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Photo de Frank Pons

Sport amateur et professionnel à Québec: mariage heureux?

J’ai récemment participé à un débat sur le mariage possible entre le sport amateur et le sport professionnel dans une même ville à l’émission Agora de MaTV (première diffusion à venir le 10 avril). J’ai décidé d’aborder ce sujet dans mon blogue, car je le trouve très pertinent pour nous tous  à Québec, et en particulier pour les bénévoles impliqués dans le sport amateur qui se demandent si leur part du gâteau déjà petite (spectateurs et commanditaires) ne risque pas de se réduire davantage. Alors, peur légitime ou inutile?

R&O-CoupeVanier2013

Photo Yan Doublet

 
Avant de préciser mon point de vue, je tiens à vous dire que je suis un fervent supporter de la présence de sports professionnels de haut niveau dans une ville comme Québec. La visibilité et les retombées économiques, tout comme la force de ralliement, de cohésion sociale, de partage d’espoir, de fierté (et de victoire) sont des retombées potentielles pour faire rayonner Québec sur la place sportive professionnelle sur le continent ou à l’international. De plus, un peu par égoïsme, ce sujet est un terrain de jeu et d’expérimentation parfait pour moi -)).

Toutefois, je suis également un fervent supporter du sport amateur, car il représente pour moi (et pour beaucoup) les valeurs de travail, d’authenticité et de dépassement de soi, sans implication financière. Pour avoir été joueur de soccer amateur AAA (et avoir participé à un nombre incalculable de collectes de fonds) ou encore bénévole pour Judo Canada ou sur le CA du Rouge et Or soccer, je comprends également les contraintes de fonctionnement que des  fédérations ou associations sportives amateurs peuvent avoir.

Oui, je suis profondément convaincu que la cohabitation des deux niveaux de sport est tout à fait possible dans une ville comme Québec. Plusieurs facteurs expliquent ma position et sont importants à considérer:

1. Tous les sports amateurs ne sont pas égaux devant un possible problème de cohabitation avec leur pendant professionnel.
Quand on parle de sport amateur à Québec, il faut distinguer sport universitaire et autres organisations sportives (fédérations ou clubs, par exemple). Dans les deux cas, les athlètes ne touchent aucun salaire et symbolisent des valeurs de dépassement de soi et de travail à des fins non pécuniaires.

Le sport universitaire bénéficie, lui, d’un produit relativement «plus facile» à vendre avec un bassin de population qui connaît l’Université Laval et s’y identifie pour y avoir étudié, par exemple. À cette clientèle potentielle s’ajoute une organisation marketing et de communication bien huilée avec le soutien administratif des instances du sport à l’Université.

Au contraire, les clubs ou fédérations non professionnels doivent redoubler leurs efforts pour obtenir un sport de qualité (avec de bons entraîneurs et dirigeants sportifs), mais aussi, et c’est souvent le problème, se consacrer au volet administratif, financier et commercial (budgets, recherche de commandites…) avec l’aide de bénévoles souvent extraordinaire, mais dont ce n’est pas l’occupation principale.

2. Pour l’instant, on parle de hockey.
Nous aurons bientôt un aréna multifonctionnel digne de ce nom à Québec, et il semble de plus en plus évident qu’un club de la LNH se retrouvera à Québec dans les prochaines années. Quand? Cela demeure la grande question.

Est-ce que les futurs Nordiques pénaliseront le sport amateur? Pas vraiment, quand on y regarde de plus près. Le marché des commanditaires et la demande pour les billets seront relativement différents et, si on peut craindre une défection de certains spectateurs, notamment ceux des Remparts, l’offre sera sans doute plus complémentaire que compétitive, notamment en termes de gamme de prix ou de droits de commandite.

Les futurs Nordiques pourraient au contraire servir de porte-drapeau au sport à Québec. On peut même penser que si cette synergie est bien présentée, elle pourrait bénéficier au sport amateur dans son ensemble.

Avec la solidité économique actuelle de la région de Québec, on a parlé d’introduire d’autres sports professionnels, comme une équipe de la Ligue canadienne de football, par exemple. Dans ce cas, les arguments précédents ne tiendraient plus la route.

3. La région de Québec a de fortes racines liées au sport amateur ET professionnel.
Depuis l’arrivée des Nordiques jusqu’à leur départ et même au-delà, l’omniprésence de cette équipe dans la vie sociale et médiatique de la ville témoigne de l’engouement pour le sport professionnel à Québec. Les gens de la région sont fiers et veulent montrer que la place du sport professionnel et de la victoire sont à Québec. Ce goût de la victoire se retrouve même durant l’été avec le football du Rouge et Or et le baseball des Capitales de Québec.

Cette ferveur se remarque aussi dans les sports amateurs et la place prépondérante des athlètes amateurs de Québec aux JO (Alexandre Valois-Fortier ou Karine Sergerie, par exemple). Cet attachement fort aux valeurs sportives des athlètes amateurs comme professionnels (dans le passé) démontre que Québec est un terreau fertile pour le sport en général.
 
Comment faire pour assurer cette synergie si importante entre les deux mondes?
 
Voici quelques pistes de solution:

1. De la collaboration
Il sera critique pour la direction des nouveaux Nordiques de s’asseoir avec tous les intervenants du sport amateur à Québec (et pas seulement du hockey) pour voir comment les clubs et fédérations pourraient bénéficier de l’adhésion populaire au nouveau club.

J’imagine d’ailleurs que des actions ont déjà été entreprises en ce sens. Cette collaboration pourrait prendre l’allure d’une fondation (comme les clubs de soccer anglais le font) pour favoriser le rayonnement de la collectivité autour du club (causes sociales mais aussi sportives). Le nouveau club doit assumer son rôle de porte-drapeau et ne laisser personne derrière -)).

2. Un soutien intelligent au sport amateur
Les dirigeants du sport amateur et les bénévoles font un travail exceptionnel pour faire fonctionner leurs organisations. Si le volet sportif est très souvent (et logiquement) celui auquel ils consacrent plus d’efforts, l’aspect commercial (collectes de fonds, contacts avec les médias, commanditaires…) dépend souvent de la présence ou non d’un bénévole qui peut et veut s’en occuper.

Or, dans le nouveau contexte, l’aspect commercial va devenir crucial. Il serait donc important que des fonds soient alloués (mairie, gouvernement, fondation…) pour le recrutement dans ces clubs d’une personne qui pourrait s’y consacrer. Trop souvent, les subventions sont fournies pour organiser des événements alors qu’il serait sans doute plus utile d’instaurer une logique marketing pour apprendre à ces organisations à amener de l’eau à leur moulin plutôt que de simplement leur fournir de l’eau.

3. Se sortir du cercle vicieux
Ce n’est pas une mince tâche que d’exister dans une bataille de visibilité quand notre adversaire est la LNH -)). La place du sport amateur ne sera pas compromise si un équilibre est trouvé entre spectateurs, médias et commanditaires. En effet, coincées entre une faible visibilité dans les médias (qui, eux, l’expliquent logiquement par un intérêt limité des lecteurs ou auditeurs) et un nombre de spectateurs relativement limité, les organisations de sport amateur ont du mal à trouver des commanditaires.

Il est donc important que ces organisations apprennent à travailler leur visibilité dans les médias de façon plus constante pour augmenter le nombre de leurs fans, tout en essayant de convaincre leurs commanditaires que la quantité d’amateurs est moins importante que leur fidélité et les valeurs véhiculées par le sport… Bref, ils doivent faire du vrai marketing et, pour cela, il faut les aider à avoir les moyens de le faire… La collectivité doit contribuer, car les sports amateurs sont l’essence de notre société. Les clubs professionnels à venir devront aussi assumer leur part de responsabilités…
 
C’est le prix à payer pour un beau mariage… de raison, mais qui n’empêchera personne d’être heureux -)).

Ce billet est la dernière participation de Frank Pons aux Blogues de Contact.

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  1. Publié le 11 avril 2013 | Par Stephanie M.

    La Fondation des Nordiques a été créée à la suite du départ des Nordiques en 1995. Cette fondation a pour mission de soutenir financièrement les athlètes-étudiants engagés dans un programme sportif de haut niveau ainsi que les organismes sportifs qui œuvrent sur le territoire de Québec et de Chaudière-Appalaches.

    La plupart des entreprises reconnaissent aujourd’hui le rôle social qu’ils jouent en tant que citoyens corporatifs. Les équipes de sport professionnel n’y font pas exception et avec un retour éventuel des Nordiques, je souhaiterais voir la Fondation prendre encore plus de place à ce niveau, particulièrement en partenariat avec les Unités régionales des Sports et Loisirs de la Capitale Nationale et Chaudière-Appalaches qui en font beaucoup pour les organismes sportifs de la région avec très peu.

    Ceci étant dit, pour un vrai mariage d’amour, il n’y a rien comme les Jeux olympiques dans une ville pour mettre de l’adrénaline dans le développement du sport amateur…

    http://sports.nationalpost.com/2013/02/12/1988-calgary-games-left-a-lasting-cultural-legacy-and-blueprint-for-how-to-do-things-right/

    Mais ça c’est un autre sujet!

    Stephanie M.

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