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Les blogues de Contact

Photo de Margarida Romero

Numérique, pédagogie créative et collaborations internationales

«Toi qui marches, il n’existe pas de chemin, le chemin se fait en marchant.» Depuis quelques mois, ces mots du poète espagnol Antonio Machado m’habitent. Car après avoir vécu une très belle aventure professionnelle à l’Université Laval, je m’apprête à explorer de nouveaux sentiers à Nice, en tant que directrice d’une nouvelle unité de recherche: le Laboratoire d’innovation et numérique pour l’éducation (LINE). Ce billet, qui sera mon dernier pour les blogues de Contact, se veut plein de gratitude et présente la suite des projets que j’ai menés jusqu’ici.

 

Lorsque je suis arrivée au Québec, en 2013, je plongeais dans l’inconnu. En répondant au courriel d’un professeur qui m’invitait à poser ma candidature pour un poste de professeur en technologie éducative, j’étais loin d’imaginer être sélectionnée pour une entrevue Skype.

L’aventure québécoise
Comme beaucoup d’étrangers, j’ai d’abord pensé que l’Université Laval se trouvait à côté de Montréal. Je n’arrivais pas à situer la ville de Québec sur une mappemonde et je n’avais aucune idée des particularités des systèmes de l’éducation et de recherche québécois et canadiens. Ce fût donc pour moi un grand saut dans le vide entre la Facultat de Ciències de l’Educació de l’Universitat Autònoma de Barcelona, où j’enseignais alors, et la Faculté des sciences de l’éducation (FSE) de l’Université Laval.

Ce déménagement m’a placée hors de mes zones de confort matériel et intellectuel pendant quelques années. Il me fallait recommencer presque à zéro dans un nouveau contexte éducatif… et climatique! Cet inconfort n’a pas été commode «pantoute», mais il a été très instructif pour bâtir de nouvelles expériences et de nouvelles perspectives de vie centrées sur la simplicité et la déconnexion volontaires. Petit à petit, mes amis, certains collègues et des étudiants sont devenus ma tribu professionnelle et m’ont grandement inspirée. Je suis fière d’avoir fait partie de ces «crinqués» en éducation et de recroiser cette belle gang à l’occasion de divers événements éducatifs au Québec1

Des projets stimulants
Après ma première année à l’Université Laval, j’ai démarré le projet #CoCreaTIC. Cette initiative, qui visait à développer des compétences du 21e siècle dès l’école primaire grâce aux activités techno-créatives, m’a graduellement amenée à jouer d’audace dans mon approche sur l’intégration des usages du numérique à l’école et sur la formation des futurs enseignants dans ce domaine. 

Midi-Innovation de l’ITIS sur la robotique pédagogique avec l’équipe #CoCreaTIC

Pour bien se servir du numérique, il n’est pas nécessaire de courir après les dernières nouveautés technologiques. Au contraire, l’idée, c’est plutôt de dépasser la consommation passive ou interactive des dernières tendances pour engager les apprenants dans des activités de (co)création participative de connaissances. Ainsi, il ne s’agit pas de considérer le numérique uniquement de manière quantitative (nombre d’ordinateurs ou temps d’utilisation, par exemple), mais de manière qualitative. J’explique cette différence dans une conférence TEDx2 sur l’utilisation du numérique à l’école que j’ai donnée il y a quelques mois.

Dans le cadre du projet #CoCreaTIC, mes collègues et moi avons écrit le livre Usages créatifs du numérique pour l’apprentissage au XXIe siècle. Nous y expliquons comment #CoCreaTIC a permis de faire avancer la recherche sur l’apprentissage de la programmation et de la robotique pédagogiques à l’école à partir d’une approche centrée tant sur les compétences du 21e siècle (comme la résolution de problèmes) que sur les représentations sociales des enseignants. En ce sens, j’ai eu beaucoup de plaisir à collaborer avec des collègues enseignants travaillant sur le terrain, des conseillers pédagogiques, des collègues de la Faculté des sciences de l’éducation et des étudiants. De plus, en complément de cet ouvrage, de plusieurs travaux de recherche et d’articles scientifiques, nous avons même réalisé un livre pour enfants, Vibot le robot.  

Maintenant, l’aventure française
Après ces belles expériences à l’Université Laval, je poursuis désormais mes projets dans le cadre du programme scientifique du LINE. Celui-ci s’inscrit dans les objectifs du programme d’investissement d’avenir IDEX de l’Université Côte d’Azur (UCA). Ce programme s’inscrit en cohérence avec l’innovation éducative et fait partie des objectifs de la Loi de refondation de l’école du ministère de l’Éducation nationale de France (MENSR) par l’entremise de l’innovation pédagogique et de l’usage du numérique comme levier pour l’étude et l’amélioration des pratiques éducatives à l’UCA.

Le laboratoire LINE s’articule autour de 2 axes principaux. Le premier axe, l’innovation pédagogique, regroupe l’ensemble des études sur les changements dans les pratiques éducatives qui peuvent améliorer les apprentissages. Le second axe, celui des usages créatifs du numérique, regroupe les études sur la conception, l’intégration, les usages et l’évaluation des technologies numériques qui engagent l’apprenant dans un processus actif de coconstruction de connaissances.

Le positionnement du LINE vise à faciliter la collaboration entre les enseignants-chercheurs de l’École supérieure du professorat et de l’éducation (ESPE) de Liégeard, à Nice, au sein de laquelle il est situé, et les acteurs du domaine de l’éducation et de l’innovation pédagogique de l’UCA, notamment l’Institut national de recherche en informatique et en automatique, tout cela par l’entremise du projet Class’Code.

Le LINE contribue également à la codirection du diplôme d’établissement (DE) SmartEdTech qui sera offert pour la première fois à la rentrée 2018. Cette formation vise à développer une approche cocréative des usages du numérique en éducation ainsi qu’une nouvelle génération de solutions #edTech conçues et développées dans une approche de cocréation interdisciplinaire. À l’ESPE de Nice, une salle a d’ailleurs été consacrée à la mise sur pied d’un laboratoire créatif et collaboratif pour la formation et la recherche. Les activités de recherche et de diffusion du LINE sont disponibles en ligne et ouvertes à la communauté éducative et sont également diffusées par l’entremise du mot-clic #fabLINE et de réseaux de partage scientifique comme ResearchGate.

Des ponts entre le Québec et la France
À partir de ces différentes initiatives, en enseignement comme en recherche, les collaborations se poursuivront entre le LINE et l’Université Laval. Déjà, macollègue Sylvie Barma, du Centre de recherche en intervention sur la réussite scolaire, réalise ce mois-ci un séjour de recherche comme professeure invitée à l’UCA. De plus, des collaborations seront établies dans le cadre des programmes en technologie éducative avec Martine Mottet, professeure à la FSE, pour faciliter les stages entre étudiants de l’UCA et de l’Université Laval. Autre bonne nouvelle, Benjamin Lille, un brillant étudiant à la maîtrise en technologie éducative de l’Université Laval réalisera ce printemps un stage de 3 mois pour collaborer au LINE.

Présentation du projet #CoCreaTIC et LINE au #Scratch2017BDX

Je termine en remerciant la grande famille de l’Université Laval pour ces belles années de collaboration en enseignement, en recherche et en gestion universitaire. Mon départ n’est pas un adieu mais bien l’occasion de bâtir de ponts entre 2 établissements d’enseignement supérieur.

Je tiens aussi à saluer la belle et grande équipe avec laquelle développer les différentes activités d’enseignement et de recherche a été un plaisir. Parmi eux, les co-aventurieurs de #CoCreaTIC: Raoul Kamga, Azeneth Patino, Benjamin Lille et Alexandre Lepage. J’aurai aussi toujours une pensée spéciale pour Olivia Wu, Patrick Gilbert, Lucie Pouliot et Annie Pilote qui ont rendu possible le projet de Vibot le robot. Sans oublier des collègues comme Patrick Touchette, Marc-André Girard, Julie Chamberland, Denise St-Pierre, Kate Arthur et tant encore que je ne pourrai pas tous les citer.

Je conclus ce billet comme je l’ai commencé, en citant le poète Antonio Machado: «Tout passe et tout demeure, mais notre affaire est de passer en traçant des chemins.» Des chemins qui, à l’heure du numérique et de l’internationalisation des formations en enseignement supérieur, facilitent grandement les collaborations franco-québécoises qui peuvent ouvrir des nouvelles avenues et intersections tant en recherche qu’en enseignement. 

 

 

1 Parmi ces événements, les Rendez-vous des écoles francophones en réseau, les colloques Clair et les colloques de l’AQUOPS, le Sommet du Numérique ou encore, l’événement les Filles et les Sciences.

2 La conférence peut être visionnée à l’adresse suivante: https://www.youtube.com/watch?v=i6ZOQ70lbAM&feature=youtu.be

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