Les langues autochtones hors Québec, selon trois diplômées
Le témoignage de trois diplômées sur la situation des langues autochtones dans les pays où elles habitent.
Par Julie Marcoux, Association des diplômés de l'Université Laval
Lire aussi le reportage Les langues autochtones tiennent le coup
LE MAORI, LANGUE OFFICIELLE DE LA NOUVELLE-ZÉLANDE
D’origine polynésienne, les Maoris représentent un peu plus de 14 % de la population de la Nouvelle-Zélande. Aujourd’hui, leur situation politique et culturelle semble enviable, surtout quand on la compare à celle d’autres peuples autochtones, mais il n’en a pas toujours été ainsi. Malgré un traité signé en 1840 avec le colonisateur britannique, qui devait garantir sa souveraineté, ce groupe autochtone a longtemps été marginalisé.
«Ce n’est qu’au début des années 1960 que les Maoris ont commencé à se mobiliser pour revendiquer des droits et réclamer que justice leur soit faite, rapporte Natacha Gagné (Anthropologie 1997 et 1999), spécialiste des autochtones d’Océanie. Après une importante migration des Maoris vers les villes et une forte promotion de l’anglais –les enfants étaient souvent punis pour avoir parlé leur langue dans les écoles anglophones– les autochtones ont commencé à exprimer de sérieuses inquiétudes quant à l’avenir de leur langue.»
Les années 1980 ont vu la création d’écoles d’immersion dont la mission est de faire la promotion de la langue et de la culture maories. «Ces écoles primaires et secondaires, au nombre de 700 aujourd’hui, ont d’ailleurs inspiré certaines initiatives canadiennes», remarque la professeure du Département de sociologie et d’anthropologie (Université d’Ottawa).
La politique de biculturalisme de l’État néo-zélandais en vigueur depuis 1975 a aussi fait sa part pour promouvoir la langue maorie: dès 1987, celle-ci a été reconnue comme langue officielle avec l’anglais, plusieurs publications gouvernementales sont maintenant traduites en maori, la radio et la télévision nationales présentent des bulletins de nouvelles en maori et des efforts ont été faits pour que les autochtones soient représentés de façon plus équitable dans les médias, les écoles et les principales institutions publiques. «Avec toutes ces initiatives, des gains significatifs ont été réalisés, affirme Mme Gagné. Une nouvelle génération d’enfants a appris la langue alors que peu d’enfants de la génération précédente parlaient en maori.»
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LANGUE MATERNELLE À L’ÉCOLE, UN DROIT AU MEXIQUE
Au Mexique, 13% de la population est constituée d’autochtones qui parlent une multitude de langues appartenant à 68 groupes linguistiques. «Le contexte linguistique du pays est très complexe», concède Claudia Morales Ramirez (Anthropologie 1998). Selon elle, l’une des plus grandes réussites des peuples autochtones dans la défense de leurs langues est sans contredit la création, en 2003, de l’Institut national des langues indigènes nationales. «L’Institut cherche à agrandir l’enceinte sociale d’usage des langues indigènes en faisant la promotion d’actions qui visent à revitaliser la connaissance des langues et des cultures indigènes ainsi qu’à stimuler leur préservation et l’estime qu’on a d’elles dans les espaces publics et les médias», explique l’anthropologue.
Apprendre à lire et à écrire dans sa langue maternelle est un droit, au Mexique. Une fois cette langue apprivoisée, les élèves autochtones en apprennent une deuxième, généralement l’espagnol. Dans son travail de tous les jours à la Direction générale d’éducation indigène, qui relève du ministère de l’Éducation publique, Claudia Morales Ramirez s’assure que l’enseignement préscolaire et primaire dans les écoles autochtones se fait par des enseignants bilingues, en plus de veiller que soient fournis les livres du programme scolaire en langues indigènes de même que le matériel requis pour l’appui dans la pratique enseignante. «Grâce à ce travail, nous pouvons promouvoir une éducation égalitaire et nous assurer du respect et de la conservation des identités culturelles et linguistiques de ces peuples.»
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PRÉCARITÉ ET ESPOIR EN ARGENTINE
D’entrée de jeu, Jimena Terraza (Linguistique 2002) tient à préciser que l’Argentine n’est pas un pays sans autochtones. Avant l’arrivée des Espagnols, au XVIe siècle, son territoire comptait une vingtaine de groupes autochtones qui parlaient plus de 30 langues. Le contact avec les conquérants a eu comme conséquence l’assimilation, souvent imposée par la force, à la culture dominante. «Au XIXe siècle, seules les régions de la Patagonie, au sud, et du Chaco, au nord-est, constituaient des territoires autochtones libres; mais parce qu’elles faisaient obstacle à la politique de consolidation de la nation, les populations de ces régions ont subi des campagnes militaires d’élimination», explique Mme Terraza.
Malgré tout, plusieurs communautés ont conservé leur langue et leur culture: 13 langues indigènes sont encore vivantes en Argentine, mais certaines sont toujours menacées de disparaître, selon Jimena Terraza, qui termine une grammaire de la langue wichie comme thèse de doctorat. Depuis les années 1980, des mouvements de promotion de ces langues ont vu le jour, de même que des lois qui exigent l’intégration des langues autochtones dans le corpus scolaire. «Dans presque toutes les provinces ayant un peuple autochtone, il existe maintenant des projets d’éducation bilingue et biculturelle.»
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LE MAORI, LANGUE OFFICIELLE DE LA NOUVELLE-ZÉLANDE
D’origine polynésienne, les Maoris représentent un peu plus de 14 % de la population de la Nouvelle-Zélande. Aujourd’hui, leur situation politique et culturelle semble enviable, surtout quand on la compare à celle d’autres peuples autochtones, mais il n’en a pas toujours été ainsi. Malgré un traité signé en 1840 avec le colonisateur britannique, qui devait garantir sa souveraineté, ce groupe autochtone a longtemps été marginalisé.
«Ce n’est qu’au début des années 1960 que les Maoris ont commencé à se mobiliser pour revendiquer des droits et réclamer que justice leur soit faite, rapporte Natacha Gagné (Anthropologie 1997 et 1999), spécialiste des autochtones d’Océanie. Après une importante migration des Maoris vers les villes et une forte promotion de l’anglais –les enfants étaient souvent punis pour avoir parlé leur langue dans les écoles anglophones– les autochtones ont commencé à exprimer de sérieuses inquiétudes quant à l’avenir de leur langue.»
Les années 1980 ont vu la création d’écoles d’immersion dont la mission est de faire la promotion de la langue et de la culture maories. «Ces écoles primaires et secondaires, au nombre de 700 aujourd’hui, ont d’ailleurs inspiré certaines initiatives canadiennes», remarque la professeure du Département de sociologie et d’anthropologie (Université d’Ottawa).
La politique de biculturalisme de l’État néo-zélandais en vigueur depuis 1975 a aussi fait sa part pour promouvoir la langue maorie: dès 1987, celle-ci a été reconnue comme langue officielle avec l’anglais, plusieurs publications gouvernementales sont maintenant traduites en maori, la radio et la télévision nationales présentent des bulletins de nouvelles en maori et des efforts ont été faits pour que les autochtones soient représentés de façon plus équitable dans les médias, les écoles et les principales institutions publiques. «Avec toutes ces initiatives, des gains significatifs ont été réalisés, affirme Mme Gagné. Une nouvelle génération d’enfants a appris la langue alors que peu d’enfants de la génération précédente parlaient en maori.»
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LANGUE MATERNELLE À L’ÉCOLE, UN DROIT AU MEXIQUE
Au Mexique, 13% de la population est constituée d’autochtones qui parlent une multitude de langues appartenant à 68 groupes linguistiques. «Le contexte linguistique du pays est très complexe», concède Claudia Morales Ramirez (Anthropologie 1998). Selon elle, l’une des plus grandes réussites des peuples autochtones dans la défense de leurs langues est sans contredit la création, en 2003, de l’Institut national des langues indigènes nationales. «L’Institut cherche à agrandir l’enceinte sociale d’usage des langues indigènes en faisant la promotion d’actions qui visent à revitaliser la connaissance des langues et des cultures indigènes ainsi qu’à stimuler leur préservation et l’estime qu’on a d’elles dans les espaces publics et les médias», explique l’anthropologue.
Apprendre à lire et à écrire dans sa langue maternelle est un droit, au Mexique. Une fois cette langue apprivoisée, les élèves autochtones en apprennent une deuxième, généralement l’espagnol. Dans son travail de tous les jours à la Direction générale d’éducation indigène, qui relève du ministère de l’Éducation publique, Claudia Morales Ramirez s’assure que l’enseignement préscolaire et primaire dans les écoles autochtones se fait par des enseignants bilingues, en plus de veiller que soient fournis les livres du programme scolaire en langues indigènes de même que le matériel requis pour l’appui dans la pratique enseignante. «Grâce à ce travail, nous pouvons promouvoir une éducation égalitaire et nous assurer du respect et de la conservation des identités culturelles et linguistiques de ces peuples.»
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PRÉCARITÉ ET ESPOIR EN ARGENTINE
D’entrée de jeu, Jimena Terraza (Linguistique 2002) tient à préciser que l’Argentine n’est pas un pays sans autochtones. Avant l’arrivée des Espagnols, au XVIe siècle, son territoire comptait une vingtaine de groupes autochtones qui parlaient plus de 30 langues. Le contact avec les conquérants a eu comme conséquence l’assimilation, souvent imposée par la force, à la culture dominante. «Au XIXe siècle, seules les régions de la Patagonie, au sud, et du Chaco, au nord-est, constituaient des territoires autochtones libres; mais parce qu’elles faisaient obstacle à la politique de consolidation de la nation, les populations de ces régions ont subi des campagnes militaires d’élimination», explique Mme Terraza.
Malgré tout, plusieurs communautés ont conservé leur langue et leur culture: 13 langues indigènes sont encore vivantes en Argentine, mais certaines sont toujours menacées de disparaître, selon Jimena Terraza, qui termine une grammaire de la langue wichie comme thèse de doctorat. Depuis les années 1980, des mouvements de promotion de ces langues ont vu le jour, de même que des lois qui exigent l’intégration des langues autochtones dans le corpus scolaire. «Dans presque toutes les provinces ayant un peuple autochtone, il existe maintenant des projets d’éducation bilingue et biculturelle.»
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