Impressions d'architecture
Publié le 19 septembre 2014 | Par Martin Dubois
Des architectes, vous en connaissez?
À moins d’être dans le domaine de l’architecture ou d’avoir fait appel à leur service récemment, rares sont ceux qui pourraient donner le nom de quelques architectes québécois. La culture populaire où les artistes de la chanson et de la télévision sont archiconnus grâce à un star-système bien établi éclipse souvent d’autres pans de la culture, dont l’architecture et les arts visuels. Les architectes, les artistes et les artisans travaillent bien souvent dans l’ombre.
L’idée de ce billet m’est venue le printemps dernier lors d’une controverse soulevée à l’émission Tout le monde en parle diffusée le 4 mai 2014. Le cinéaste Denys Arcand, invité à parler de son dernier film Le règne de la beauté, déplorait que peu de gens connaissent Pierre Thibault, probablement le plus connu des architectes d’ici, dont les splendides maisons ont servi de décor à son long métrage sur les tribulations amoureuses d’un jeune architecte. Selon le cinéaste, «les Québécois ne sont pas très sensibles à l’architecture».
Les réactions ont été nombreuses à la suite de cette remarque jugée élitiste et prétentieuse, même sur le plateau de l’émission où tout le monde se demandait qui était Pierre Thibault. N’empêche que je ne peux qu’être en accord avec Denys Arcand sur le fond de la question, soit le rapport des Québécois à l’architecture, à la beauté et à la laideur.
Il est en effet surprenant que Pierre Thibault1, pour poursuivre avec le même exemple, soit si peu connu du grand public. Il est pourtant l’architecte le plus médiatisé du Québec. Ses maisons de rêve font régulièrement l’objet d’articles dans les magazines et les quotidiens. Pas moins de 4 livres retracent son œuvre, en plus de quelques expositions et documentaires. Lauréat de nombreux prix et concours, dont celui de l’abbaye cistercienne du Val Notre-Dame à Saint-Jean-de-Matha, qui a été maintes fois médiatisée, l’architecte et enseignant à l’École d’architecture de l’Université Laval est un habitué des tribunes télé et radio (Au-delà des murs, Second regard, Visite libre, 125, Marie-Anne, etc.). En plus de l’attention médiatique à son égard autour du film Le règne de la beauté, il vient de signer le décor du plateau de l’émission de variétés L’été indien, où son nom a été maintes fois mentionné. Imaginez alors tous les autres architectes de talent, dont certains s’illustrent à l’international, qui créent sans reconnaissance publique. C’est symptomatique du peu d’intérêt que la société porte à l’architecture, qui est pourtant très présente dans notre vie de tous les jours.
Je ne veux pas dire ici que la reconnaissance publique est nécessaire pour être un bon architecte. Ce dernier a d’abord comme mission de concevoir de bons projets, fonctionnels, durables et esthétiques, qui satisferont les besoins de son client tout en contribuant à l’amélioration du cadre bâti et paysager en général. Je trouve toutefois dommage que les architectes d’ici ne soient pas reconnus à leur juste valeur. Qui est à blâmer? Les architectes eux-mêmes ont certainement une part de responsabilité là-dedans, eux qui ont pendant longtemps travaillé en vase clos. Ils ne sont souvent pas les meilleurs pour se vendre, leurs projets étant habituellement plus connus qu’eux-mêmes. Mais cela s’explique aussi en partie par la faible culture architecturale de notre société et par la perception que celle-ci a de nos architectes. Comme je le mentionnais dans un billet précédent, les Européens connaissent habituellement beaucoup mieux leurs créateurs et peuvent nommer, au même titre que des écrivains, des peintres ou des sculpteurs, plusieurs architectes qui sont reconnus à l’échelle locale ou nationale. C’est d’ailleurs en Europe qu’est né le phénomène des «starchitectes» désignant des architectes de renom qui sont invités à produire des immeubles iconiques dans différentes villes de monde. Pensons notamment à Frank Gehry, à Zaha Hadid, à Norman Foster, à Santiago Calatrava ou à Rem Koolhaas qui laissent partout où ils passent des bâtiments percutants qui deviennent souvent des images de marque pour une ville.
Des architectes québécois
À l’échelle québécoise, nous sommes loin de ce phénomène. Nous avons toutefois plusieurs architectes qui se démarquent du lot et qui ont par le passé remporté des concours ou créé des immeubles marquants. À part Pierre Thibault, les architectes Saucier et Perrotte, Éric Pelletier, Dan Hanganu, Diana Cardas, Provencher Roy ou YH2 (Yiacouvakis et Hamelin) vous disent-ils quelque chose? Probablement pas! Ils comptent pourtant parmi les stars des architectes québécois et créent du beau, ce dont nos paysages bâtis ont bien besoin.
J’ose ici une analogie. Depuis plusieurs années, l’art de la table a connu un essor fulgurant. On n’a qu’à penser à toutes les émissions de télévision et aux livres de recettes qui mettent en vedette des chefs cuisiniers d’ici. À force de les voir sur toutes les tribunes, certains chefs sont devenus de véritables stars, ce qui a fait avancer la gastronomie québécoise, les découvertes culinaires, l’alimentation en général. Je rêve du même engouement pour l’architecture, et je ne parle pas ici de décoration. Le jour où les architectes seront aussi visibles que les chefs cuisiniers, peut-être que la culture architecturale s’élèvera d’un cran, qu’on s’attardera davantage à la beauté de nos paysages bâtis, et que notre société sera plus exigeante et ouverte envers une architecture de qualité.
1 Découvrez son atelier, sa carrière universitaire et sa vision d’une maison où il fait bon vivre. ↩
Publié le 23 septembre 2014 | Par valérie perié
C'est suite à une expérience vécue et de par mes origines que j'ai lancé dernièrement
Espace A&D, la plateforme au service de l'architecture, du design et de tous ceux qui y participent, y compris le grand public.
L'architecture est une composante primordiale du culturel dans un pays. Elle répond à des phénomènes environnementaux mais aussi sociétaux et ne pas la rendre accessible serait condamnable. J'ai lu dans un journal que 60% des Québécois étaient sensibles à ce que l'on nomme le "cadre bâti".
Je vous invite à vous rendre sur notre site www.archietdesign.com, à nous suivre sur fb.
Au plaisir de vous rencontrer pour vous en parler
valérie perié
M. architecture
directrice de Espace A&D
514 812 5675 - 514 317 9889
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