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Printemps 2010

L’agriculture hors Québec selon quatre diplômés

Des diplômés qui vivent en Suisse, en Nouvelle-Zélande et au Mexique livrent leur témoignage.

En complément à l’article Cultiver la rentabilité

L’AGRICULTURE SUISSE EN PLEINE MUTATION
Installés à Changins en Suisse depuis 2006, Dominique Fleury (Productions végétales durables 2000) et sa conjointe Isabelle Lavoie-Fleury (Horticulture et gestion des espaces verts 2004), tous deux agronomes, ont été surpris du rôle majeur de l’agriculture dans l’aménagement du paysage helvétique. Pour maintenir des portions de leurs terres en zones écologiques, les producteurs reçoivent des paiements de l’État. Le couple constate par ailleurs que l’agriculture suisse est présentement en pleine mutation puisque le gouvernement désire réformer ses politiques agricoles. Par exemple, en 2009, les quotas laitiers ont été abolis et, en 2011, les barrières tarifaires sur les denrées alimentaires importées tomberont probablement.

«Dans un tel climat politique, je pense qu’avec ses superficies restreintes et ses coûts de main-d’œuvre élevés, la production de masse est vouée à l’échec», rapporte M. Fleury. Comme la Suisse est associée à des produits de très haute qualité (Gruyère, Emmental, vins de terroir, chocolat), l’agriculture helvétique doit développer une stratégie de marchés de niches à hautes valeurs ajoutées. En effet, constate Mme Lavoie-Fleury, les consommateurs suisses sont fiers et attachés au label «Suisse Garantie» qui assure une production conforme aux normes environnementales, écologiques et respectueuses des animaux.

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NOUVELLE-ZÉLANDE: UNE RÉPUTATION À ENTRETENIR

En Nouvelle-Zélande, l’agriculture est la première source de revenu, relate Suzanne Bertrand (Biologie végétale 1985). Aussi, le gouvernement protège très activement l’agriculture et investit dans la recherche pour en assurer la compétitivité. Directrice internationale à l’innovation au Ministère de la recherche, de la science et des technologies de la Nouvelle-Zélande, Mme Bertrand en sait quelque chose. Le secteur agricole représente 30% du PIB national. Que ce soit avec sa production laitière (5,8 millions de vaches), ses animaux de boucherie (4,1 millions de bœufs, 32 millions de moutons et 1,2 million de cerfs) ou son horticulture vivrière (plus de 70 000 hectares en culture de raisin, kiwi, pomme, avocat, etc.), le pays se définit comme un fournisseur de produits alimentaires pour le reste du monde.

Dans ce contexte, rapporte la biologiste, un des grands défis auquel le secteur fait face est la notion de food-miles, très en vogue en Europe. Le terme fait référence à la distance que doit parcourir une denrée depuis son lieu de production jusqu’au consommateur, parcours qui implique l’émission de CO2, un gaz à effet de serre qui contribue aux changements climatiques. Le gouvernement surveille activement les mesures et arguments des tenants de cette notion, et a mené à ce sujet une campagne de marketing efficace en Grande-Bretagne.

Un autre défi important est le passage d’une agriculture industrielle polluante à une industrie respectueuse de l’environnement. Cette transition, souligne Suzanne Bertrand, est importante pour la qualité de vie en Nouvelle-Zélande. Elle l’est aussi pour conserver l’image de marque des produits néo-zélandais et justifier la valeur ajoutée. Dans ce passage, le mouvement environnementaliste local est un chien de garde efficace, travaillant avec les autorités régionales, les comités environnementaux et le Ministère de l’environnement pour identifier les sources de pollution et les sites fragiles.

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LE MEXIQUE MISE SUR LA PRODUCTION LAITIÈRE

Dans l’État mexicain de Tabasco, situé au sud-est du pays, 46% de la population vit dans des communautés rurales. L’élevage de bovins y est l’une des principales sources de revenus, raconte José-Luis Martinez (Microbiologie agricole 2008). Depuis 1996, la quantité de bovins a diminué dans l’État, alors que celle des vaches laitières a augmenté. C’est dire que le Tabasco s’inscrit dans la nouvelle tendance du Mexique à intensifier sa production laitière.

Dans cette lignée, avec en toile de fond la crise économique mondiale et les inondations dans la région en 2007 et 2009, les agriculteurs de Tabasco veulent occuper de nouveaux marchés en revalorisant leurs fromages traditionnels, qui datent de plus de 400 ans. Avec l’aide des autorités locales, ils ont évalué la possibilité d’obtenir une marque collective pour le fromage régional de type Balancán.

M. Martinez explique que la réglementation mexicaine autorise, en plus de l’appellation d’origine contrôlée, la marque collective, définie comme un ensemble de signes qui caractérisent l’origine géographique, le matériau utilisé, le mode de fabrication et la qualité d’un produit. «Avec l’enregistrement d’une marque collective pour le fromage de type Balancán, les éleveurs de bovin de l’État de Tabasco ont fait un grand pas vers l’avenir, en se basant sur le passé», se réjouit-il.

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