«Nos» manuscrits dans la Pléiade
La traduction française des manuscrits de Nag Hammadi est maintenant accessible à tous.
Par Yvon Larose
Traduits en français par une équipe québéco-française dirigée de l’Université Laval, les manuscrits coptes de Nag Hammadi font leur entrée dans une collection prestigieuse, la Bibliothèque de la Pléiade. «On ne pouvait souhaiter meilleur point d’aboutissement pour nos travaux», affirme Paul-Hubert Poirier, professeur à la Faculté de théologie et de sciences religieuses et codirecteur d’ un ouvrage collectif paru cet hiver aux éditions Gallimard sous le titre Écrits gnostiques – la bibliothèque de Nag Hammadi.
En trois décennies, 30 spécialistes, en majorité des Québécois et des Français, ont traduit pour la première fois en français l’intégrale d’un corpus de 1156 pages écrites en langue copte sur des feuillets de papyrus, aux IIe et IIIe siècles de notre ère. Les 54 manuscrits, réunis en 13 livres reliés en cuir, avaient été trouvés en 1945, dans un assez bon état de conservation, près de la ville égyptienne de Nag Hammadi. Propriété de la République arabe d’Égypte, ces précieux documents sont conservés au Musée copte du Caire. « Les chercheurs ont travaillé à partir d’une édition photographique produite sous l’égide de l’UNESCO avant de vérifier leurs lectures sur les originaux du Caire », explique Paul-Hubert Poirier.
Écrits de contestataires
L’ouvrage s’adresse non seulement aux spécialistes, mais aussi à un large public, par les informations données (les textes sont abondamment annotés) et par le niveau de langue choisi. M. Poirier rappelle que les manuscrits datent d’une époque où les normes de la foi et de la vérité chrétiennes n’étaient pas encore fixées de façon définitive. «Ce qu’on trouve dans ces textes gnostiques, dit-il, est une réinterprétation radicale des écritures juives en ce qui concerne la création du monde et de l’humain. Les gnostiques soutiennent que le Dieu de la Genèse est un Dieu inférieur au Dieu véritable et qu’il a réalisé une création imparfaite qui doit être remplacée par l’œuvre du Dieu véritable. Jésus, comme Sauveur, vient révéler le Dieu véritable. Cette vision est restée marginale et a été combattue.» Le professeur estime que les gnostiques étaient des contestataires. «La raison essentielle pour laquelle ils rejettent l’œuvre du Dieu créateur, ajoute-t-il, c’est l’expérience du mal dans le monde. Selon eux, ce monde n’a pas été voulu par le Dieu véritable.»
En plus d’un message religieux, les manuscrits contiennent de nombreuses spéculations philosophiques qui rejoignent les thèmes discutés dans les écoles de philosophie de l’époque. Apocalypses, évangiles, dialogues de révélation et rituels initiatiques, les textes des Écrits gnostiques appartiennent à des genres littéraires très divers. Un des textes les plus fascinants, aux dires de Paul-Hubert Poirier, est l’évangile de saint Thomas. «Cet écrit apporte des matériaux pour faire l’histoire, entre autres celle des évangiles canoniques.»
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En trois décennies, 30 spécialistes, en majorité des Québécois et des Français, ont traduit pour la première fois en français l’intégrale d’un corpus de 1156 pages écrites en langue copte sur des feuillets de papyrus, aux IIe et IIIe siècles de notre ère. Les 54 manuscrits, réunis en 13 livres reliés en cuir, avaient été trouvés en 1945, dans un assez bon état de conservation, près de la ville égyptienne de Nag Hammadi. Propriété de la République arabe d’Égypte, ces précieux documents sont conservés au Musée copte du Caire. « Les chercheurs ont travaillé à partir d’une édition photographique produite sous l’égide de l’UNESCO avant de vérifier leurs lectures sur les originaux du Caire », explique Paul-Hubert Poirier.
Écrits de contestataires
L’ouvrage s’adresse non seulement aux spécialistes, mais aussi à un large public, par les informations données (les textes sont abondamment annotés) et par le niveau de langue choisi. M. Poirier rappelle que les manuscrits datent d’une époque où les normes de la foi et de la vérité chrétiennes n’étaient pas encore fixées de façon définitive. «Ce qu’on trouve dans ces textes gnostiques, dit-il, est une réinterprétation radicale des écritures juives en ce qui concerne la création du monde et de l’humain. Les gnostiques soutiennent que le Dieu de la Genèse est un Dieu inférieur au Dieu véritable et qu’il a réalisé une création imparfaite qui doit être remplacée par l’œuvre du Dieu véritable. Jésus, comme Sauveur, vient révéler le Dieu véritable. Cette vision est restée marginale et a été combattue.» Le professeur estime que les gnostiques étaient des contestataires. «La raison essentielle pour laquelle ils rejettent l’œuvre du Dieu créateur, ajoute-t-il, c’est l’expérience du mal dans le monde. Selon eux, ce monde n’a pas été voulu par le Dieu véritable.»
En plus d’un message religieux, les manuscrits contiennent de nombreuses spéculations philosophiques qui rejoignent les thèmes discutés dans les écoles de philosophie de l’époque. Apocalypses, évangiles, dialogues de révélation et rituels initiatiques, les textes des Écrits gnostiques appartiennent à des genres littéraires très divers. Un des textes les plus fascinants, aux dires de Paul-Hubert Poirier, est l’évangile de saint Thomas. «Cet écrit apporte des matériaux pour faire l’histoire, entre autres celle des évangiles canoniques.»
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