % à 20 %. Elles doivent également composer avec un taux de roulement très élevé. Afin de survivre, elles se tournent vers une main-d’œuvre étrangère. Ces ouvriers, qui arrivent souvent au Canada sans expérience, doivent s’adapter à un rythme rapide et travailler avec un superviseur qui a lui-même été promu trop vite. Ils allongent alors leurs heures de travail, ce qui augmente le niveau de stress. Le coût de la vie étant exorbitant en Alberta, certains travailleurs doivent même occuper deux emplois pour payer leurs dépenses courantes et pour soutenir financièrement leurs proches restés dans le pays d’origine.

La pénurie de personnel semble être la situation idéale pour un individu en quête d’emploi. Pourtant, il en résulte un taux d’absentéisme élevé pour cause de maladie ou de fatigue excessive. Afin de retenir les employés, les services des ressources humaines offrent des programmes de santé innovateurs, des congés de maladie remboursés à taux triple lorsque inutilisés, des chèques-cadeaux remis après huit heures supplémentaires… Mais est-ce assez? «Ces incitatifs sont des baumes temporaires qui ne font que retarder un arrêt de travail, dont la récupération sera encore plus longue.»

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COLOMBIE-BRITANNIQUE:  ENSEIGNER SOUS PRESSION

Le nord de la Colombie-Britannique offre certainement de belles activités de plein air. Cependant, tous les employeurs des communautés rurales ne se soucient pas du bien-être psychologique de leurs employés. «C’est ce que m’ont démontré mes 16 années d’enseignement en immersion française à Kitimat, une petite ville industrielle située au nord-ouest de la province», témoigne Audrey Rainville (Psychologie 1989; Enseignement secondaire du français 1992).

Les compressions budgétaires gouvernementales se sont multipliées en éducation. Dans les petites communautés, la population étudiante diminue sans cesse. Pour équilibrer le budget, on a même instauré la semaine d’école de quatre jours. Du coup, les travailleurs de soutien ont vu leur horaire et leur salaire réduits de 20 %, sans toutefois voir leur tâche diminuée. Quant aux enseignants, ils ont dû composer avec des journées plus longues et moins de services aux élèves, tout en s’ajustant aux changements de programme.

«Dans ce contexte où il faut toujours faire plus avec moins, il devient difficile de continuer à trouver de la satisfaction dans son travail et à se sentir apprécié, deux facteurs importants dans la recherche d’un équilibre psychologique au travail. Il faut espérer que les conditions de travail des enseignants s’amélioreront pour permettre un recrutement plus aisé dans le futur.»
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