Éducation et innovation
Publié le 9 décembre 2016 | Par Margarida Romero
Apprendre un jour, apprendre toujours
Tout parent espère que ni la garderie ni l’école ne viennent briser le plaisir d’apprendre de son enfant. Nous savons tous à quel point une mauvaise expérience d’apprentissage peut abîmer ce rapport aux savoirs et à l’apprentissage. Plus que jamais, nous avons besoin de cultiver le plaisir d’apprendre à tout âge pour mieux nous épanouir dans une société en perpétuel changement.
Aimer apprendre est peut-être l’une des plus belles attitudes qu’on peut développer chez les élèves. Avec un rapport positif aux savoirs et aux apprentissages, la vie peut être un monde extraordinaire à explorer et à apprivoiser; une aventure permanente avec des océans de connaissances toujours plus étendus et profonds; un trésor avec plus d’accès que jamais à tout type de connaissances. Et pour développer un bon rapport à l’apprentissage, rien de mieux que de développer un rapport créatif au monde.
Créer, clé d’un apprentissage stimulant
Ce rapport créatif (disposition créative ou créattitude) permet d’aller au-delà de la compréhension des connaissances pour donner un rôle actif à la personne qui apprend. Notre créattitude nous invite à nous investir dans des activités créatives au sein desquelles nous (co)construisons des produits culturels de différents types. De la création écrite jusqu’à la programmation de robots, le rapport créatif au monde nous permet de développer de nouvelles démarches et d’élaborer diverses solutions.
Créer ne veut pas dire faire n’importe quoi, mais entreprendre une démarche ou proposer une solution efficiente qui est jugée valable par un groupe de référence. Faire une salade au chocolat, c’est peut-être original, mais si ça n’a pas bon goût, ce n’est pas une bonne solution créative. La créativité s’inscrit dans une démarche de design et implique un usage raisonnable de ressources. On pourrait penser que doter les automobiles de six roues constitue une invention originale et que les deux roues supplémentaires ajoutent de la stabilité au véhicule, mais si ces nouvelles autos utilisent plus de ressources que nécessaire, elles ne constituent pas une bonne solution créative.
Exigeante, la créativité est aussi bien plus complexe que l’application de solutions déjà établies pour lesquelles nous pouvons suivre des recettes pas à pas, ou copier une certaine procédure. C’est pourtant ce qu’on fait le plus souvent en classe. La créattitude fait référence à cette volonté d’essayer de nouvelles démarches et solutions, mais aussi à la capacité de porter un jugement critique et bienveillant sur le processus et à faire de nouveaux essais quand les tentatives créatives ne sont pas de qualité suffisante.
Attitudes et climat de classe
Comme pédagogues, pour stimuler la créattitude des élèves, nous devons nous assurer de développer les attitudes connexes qui ont été observées par différents chercheurs: la tolérance à l’ambiguïté (travailler dans des contextes où toutes les informations et consignes ne sont pas disponibles), la prise de risque, le sens de l’humour et l’enjouement. La synthèse des attitudes et des valeurs en lien avec les compétences du 21e siècle1 permet d’identifier les caractéristiques de l’ambiance à instaurer en classe pour permettre le soutien les apprentissages. Au premier chef: le développement d’un climat de classe bienveillant, où le bien-être et le respect de chacun des élèves sont assurés. Ainsi, un milieu scolaire où règne la culture de la peur, du silence ou de l’ignorance (où être intelligent est une menace) ne peut pas permettre aux enfants de prendre des risques; et même, ce type de culture consomme une partie de l’énergie de ses membres qui doivent se protéger ou s’assurer d’appartenir à la bonne gang pour se savoir à l’abri des jugements des membres dominants. Il faut développer un climat de classe où l’erreur est non seulement tolérée, mais valorisée dans le processus itératif de cocréation de connaissances et d’artefacts, et où l’entraide l’emporte sur la compétitivité et les évaluations. En somme, il faut commencer par travailler la culture et les relations entre les apprenants pour ensuite disposer d’un terreau fertile, propice à l’implantation d’activités d’apprentissage qui développeront à la fois les valeurs, les attitudes et les compétences des élèves.
On doit demander beaucoup plus à l’école que transmettre des connaissances et développer certaines compétences disciplinaires. On doit demander que l’école soit un milieu de vie sûr et bienveillant, sans violence d’aucune sorte, qui engage l’ensemble de sa communauté (élèves/enseignants/familles) dans un bon rapport au savoir, dans le plaisir d’apprendre, et qui mise sur l’autonomisation (empowerment) de chacun de ses membres dans le développement de leur créattitude ou de leur attitude créative envers le monde.
Haut de page
Note : Les commentaires doivent être apportés dans le respect d'autrui et rester en lien avec le sujet traité. Les administrateurs du site de Contact agissent comme modérateurs et la publication des commentaires reste à leur discrétion.
commentez ce billet