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Automne 2008

Le développement durable, selon trois diplômés

Le témoignage de trois diplômés sur la façon dont sont appliqués les principes du développement durable dans les régions où ils habitent: Grande-Bretagne, États-Unis et Asie.

LES BRITANNIQUES PASSENT AUX GESTES CONCRETS

Selon Pierre Boulanger (Administration 1973), les Britanniques ont bel et bien traduit en actes concrets le discours environnemental des dernières années. Le virage vert amorcé reflète une réelle préoccupation de la population, des gouvernements et des entreprises.
«Les gouvernements ont adopté diverses mesures dont, en 2003, l’instauration d’une taxe à la congestion dans la ville de Londres, rapporte le délégué général du Québec à Londres. Non seulement cette Congestion Charge sert-elle à rassembler des fonds pour l’amélioration des transports en commun londoniens, mais elle a aussi permis une importante réduction de la circulation.»

Les entreprises ont emboîté le pas aux autorités gouvernementales. Par exemple, il est désormais possible de choisir un jus d’orange ou un détergent en fonction de son impact sur l’environnement. La plus grande chaîne alimentaire du Royaume-Uni, Tesco, affiche le bilan de carbone de toute une série de produits. Quant à lui, le célèbre magasin
Marks & Spencer a dévoilé un plan d’action, doté d’un budget de 400 millions $ et visant à rendre l’entreprise carboneutre d’ici 2012. Marks & Spencer s’attaquera notamment à l’emballage, au transport et au recyclage de ses produits, de même qu’à l’enfouissement de ses déchets.

«Bien sûr, la montée des prix du pétrole n’est pas étrangère à cette tendance, admet Pierre Boulanger. Mais ces nouvelles approches ainsi que les sommes considérables que plusieurs entreprises sont prêtes à investir répondent à un désir réel des consommateurs britanniques de réduire leur bilan de carbone. C’est une tendance qui ira en s’accentuant.»

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AUX ÉTATS-UNIS, L’EXEMPLE VIENT D’EN BAS


Les progrès environnementaux ont-ils stagné aux États-Unis, pendant l’ère Bush ? Catherine Durand-Brault (Com­munication publique 2000) ne peut qu’acquiescer. «Cette im-pression est surtout représentative de la réalité gouvernementale», rapporte la jeune femme qui travaille à New York comme conseillère au développement, Programme international de conservation, pour le groupe environnemental Wild­life Conservation Society.

Par contre, estime-t-elle, l’opi­nion publique américaine a vraiment changé, avec des catastrophes écologiques comme l’ouragan Katrina et les nombreux feux de forêts en Californie. Le documentaire An inconvenient truth d’Al Gore a aussi grandement sensibilisé les Américains au réchauffement de la planète. La population met de plus en plus de pression sur le gouvernement pour que celui-ci agisse.

Catherine Durand-Brault note par ailleurs que les groupes religieux (notamment les Évangélistes), qui ont une grande influence aux États-Unis, commencent à s’impliquer dans la défense de l’environnement. «De manière générale, témoigne-t-elle, la population a de plus en plus la conviction que la planète est malade et qu’il est temps d’agir. En bout de ligne, je crois que ce sont les gens qui feront changer les choses en poussant leurs élus à l’action.»

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ASIE: RÉPUTATION ET RENTABILITÉ


Deux importantes motivations poussent les industriels asiatiques à se conformer aux principes de développement durable, témoigne Édouard Merette (Actuariat 1984), chef de la direction d’Aon Consulting Asia Pacific, une filiale du groupe Aon qui œuvre dans le domaine de la gestion des risques et du management.

D’une part, ces industriels se préoccupent de plus en plus de leur réputation d’entreprise propre dans un contexte d’économie mondialisée. «Les chefs d’entreprises ont bien compris qu’une bonne performance sociale peut être gage de performance financière. De saines pratiques environnementales contribuent à soigner l’image et la réputation d’une entreprise alors qu’une mauvaise gouvernance peut représenter une menace à sa survie.»

D’autre part, certains industriels voient dans le développement durable une occasion d’affaires en or. L’actuaire cite en exemple la firme immobilière singapourienne Keppel qui s’est jointe à un consortium chinois pour la construction d’une écoville à Tianjin, près de Beijing. «Plusieurs grandes entreprises voient des avantages à investir dans des projets environnementaux d’envergure qui apportent des solutions aux problèmes liés à l’urbanisation galopante, aux changements climatiques et à l’explosion des coûts du pétrole», explique-t-il.

Parmi d’autres initiatives, M. Merette note le nombre de plus en plus élevé de pays asiatiques qui se sont fixé des objectifs plus ambitieux dans l’introduction du biocarburant que plusieurs de leurs vis-à-vis européens. «À Singapour, le gouvernement est d’ailleurs très actif dans la promotion de l’investissement dans la recherche et la commercialisation de ce type de carburant.»
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