Hélène Desputeaux retrouve Caillou et la joie de créer
Après une bataille paralysante pour la reconnaissance de ses droits d'auteur, l'illustratrice reprend du service.
Par Andrée Poulin
Caillou a 20 ans cette année. Sa créatrice, Hélène Desputeaux (Communication graphique 1981), célèbre dans la sérénité l’anniversaire de son illustre personnage. Après une longue et douloureuse saga judiciaire entourant la «maternité» de Caillou, l’auteure-illustratrice a retrouvé le plaisir de créer des histoires pour enchanter les tout-petits.
Succès d’estime, succès commercial et phénomène d’édition, les bébés-livres de Caillou ont projeté Hélène Desputeaux sous les feux des projecteurs. Mais l’œuvre de cette artiste ne se limite pas à la série Caillou. Depuis 1983, elle a illustré plus d’une centaine de livres pour enfants, allant des manuels scolaires aux albums d’autres auteurs jeunesse. Créatrice éclectique, elle a aussi conçu décors, marionnettes, pochettes de disques et cartes de souhaits. Sa production lui a valu plusieurs prix et honneurs, dont le prestigieux Prix M. Christie du meilleur livre canadien pour enfants en 1994. En 1995, l’Association des diplômés de l’Université Laval a reconnu le rayonnement de l’œuvre d’Hélène Desputeaux, en lui remettant la médaille Raymond-Blais.
Vocation précoce
Hélène Desputeaux a su très tôt qu’elle voulait créer pour les jeunes. Déjà, à 16 ans, elle donne des ateliers d’arts plastiques aux enfants du quartier de Québec où elle a grandi, Montcalm. Après un DEC en arts plastiques au Collège Notre-Dame-de-Foy de Cap-Rouge, elle s’inscrit à l’Université Laval, attirée par les cours en illustration offerts au bac en arts visuels.
«Mes profs étaient exigeants et ça m’a servi. J’étais trop perfectionniste et l’un d’eux, Antoine Dumas, m’a appris à mettre un point final à une image. Il me disait “Il faut que tu apprennes à arrêter. À force de toujours refaire, tu ne remettras jamais rien.”» Pour Hélène Desputeaux, ses études à l’Université Laval constituent ses « années d’observation». «J’expérimentais tout le temps, se souvient-elle. Je faisais beaucoup de dessins d’observation de la vie quotidienne.»
Même s’il a vu défiler des centaines d’étudiants au cours de sa carrière, Antoine Dumas, professeur maintenant retraité, se souvient d’Hélène Desputeaux. «Dans les exercices, la plupart des étudiants remettaient des dessins prévisibles, alors qu’elle apportait des travaux hors de l’ordinaire. Elle se distinguait du reste du groupe par son originalité.»
Diplôme universitaire en poche, la jeune artiste éprouve déjà un ardent désir de dessiner pour les enfants. Son sens pratique lui dicte cependant de se doter d’un second métier. Fraîchement déménagée à Montréal, elle s’inscrit en éducation à l’UQAM, dans le but d’enseigner au préscolaire et au primaire.
S’ensuit alors une période féconde et affairée, où Hélène Desputeaux jongle avec ses cours du soir et ses premiers contrats d’illustratrice. Elle collabore à la série télévisée Passe-Partout en illustrant des cahiers de chansons, des revues et des petits contes. «Cette émission a été mon école graphique, rapporte-t-elle. Techniquement, j’ai appris beaucoup. C’était aussi mon “alimentaire”.» En 1984, elle décroche un contrat avec un éditeur du Danemark pour illustrer son premier album pour enfants: Les habits neufs de l’Empereur, de Hans Christian Andersen.
Un style très personnel
La grande aventure de Caillou commence en 1989, lorsque les Éditions Chouette/Héritage lui proposent de créer une collection de bébés-livres. Hélène Desputeaux dessine le petit personnage, qui deviendra un jour célèbre dans le monde entier. Dès le début, l’illustratrice donne son style très personnel à l’univers de Caillou: couleurs vives, scènes du quotidien, multitude de détails rigolos et atmosphère de gaieté tendre.
«J’ai commencé les esquisses en avril, alors que j’étais enceinte de mon premier enfant ; j’ai livré quatre albums en trois mois et j’ai accouché en août», raconte-t-elle en souriant, encore étonnée de ce rythme effréné.
La série connaît rapidement le succès, mais la collaboration entre Chouette/Héritage et Hélène Desputeaux se dégrade. En 1996, l’illustratrice poursuit la maison d’édition pour absence de rééditions et redevances impayées en vertu des contrats. Débute alors une bataille juridique qui durera… une décennie! Après une tentative d’arbitrage infructueuse, la cause s’est rendue jusqu’en Cour suprême.
Pendant que l’illustratrice combat bec et ongles pour démontrer qu’elle est véritablement la créatrice du marmot au crâne tout lisse et qu’il existe bien un «style Desputeaux», les livres de Caillou sont adaptés en dessins animés. La télévision fait prodigieusement grimper la popularité du personnage et engendre des traductions dans une quarantaine de pays, ainsi qu’une multitude de produits dérivés, tandis que l’illustratrice continue d’être tenue à l’écart.
Au fil des diverses adaptations, Caillou vieillit et ressemble de moins en moins au bébé dessiné par Mme Desputeaux. L’illustratrice assiste avec une profonde révolte et un sentiment d’impuissance à la transformation de son univers graphique, hors de son contrôle et de sa connaissance, en une foule de produits commerciaux –du shampoing au sac à dos.
Pour Hélène Desputeaux, ce sont «des années d’enfer», où elle découvre la lenteur et les coûts (très élevés) de la justice. «Mon conjoint photographiait tous les articles de Caillou qu’on voyait dans les magasins. Les boîtes remplies de documents légaux s’empilaient dans notre cuisine. Je vivais là-dedans, je ne parlais que de ça. Il y avait une douleur qui était là tout le temps. J’ai beaucoup pleuré.»
L’envie de s’arrêter
À plusieurs reprises, la créatrice a envie d’abandonner la bataille légale. «Mais je savais que j’avais raison et je ne voulais pas que mes filles disent plus tard: notre mère ne s’est pas battue pour quelque chose d’aussi important.»
Grâce au soutien moral de son conjoint et de ses deux filles, Hélène Desputeaux n’a pas lâché. En 2005, après 10 ans de procédures judiciaires, elle conclut une entente hors cour avec les Éditions Chouette/Héritage. Les termes de cette entente demeurent confidentiels. On sait cependant que l’illustratrice a récupéré ses droits sur le personnage dessiné de Caillou.
«J’ai dû faire des compromis, mais l’œuvre originale me revient, précise-t-elle. J’ai perdu 10 ans de ma vie.» Elle ajoute aussitôt, sans amertume apparente, du ton calme d’une femme qui a fait la paix avec ce douloureux litige: «Si c’était à refaire, je le referais!»
Durant l’interminable bataille judiciaire, Hélène Desputeaux cesse de créer. «J’ai fermé ma table à dessin. Je n’étais plus capable de me faire confiance comme artiste ou de faire confiance à un éditeur.» Ce n’est qu’en 2004 qu’elle arrive à se dire «ils ne t’ont pas volé ton pouvoir de dessiner».
Son retour à la création ne se fait pas en un claquement de doigts. Au début, elle ne dessine qu’au crayon. Puis elle s’enhardit et crée Décembre ou Les 24 jours de Juliette, un superbe album de Noël, publié aux Éditions Les 400 coups.
Faire rêver
Paradoxalement, la saga judiciaire qui a paralysé son élan créateur lui a aussi donné confiance. Elle ressort de ce conflit déterminée à gérer elle-même ses créations. «Personne ne va me marcher sur les pieds dorénavant. Personne ne va entrer dans mon espace vital quand je crée.» Avec l’homme qui partage sa vie depuis plus de 30 ans, le créateur et designer Michel Aubin, elle lance la maison de production Desputeaux+Aubin.
Le couple crée côte à côte dans le grenier-atelier de sa maison à Belœil. «Nous n’avons pas de subvention et nous n’en voulons pas. Nous travaillons à notre rythme et selon nos objectifs. Nous voulons être heureux, nous voulons la paix.»
Le tandem ne chôme pas: depuis 2006, trois livres de Caillou ont été réédités avec de nouveaux titres et de nouveaux textes. Hélène Desputeaux a également pondu deux nouveaux Caillou et un troisième paraîtra cet l’automne.
«Ça coulé tout seul, précise-t-elle en souriant. Il n’y avait pas de douleur, j’étais guérie. J’aime ce personnage et j’y crois encore. D’autres ont fait de Caillou un enfant parfait, avec une famille parfaite, mais ce n’est pas ça la vie…» La créatrice a aussi imaginé un nouveau personnage, Mella, dont l’espièglerie se déploie déjà dans quatre bébés-livres.
L’artisane et la prof
Bien qu’elle illustre pour les jeunes depuis plus de deux décennies, Hélène Desputeaux garde les mêmes outils qu’à ses débuts. «Je suis comme un dinosaure. J’ai une table à dessin à l’ancienne, avec pinceaux, pots d’encre, crayons, gommes à effacer. Je mélange moi-même mes couleurs. C’est plus de travail, mais il ne faut pas m’enlever ce plaisir-là.»
Elle ne dessine pas du tout à l’ordinateur. «Pour moi, un dessin à l’ordinateur n’a pas d’âme, dit-elle. La machine ne me parle pas, alors que le pinceau me parle. Parfois, tu fais une erreur, et ça va t’amener vers autre chose. L’ordinateur ne me donne pas de beaux hasards.»
Durant les creux de vague de sa carrière d’illustratrice, Hélène Desputeaux a puisé réconfort et rigolades dans l’enseignement. Elle enseigne toujours, en classe maternelle, un jour par semaine. Ses élèves l’appellent «le cadeau du vendredi». Elle teste ses albums auprès des petits qui, en revanche, lui inspirent une multitude d’histoires. «La buée sur une fenêtre de la classe, même la mauvaise humeur d’un enfant peut me donner une idée. Je saisis tout ce qui passe.»
Des idées de livres, Hélène Desputeaux en a plein la tête. Elle a aussi le désir d’explorer d’autres techniques (notamment le collage) et d’illustrer pour d’autres auteurs. Ni le temps, ni les déceptions, ni les aléas du métier n’ont étouffé sa joie de dessiner. Voilà le phénix qui renaît de ses cendres.
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TÉMOIGNAGES DE DIPLÔMÉS
Lisez le témoignage de trois diplômés sur l’état de la littérature enfantine dans les pays où ils habitent: Sénégal, Gabon et Canada (Ontario).
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Succès d’estime, succès commercial et phénomène d’édition, les bébés-livres de Caillou ont projeté Hélène Desputeaux sous les feux des projecteurs. Mais l’œuvre de cette artiste ne se limite pas à la série Caillou. Depuis 1983, elle a illustré plus d’une centaine de livres pour enfants, allant des manuels scolaires aux albums d’autres auteurs jeunesse. Créatrice éclectique, elle a aussi conçu décors, marionnettes, pochettes de disques et cartes de souhaits. Sa production lui a valu plusieurs prix et honneurs, dont le prestigieux Prix M. Christie du meilleur livre canadien pour enfants en 1994. En 1995, l’Association des diplômés de l’Université Laval a reconnu le rayonnement de l’œuvre d’Hélène Desputeaux, en lui remettant la médaille Raymond-Blais.
Vocation précoce
Hélène Desputeaux a su très tôt qu’elle voulait créer pour les jeunes. Déjà, à 16 ans, elle donne des ateliers d’arts plastiques aux enfants du quartier de Québec où elle a grandi, Montcalm. Après un DEC en arts plastiques au Collège Notre-Dame-de-Foy de Cap-Rouge, elle s’inscrit à l’Université Laval, attirée par les cours en illustration offerts au bac en arts visuels.
«Mes profs étaient exigeants et ça m’a servi. J’étais trop perfectionniste et l’un d’eux, Antoine Dumas, m’a appris à mettre un point final à une image. Il me disait “Il faut que tu apprennes à arrêter. À force de toujours refaire, tu ne remettras jamais rien.”» Pour Hélène Desputeaux, ses études à l’Université Laval constituent ses « années d’observation». «J’expérimentais tout le temps, se souvient-elle. Je faisais beaucoup de dessins d’observation de la vie quotidienne.»
Même s’il a vu défiler des centaines d’étudiants au cours de sa carrière, Antoine Dumas, professeur maintenant retraité, se souvient d’Hélène Desputeaux. «Dans les exercices, la plupart des étudiants remettaient des dessins prévisibles, alors qu’elle apportait des travaux hors de l’ordinaire. Elle se distinguait du reste du groupe par son originalité.»
Diplôme universitaire en poche, la jeune artiste éprouve déjà un ardent désir de dessiner pour les enfants. Son sens pratique lui dicte cependant de se doter d’un second métier. Fraîchement déménagée à Montréal, elle s’inscrit en éducation à l’UQAM, dans le but d’enseigner au préscolaire et au primaire.
S’ensuit alors une période féconde et affairée, où Hélène Desputeaux jongle avec ses cours du soir et ses premiers contrats d’illustratrice. Elle collabore à la série télévisée Passe-Partout en illustrant des cahiers de chansons, des revues et des petits contes. «Cette émission a été mon école graphique, rapporte-t-elle. Techniquement, j’ai appris beaucoup. C’était aussi mon “alimentaire”.» En 1984, elle décroche un contrat avec un éditeur du Danemark pour illustrer son premier album pour enfants: Les habits neufs de l’Empereur, de Hans Christian Andersen.
Un style très personnel
La grande aventure de Caillou commence en 1989, lorsque les Éditions Chouette/Héritage lui proposent de créer une collection de bébés-livres. Hélène Desputeaux dessine le petit personnage, qui deviendra un jour célèbre dans le monde entier. Dès le début, l’illustratrice donne son style très personnel à l’univers de Caillou: couleurs vives, scènes du quotidien, multitude de détails rigolos et atmosphère de gaieté tendre.
«J’ai commencé les esquisses en avril, alors que j’étais enceinte de mon premier enfant ; j’ai livré quatre albums en trois mois et j’ai accouché en août», raconte-t-elle en souriant, encore étonnée de ce rythme effréné.
La série connaît rapidement le succès, mais la collaboration entre Chouette/Héritage et Hélène Desputeaux se dégrade. En 1996, l’illustratrice poursuit la maison d’édition pour absence de rééditions et redevances impayées en vertu des contrats. Débute alors une bataille juridique qui durera… une décennie! Après une tentative d’arbitrage infructueuse, la cause s’est rendue jusqu’en Cour suprême.
Pendant que l’illustratrice combat bec et ongles pour démontrer qu’elle est véritablement la créatrice du marmot au crâne tout lisse et qu’il existe bien un «style Desputeaux», les livres de Caillou sont adaptés en dessins animés. La télévision fait prodigieusement grimper la popularité du personnage et engendre des traductions dans une quarantaine de pays, ainsi qu’une multitude de produits dérivés, tandis que l’illustratrice continue d’être tenue à l’écart.
Au fil des diverses adaptations, Caillou vieillit et ressemble de moins en moins au bébé dessiné par Mme Desputeaux. L’illustratrice assiste avec une profonde révolte et un sentiment d’impuissance à la transformation de son univers graphique, hors de son contrôle et de sa connaissance, en une foule de produits commerciaux –du shampoing au sac à dos.
Pour Hélène Desputeaux, ce sont «des années d’enfer», où elle découvre la lenteur et les coûts (très élevés) de la justice. «Mon conjoint photographiait tous les articles de Caillou qu’on voyait dans les magasins. Les boîtes remplies de documents légaux s’empilaient dans notre cuisine. Je vivais là-dedans, je ne parlais que de ça. Il y avait une douleur qui était là tout le temps. J’ai beaucoup pleuré.»
L’envie de s’arrêter
À plusieurs reprises, la créatrice a envie d’abandonner la bataille légale. «Mais je savais que j’avais raison et je ne voulais pas que mes filles disent plus tard: notre mère ne s’est pas battue pour quelque chose d’aussi important.»
Grâce au soutien moral de son conjoint et de ses deux filles, Hélène Desputeaux n’a pas lâché. En 2005, après 10 ans de procédures judiciaires, elle conclut une entente hors cour avec les Éditions Chouette/Héritage. Les termes de cette entente demeurent confidentiels. On sait cependant que l’illustratrice a récupéré ses droits sur le personnage dessiné de Caillou.
«J’ai dû faire des compromis, mais l’œuvre originale me revient, précise-t-elle. J’ai perdu 10 ans de ma vie.» Elle ajoute aussitôt, sans amertume apparente, du ton calme d’une femme qui a fait la paix avec ce douloureux litige: «Si c’était à refaire, je le referais!»
Durant l’interminable bataille judiciaire, Hélène Desputeaux cesse de créer. «J’ai fermé ma table à dessin. Je n’étais plus capable de me faire confiance comme artiste ou de faire confiance à un éditeur.» Ce n’est qu’en 2004 qu’elle arrive à se dire «ils ne t’ont pas volé ton pouvoir de dessiner».
Son retour à la création ne se fait pas en un claquement de doigts. Au début, elle ne dessine qu’au crayon. Puis elle s’enhardit et crée Décembre ou Les 24 jours de Juliette, un superbe album de Noël, publié aux Éditions Les 400 coups.
Faire rêver
Paradoxalement, la saga judiciaire qui a paralysé son élan créateur lui a aussi donné confiance. Elle ressort de ce conflit déterminée à gérer elle-même ses créations. «Personne ne va me marcher sur les pieds dorénavant. Personne ne va entrer dans mon espace vital quand je crée.» Avec l’homme qui partage sa vie depuis plus de 30 ans, le créateur et designer Michel Aubin, elle lance la maison de production Desputeaux+Aubin.
Le couple crée côte à côte dans le grenier-atelier de sa maison à Belœil. «Nous n’avons pas de subvention et nous n’en voulons pas. Nous travaillons à notre rythme et selon nos objectifs. Nous voulons être heureux, nous voulons la paix.»
Le tandem ne chôme pas: depuis 2006, trois livres de Caillou ont été réédités avec de nouveaux titres et de nouveaux textes. Hélène Desputeaux a également pondu deux nouveaux Caillou et un troisième paraîtra cet l’automne.
«Ça coulé tout seul, précise-t-elle en souriant. Il n’y avait pas de douleur, j’étais guérie. J’aime ce personnage et j’y crois encore. D’autres ont fait de Caillou un enfant parfait, avec une famille parfaite, mais ce n’est pas ça la vie…» La créatrice a aussi imaginé un nouveau personnage, Mella, dont l’espièglerie se déploie déjà dans quatre bébés-livres.
L’artisane et la prof
Bien qu’elle illustre pour les jeunes depuis plus de deux décennies, Hélène Desputeaux garde les mêmes outils qu’à ses débuts. «Je suis comme un dinosaure. J’ai une table à dessin à l’ancienne, avec pinceaux, pots d’encre, crayons, gommes à effacer. Je mélange moi-même mes couleurs. C’est plus de travail, mais il ne faut pas m’enlever ce plaisir-là.»
Elle ne dessine pas du tout à l’ordinateur. «Pour moi, un dessin à l’ordinateur n’a pas d’âme, dit-elle. La machine ne me parle pas, alors que le pinceau me parle. Parfois, tu fais une erreur, et ça va t’amener vers autre chose. L’ordinateur ne me donne pas de beaux hasards.»
Durant les creux de vague de sa carrière d’illustratrice, Hélène Desputeaux a puisé réconfort et rigolades dans l’enseignement. Elle enseigne toujours, en classe maternelle, un jour par semaine. Ses élèves l’appellent «le cadeau du vendredi». Elle teste ses albums auprès des petits qui, en revanche, lui inspirent une multitude d’histoires. «La buée sur une fenêtre de la classe, même la mauvaise humeur d’un enfant peut me donner une idée. Je saisis tout ce qui passe.»
Des idées de livres, Hélène Desputeaux en a plein la tête. Elle a aussi le désir d’explorer d’autres techniques (notamment le collage) et d’illustrer pour d’autres auteurs. Ni le temps, ni les déceptions, ni les aléas du métier n’ont étouffé sa joie de dessiner. Voilà le phénix qui renaît de ses cendres.
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TÉMOIGNAGES DE DIPLÔMÉS
Lisez le témoignage de trois diplômés sur l’état de la littérature enfantine dans les pays où ils habitent: Sénégal, Gabon et Canada (Ontario).
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