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Photo de Margarida Romero

Sciences: place aux filles!

Avez-vous vu la vidéo de l’organisme américain Girls Who Code dans laquelle des filles nous expliquent qu’elles ne peuvent pas faire de programmation pour diverses raisons, comme «quand je n’ai pas mes règles, j’ovule, alors je n’ai pas le temps de coder»?

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Cette vidéo (NDLR, septembre 2017: n’est plus disponible) s’inscrit dans un mouvement visant à lutter contre les stéréotypes sexistes qui prévalent dans le domaine des technologies. Car de tels préjugés ont la vie dure! À preuve, cette entreprise de la Silicon Valley qui a réalisé, l’an dernier, des affiches qui vantaient l’esprit d’équipe de ses collaborateurs. L’affiche montrant l’ingénieure Isis Anchalee a fait couler beaucoup d’encre à cause des commentaires alléguant l’invraisemblance qu’une si jolie fille soit ingénieure informatique… Au lieu de se cacher, Isis Anchalee s’est affirmée sur les réseaux sociaux avec le mot-clic #ILookLikeAnEngineer, qui a été repris par de nombreuses autres professionnelles pour montrer la diversité des femmes dans le domaine des technologies1.

200 ans après la première programmeuse
Les réseaux sociaux démontrent à quel point nous sommes, encore aujourd’hui, loin d’une perception de compétence égalitaire. Et tout cela, en 2016; oui, presque 2 siècles après que l’Anglaise Ada Lovelace ait créé le premier programme informatique (1843); oui, plus de 7 décennies après que les femmes au Québec aient obtenu le droit de vote (1940); oui, 2 ans après le #gamergate où des femmes ayant dénoncé le traitement sexiste dans le domaine des jeux vidéo ont fait face à des campagnes de harcèlement d’une grande violence… Les stéréotypes persistent et font obstacle à l’accès, à la reconnaissance et à l’épanouissement professionnels des femmes dans des domaines scientifiques et technologiques.

Il faut encore se battre pour l’égalité des chances et l’accès à une éducation de qualité. Nos filles ont moins de chances de faire carrière en sciences et en technologies. En théorie, l’accès est égalitaire pour tous mais, socialement et culturellement, les barrières qu’il faut surmonter sont encore très importantes. Le choix de carrière se fait à l’adolescence, moment où la pression sociale, surtout celle des pairs, est la plus forte.

S’affirmer dans l’imperfection
Comme le souligne Reshma Saujani 2, présidente et directrice générale de Girls Who Code, notre société inculque aux filles la volonté de bien faire et non le courage et la valorisation des erreurs. Les démarches d’exploration imparfaite, approximative, basée sur des prototypes et des problèmes ne sont pas encouragées chez les filles. Les attentes sociales pour nous, femmes, sont d’être bien élevées, de ne pas parler ni rigoler trop fort. Combien de fois les filles se font-elles féliciter parce qu’elles sont plus sages et disciplinées que les garçons? Combien de fois (à l’école ou en famille) renforce-t-on les comportements dociles au lieu d’encourager la pensée critique, la prise de risque et une vision de l’erreur comme source d’apprentissage?

Briser les stéréotypes
Des initiatives canadiennes comme Kids Code Jeunesse et Ladies Learning Code promeuvent l’accès des enfants –filles et garçons– et des adultes à la programmation. Les ateliers pratiques permettent de briser les stéréotypes tout en donnant le goût d’explorer la programmation et les métiers du numérique créatif.

Au Québec, l’activité annuelle Les filles et les sciences permet aussi de faire connaître différentes carrières scientifiques aux filles du secondaire et de les mettre en contact avec des femmes qui travaillent en sciences et en technologies. Le volet de Québec se tenait, en 2016, à l’Université Laval, où on a réuni des élèves du secondaire pour leur faire découvrir, de manière participative et concrète, des activités comme la soudure, la chimie et la programmation. Les jeunes filles ont été invitées à construire des ponts avec du matériel recyclé. L’atmosphère relax et animée était propice à un bon esprit de «coopétition» (coopération intraéquipe et compétition interéquipe) qui a permis aux jeunes de rigoler quand leur œuvre d’ingénierie a subi le défi de charge (avec un melon!).

Réfléchir, essayer, se tromper et réessayer; voilà la base d’une attitude positive envers les sciences et les technologies. L’égalité des chances dans les carrières scientifiques n’est pas qu’une affaire de connaissances mathématiques ou de physique. Nous devons développer chez les filles une attitude bricoleuse et exploratrice qui les engage à prendre des risques en s’amusant, et leur permet de s’affirmer dans l’imperfection.

1 Pour en savoir plus.

2 Écouter la conférence Teach girls bravery, not perfection

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