Le magazine Contact

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Le magazine Contact

Automne 2009

Ce que vous en pensez

Des lecteurs racontent leur expérience avec les ormes qui les entourent. Leurs témoignages ressemblent à un cri du coeur.


Lire l’article Québec, terre des ormes


QUI ÉCOUTE LES SIMPLES CITOYENS?

Lucie Bégin (Communication graphique 1991)

J’habite à Saint-Michel-de-Bellechasse, à 2 km du village, dans une ancienne pépinière (arbres en terre, abandonnés depuis plusieurs années). Depuis l’achat du terrain, en 2001, nous avons abattu plusieurs dizaines d’ormes, tous malades. Nous avons brûlé tout le bois et les feuilles. Bien que nous n’ayons que des connaissances restreintes sur l’entretien des arbres, nous savions qu’il était impératif d’éliminer rapidement tous les sujets malades.

Nous surveillons «nos» ormes régulièrement. Cependant, la municipalité de Saint-Michel ne semble pas accorder d’importance à ces arbres: les ormes malades ou morts ne sont pas éliminés. Nous avons fait une demande l’an dernier pour que trois ormes morts sur un terrain privé soient coupés… Nous n’avons pas d’influence auprès de la municipalité en ce qui concerne la bonne gestion des arbres (toutes essences confondues). Le message doit venir d’experts en la matière…

Paraît-il que la maladie peut «voyager» sur quelques kilomètres. Nous craignons donc de ne pas voir grandir les quelques ormes qu’il nous reste sur le terrain!

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UN ARBRE MAGNIFIQUE SACRIFIÉ

Gilles Viel (Droit 1971)

C’est avec grand intérêt que j’ai parcouru votre article. Dans mon cas, nous avons une propriété ancestrale 1890 en bordure du fleuve. Depuis ma naissance 1946, j’y avais toujours vu de beaux ormes sur le terrain, une quinzaine. Dans mon village de L’Islet, il y «avait» également de très gros et vieux ormes: dans le cimetière, les rues, autour de l’église et autres.

Dans les années 1980, je fus sensibilisé à la maladie hollandaise et craignant de perdre les miens, je tentai en vain d’en parler à la municipalité car j’en voyais de nombreux être atteint par la maladie. Avec l’aide d’un journaliste local, je fis même publier un article à cet effet dans le journal L’Oie Blanche de la rive sud. On mit le tout en premìère page photos à l’appui; aucun appel, aucun commentaire. Devant l’inaction du conseil municipal et sachant que je devais avoir un mur de protection «scolyte» d’au moins 200 mètres pour éviter le désastre, je réussis à avoir le produit employé par la ville de Québec et à le vaporiser sur l’écorce de mes arbres à une hauteur d’au moins 5 mètres du bas. Je vis la plupart des ormes de mon environnement mourir pendant que les miens tenaient toujours  le coup.

Je tenais en particulier à conserver le plus gros, le «magnifique»; il faisait environ 1,5 mètre à la souche, avait plus de 15 mètres de hauteur et avait une merveilleuse ramure. Au bout de mon terrain, à environ 100 mètres du «magnifique», je vis un jour des branches d’un orme plus petit devenir brunes. Je l’ai coupé au tronc. Mon magnifique était toujours en apparence en bonne santé. À chaque septembre, je l’arrosais pleinement à la base hauteur de 4 mètres. Cependant, un jour, je vis aux branches extrêmes des changements. Je décidai d’amputer plus bas. Rien n’y fit et, après de nombreuses amputations, tel une gangrène généralisée, je dus tristement me résoudre après des années de combat, de vérifications, d’inspections, d’arrosages et d’espoir à le couper. Cet arbre était plus que centenaire.

En ce moment sur mon terrain, quatre ou cinq jeunes ormes tentent de pousser! Je les laisse faire, mais je n’interviens plus. J’ai démissionné. C’est comme la grippe. Si les autres ne se soignent pas, ne font pas attention, tu as beau tout faire, tu vas finir par l’attraper.

Enfin, je suis heureux que la ville de concert avec l’Université Laval ait réussi à conserver ces arbres et je remercie les personnes qui y travaillent. Les ormes de Québec sont magnifiques et sincères mercis à ceux et celles qui y voient.

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SENSIBILISATION NÉCESSAIRE

Jennie Fortier (Géomatique 1995)

Lors de nos promenades du dimanche en auto à la campagne, gamine, j’admirais ces grands colosses solitaires qui trônaient au milieu des prairies de la région de l’Amiante. Encore aujourdhui il y a des ormes qui poussent le long des routes, particulièrement la 269 dans le secteur St-Gilles de Lotbinière. Mes études à Laval m’ont fait apprécier cette richesse.

Résidente de La Mitis, j’ai sur ma propriété un jeune orme que l’on a fait transplanter car il aurait été trop près de la maison dans 20 ans. Le programme Une naissance un arbre remet en mai un arbre si on inscrit notre poupon. J’ai donc deux ormes miniatures pour souligner la naissance de mes enfants. Je mise sur le fait d’être balayés par les vents dominants du fleuve pour épargner mes arbres car nous sommes sur le 2e rang et il n’y pas d’orme entre nous et le fleuve. Dans ma région d’adoption, tout au long de la rivière Mitis près de Sainte-Angèle, il est désolant de voir tout ces ormes qui sont morts mais encore debout.

Je crois que le manque de connaissances et les priorités des autorités est le problème. Je ne crois pas que ça soit de la mauvaise volonté. Lors de congrès de la Fédération québécoise des municipalités (FQM) et de l’Union des municipalités (UMQ) ou encore via les MRC, une sensibilisation devrait être faite pour par la suite informer les citoyens… Ce n’est pas tout le monde qui s’informe via La Semaine verte ou qui reçoit votre Contact !

J’espère que mes enfants auront la chance de voir "leur" arbre mature.

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SENSIBILISONS D’ABORD NOS CONCITOYENS
Paul John Moran, Montréal
 
Merci pour votre excellent article sur l’état de santé et de la recherche sur les ormes au Québec (et à Québec, en particulier). Non seulement doit-on sensibiliser nos élu-e-s municipaux, mais également nos concitoyen-nes. 

Dans mon cas, je devrai aller en Cour du Québec (District de Montréal) les 25 et 26 novembre 2009, car deux de mes voisins me demandent ni plus ni moins d’abattre mon orme : celui-ci leur ferait "ombrage" et leur causerait un "surcroît" de travail l’automne venu. Pire, l’un d’eux avait jusqu’au 2 mai dernier un autre orme, aussi sain et mature que le mien, dans sa propre cour et qu’il a fait abattre en catimini … et sans permis municipal, bien entendu.

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LE SUREAU À LA RESCOUSSE
Frédéric Back (Peintre et réalisateur du film d’animation L’Homme qui plantait des arbres)

Depuis des décades, André Dion, ornithologue connu, a publié des articles démontrant les succès obtenus pour le sauvetage des ormes, en mettant en contact les racines de l’orme avec celles de plants de sureau. La sève du sureau est un puissant laxatif qui permet à l’orme de vaincre la présence des champignons incriminés.


J’ai rencontré par hasard un ancien professeur en foresterie de l’Université Laval qui a fait l’expérience de contaminer 20 jeunes ormes de 9 ans. Il en a planté dix avec des sureaux et dix tel quel. Les ormes dotés de sureaux ont survécu, les autres sont décédés.


La difficulté en ville, est de protéger les sureaux contre les méfaits des humains, qui arrachent et piétinent ces plants fragiles. J’en ai fait l’expérience puisqu’un dévoué jardinier de Montréal, M. Bruno Paquet, a fait planter des sureaux au pied de deux magnifiques ormes qui sont en face de ma maison. L’un d’eux est infecté de champignons.


Ne pourrait-on mettre au point un système d’injection de sève de sureaux de manière à obtenir la protection désirée? Et éviter que des sureaux soient piétinés?


Nos deux magnifiques ormes sont plus que centenaires et méritent d’être sauvés. Le Centre des aînés de Côte des Neiges vient de planter un jeune orme juste à côté, ne se doutant pas de la menace.


En tout cas, André Dion est catégorique, tous «ses» ormes sont en parfaite santé. Merci de tenir compte de ces expériences!


P.S.: Il faut blesser les racines de l’orme et du sureau et puis les attacher ensemble afin que les sèves communiquent.

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RENÉ POMERLEAU ET LES ORMES
Hubert Lechevalier (Sciences 1948; Diplôme honorifique 1983), Morrisburg, Vermont (ÉU)

C’est toujours avec grand plaisir que je lis Contact. L’article sur les ormes de Québec m’a rappelé de vieux souvenirs. Il est exact qu’en 1944 la maladie hollandaise de l’orme fut détectée au Québec (Pomerleau, René, Rev. Can. Biolo. 4 :116-118, 1945), mais il est faux que ce fut en 1981 que la Ville de Québec mit «en place le premier programme de lutte contre la maladie hollandaise au Canada».

Peu après avoir décelé la maladie hollandaise au Québec, René Pomerleau, qui était le directeur du Bureau de pathologie forestière de la province de Québec, créa un énergique programme d’éradication de la maladie hollandaise de l’orme auquel j’ai eu l’honneur de participer en faisant le diagnostique de la maladie. Ce programme n’était pas le seul au Canada : je me souviens d’une réunion que nous avions eue avec nos homologues ontariens. Les méthodes utilisées il y a 65 ans sont encore les plus efficaces : «… le dépistage rapide, l’abattage et la destruction du bois infecté pour maintenir la population de scolyte au plus bas niveau».

En plus de diriger le programme d’éradication de la maladie hollandaise de l’orme par les méthodes classiques toujours en usage, René Pomerleau dirigeait aussi un programme visant au traitement des ormes malades en utilisant des antibiotiques (Pomerleau, René et Hubert Lechevalier, Rev. Can. Biolo. 6, 478-484, 1947 : Hubert Lechevalier, thèse de maîtrise ès science, Université Laval, juin 1948).

Il est regrettable que vous n’ayez pas profité de cet article pour rendre un hommage bien mérité au grand mycologue québécois René Pomerleau.

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LES SUCCÈS DE WINNIPEG
Vincent Barrette (Génie forestier 1984

Bravo pour votre article sur les ormes qui donne espoir à ceux et celles qui apprécient ce magnifique arbre.

Ayant eu l’occasion d’habiter Winnipeg, je dois toutefois vous reprocher d’avoir omis les efforts que fait aussi cette ville pour sauver ses ormes. Cela fait déjà plusieurs décennies que Winnipeg travaille sur cet aspect et les résultats sont remarquables.

Il ne faut jamais perdre espoir de sauver nos arbres urbains en situation précaire. Ainsi, il faut non seulement travailler à les conserver, il est également important de chercher à diversifier les espèces qu’on plante. La "biodiversité" est la meilleure protection contre les ennemis naturels.

L’éducation et, malheureusement, les règlements municipaux sévères sont des outils qui s’adressent aux bipèdes.

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DEUX ORMES ENTÊTÉS

Mario Lebel, Saint-Anselme

J’habite un petit village du Bas Saint-Laurent situé à la limite du territoire où peut vivre l’orme d’Amérique. Devant ma propriété, il reste deux ormes sur les quatre plantés en 1927. Ils sont les seuls de notre village à avoir cette envergure (20 m de haut et 70 cm de diamètre de tronc).

L’an dernier, notre municipalité a fait le raccordement d’un nouveau réseau d’aqueduc et d’égout sur une rue qui passe devant ces arbres. Déjà en 1973, le système racinaire des ormes avait souffert lors de travaux semblables. Pour préserver ce patrimoine naturel rare, nous avons fait appel un consultant arboriculteur qui a fait une évaluation de ces arbres et des recommandations pour les travaux.

Une solution de rechange aurait été d’excaver plus loin, mais la municipalité n’a pas modifié le tracé du réseau. Le Ministère de l’environnement avait pourtant demandé de modifier le plan de travail et de tenir compte des recommandations de l’arboriculteur quant à l’exécution des travaux.

Sur le terrain rien de tel n’a été fait. On a excavé à environ 1,2 mètres de ces arbres. Surprise : presque pas de racines… Coupées en 1973 et elles n’ont jamais repoussé de ce côté, elles se sont comme atrophiées. Ouf quel soupir de soulagement!

Cet automne, j’ai été élu conseiller et nous avons formé une équipe qui lutte pour le sauvegarde d’une zone humide et le maintien d’une pinède (Plantation) contre l’avancée de l’urbanisation. Il y a des solutions pour éviter le pire, mais il faut de l’entêtement politique je crois.

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VIGILENCE, L’AFFAIRE DE TOUS

Denis Pouliot (Droit 1971)

J’ai beaucoup apprécié votre article concernant la maladie hollandaise de l’orme d’Amérique. Très inquiétant, mais porteur d’espoir. J’ai immédiatement signalé à la Ville deux individus qui me semblent atteints de cette maladie en espérant qu’il ne soit pas trop tard. Les ormes sont parmi les plus beaux arbres que nous ayons au Québec.

Il nous faut assumer la perte de quelques sujets pour sauver les arbres sains et soigner ceux qui assureront la survie de cette essence, emblème arborescent de notre Ville. Nous sommes solidairement responsables de sa survie. Le développement durable n’aura de sens que si nous savons préserver notre patrimoine, dont il fait partie.

 

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DÉSOLATION AU SAGUENAY

Daniel Caron, Ville Saguenay (Jonquière), biologiste

Je suis un admirateur de toujours de l’orme d’Amérique et des travaux effectués par la Ville de Québec pour la protection d’un des beaux arbres du Québec.

Ici au Saguenay-Lac-Saint-Jean, des efforts d’abattage ont eu lieu pendant quelques années (milieu des années 1990) par des villes et des municipalités. Mais ces travaux qui se font maintenant beaucoup trop rares, faute de budget et de volonté politique.

Vu la proximité de la forêt naturelle dans notre région et l’absence de politique de foresterie urbaine (ville, MRC, etc.), il y a peu d’intérêt à protéger l’orme. Pourtant, notre région est probablement l’enclave naturelle la plus nordique abritant cette espèce.


 

 


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