Impressions d'architecture
Publié le 10 mars 2014 | Par Martin Dubois
Les 10 sites patrimoniaux menacés de Québec
Quels sont les bâtiments et les sites d’intérêt patrimonial à Québec qui sont menacés de démolition, qui agonisent faute d’entretien suffisant ou qui sont susceptibles de disparaître parce qu’ils ne sont pas considérés à leur juste valeur? Voici le top 10 de ces lieux que je juge en danger. L’idée n’est pas nouvelle, et je m’inspire en ce sens d’organismes reconnus qui publient chaque année de tels palmarès. Fidèle à sa tradition, Héritage Montréal a récemment dévoilé son palmarès annuel des 10 sites emblématiques menacés de Montréal. Héritage Canada La Fiducie nationale présente aussi annuellement son palmarès des 10 sites les plus menacés au Canada.
J’ai donc eu envie de me prêter au même exercice. Bien sûr, il s’agit ici d’une liste très personnelle qui n’est aucunement accréditée par un comité d’experts comme dans les organismes mentionnés plus haut. Ce palmarès n’engage que moi, et vous pouvez très bien réagir en manifestant votre désaccord ou en me suggérant d’autres cas qui auraient pu m’échapper. En contrepartie, car j’aime bien faire la part des choses, je publierai dans mon prochain billet les 10 bons coups de l’année en matière de patrimoine.
1. L’église Saint-Cœur-de-Marie
Bons nombre d’églises sont en péril. J’aurais pu faire un palmarès uniquement à partir de lieux de culte désaffectés ou menacés (Saint-Charles-de-Limoilou, Saint-Jean-Baptiste, chapelle historique du Bon-Pasteur, Saint-Grégoire-de-Montmorency, etc.). J’ai choisi Saint-Cœur-de-Marie, car elle est particulièrement emblématique avec son haut clocher de style byzantin qui domine la Grande Allée. Victime de déboires immobiliers ces dernières années, elle a récemment été menacée de démolition pour faire place à une tour de condominiums. Si le maire Régis Labeaume a tenté de nous rassurer en avançant que la Ville ne permettrait jamais une telle chose, la partie n’est pas gagnée. Dernier projet du promoteur: condos de luxe dans l’église convertie. Ce serait dommage de gaspiller un si bel espace intérieur en le divisant en appartements!
2. Le Manège militaire
Cela fera bientôt 6 ans que les ruines du Manège militaire, incendié en avril 2008, trônent à l’entrée du Vieux-Québec… et rien ne semble bouger du côté du gouvernement fédéral, propriétaire et responsable de ce site historique. Les autorités pencheraint toujours vers la reconstruction de cette œuvre magnifique de style Château, mais restent avares d’informations quant au projet et à sa mise en œuvre. En espérant que l’année qui vient sera la bonne pour ce dossier qui traîne malheureusement en longueur depuis trop longtemps.
3. La maison Pollack
Restons sur la Grande Allée pour parler du sort de cette maison unique à Québec, de style néo-baroque, construite en 1909 pour un riche industriel et acquise quelques années plus tard par le célèbre commerçant Maurice Pollack, fondateur d’une chaîne de magasins à grande surface. Aucun entretien n’est apporté au bâtiment depuis les années 1970, moment où l’immeuble a été transformé en maison de chambres. La belle colonnade monumentale en façade est particulièrement affectée, si bien qu’il a fallu l’étançonner par mesure de sécurité. Une restauration d’envergure s’impose pour redonner du lustre à cette imposante résidence, témoin des grandes richesses d’autrefois, avant qu’elle ne disparaisse dans la plus grande indifférence.
4. L’édifice du YMCA de la place D’Youville
Construit en 1879 pour servir de centre sportif et culturel pour la communauté anglophone de Québec, le YMCA a connu plusieurs décennies de quasi-abandon. En effet, ses étages sont désaffectés depuis la fin des années 1940 alors que le cinéma de Paris (aujourd’hui le cabaret du Capitole) lui a amputé une bonne part de ses espaces. L’édifice s’est depuis beaucoup dégradé et a perdu plusieurs éléments architecturaux d’origine. On a récemment redécouvert l’intérieur, doté de grandes arches en brique, lors d’une exposition d’art contemporain tenue dans les étages en ruine. Cet immeuble fait partie du projet Le Diamant piloté par Robert Lepage. Il est prévu que le bâtiment soit conservé et mis en valeur, mais rien n’a été arrêté sur la manière d’y parvenir. J’ai peur qu’on ne conserve que les 2 façades donnant sur la place et, pire, qu’on les déconstruise pour en reconstruire une pâle réplique en raison de contraintes budgétaires. J’espère que Robert Lepage saura conserver l’âme de ce bâtiment qui est le doyen de la place D’Youville.
5. La maison Bignell à Sillery
Cette maison, construite en 1811 par un riche marchand écossais, serait l’une des plus anciennes constructions encore debout dans le site patrimonial de Sillery. Représentative de l’architecture néoclassique importée par les Britanniques après la Conquête, elle est un petit bijou malheureusement méconnu et surtout mal en point. Acquise par un propriétaire qui s’est construit une luxueuse demeure sur le terrain dans les années 1980, elle croupit depuis plusieurs décennies. Et même si la maison bicentenaire est protégée en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, les autorités semblent impuissantes à obliger le propriétaire à la restaurer ou à la vendre. Et le temps continue de faire son œuvre…
6. Le Centre Durocher
Ce centre de loisirs est au cœur de la vie sociale du quartier Saint-Sauveur depuis 1950. Comprenant, entre autres, une vaste salle polyvalente, 14 allées de quilles et divers locaux destinés à des activités communautaires, le centre arbore une architecture moderne en brique représentative de son époque de construction. Sa tour d’entrée octogonale à l’angle du bâtiment, décorée de bas-reliefs, est particulièrement intéressante. La Ville de Québec a récemment annoncé que le centre serait rasé pour faire place à un immeuble de logements sociaux. Avec la démolition de ce bâtiment, c’est toute une part de l’histoire sociale de Saint-Sauveur qui disparaît. Ne pourrait-on pas minimalement conserver la tour d’entrée comme rappel du centre et l’intégrer dans le nouveau projet?
7. Les grands domaines de Sillery
Figurant en 2011 au palmarès des sites les plus menacés au Canada, les grands domaines de Sillery font couler beaucoup d’encre depuis des années. Les propriétés des communautés religieuses sont à un point tournant, et les promoteurs immobiliers salivent devant le potentiel de ces sites surplombant le fleuve. Je ne suis pas nécessairement d’accord avec les groupes de protection du patrimoine qui s’opposent à tout développement coûte que coûte. Cette position radicale est à mon avis stérile. Le manque de position claire de la Ville et du ministère de la Culture et des Communications qui se renvoient la balle est également néfaste dans ce débat très émotif. Bref, je suis convaincu qu’un développement urbain intelligent et bien contrôlé pourrait permettre de conserver un maximum d’espaces verts et de bâtiments patrimoniaux. À condition que les différents acteurs, actuellement campés sur leurs positions, puissent arriver à un terrain d’entente.
8. Les ponts de Québec et de l’Île d’Orléans
Quoi dire de plus sur la saga du pont de Québec qui rouille, rouille et rouille encore pendant que le CN et les gouvernements sont en perpétuelle querelle pour savoir qui va payer la facture d’entretien…. Et plus on attend, plus ça va coûter cher. Quant au pont de l’Île d’Orléans, construit en 1935, je considère qu’il est aussi un élément emblématique. Si le ministère des Transports a annoncé qu’un nouveau lien routier serait construit pour desservir l’île, on ne sait toujours pas ce qu’il adviendra du vieux pont. Le conserver pour les cyclistes et les véhicules d’urgence me semble une idée intéressante.
9. Le cottage Ross
Située au 1244, chemin Sainte-Foy, à l’angle de la rue Ernest-Gagnon, cette petite maison est en fait le dernier vestige d’un grand domaine connu autrefois sous le nom de Holland Farm, du nom de son premier propriétaire, Samuel Holland. En 1885, ce domaine rural passe entre les mains de la famille Ross qui agrandit la villa principale située au sud du chemin Sainte-Foy. Sur leurs terres au nord du chemin, les Ross font construire, en 1914, un cottage pour loger leur chauffeur avant de céder une partie du terrain pour la construction de l’hôpital Jeffery Hale. À la suite de la démolition de la villa principale et des autres dépendances dans les années 1960 pour faire place au complexe d’habitation le Samuel-Holland, le cottage demeure le seul bâtiment encore debout. Cette petite maison centenaire issue du style architectural Arts & Crafts est aujourd’hui menacée par un important développement immobilier. La déplacer dans le parc Samuel-Holland situé en face, dont le boisé est un vestige du domaine original, pour en faire un pavillon de services serait peut-être sa meilleure planche de salut.
10. La caserne de pompiers de Limoilou
Bâtie en 1910 selon les plans de l’architecte Georges-Émile Tanguay, qui avait dessiné l’hôtel de ville, la caserne de pompiers no 10 sise au 325, 5e Rue a été conçue en tant que symbole du pouvoir municipal à la suite de l’annexion de Limoilou à la Ville de Québec (1909), d’où son architecture faste. Fermée en 1992, la caserne est convertie en centre d’art et de culture en 1997. Cette vocation culturelle n’est que de courte durée et le centre de diffusion L’Autre Caserne ferme ses portes en 2004. Depuis 10 ans, le bâtiment, qui sert d’entrepôt, est sous-utilisé et se dégrade. Différents projets, dont certains prônant la démolition, ont circulé. L’idée d’y implanter une halte-garderie est la plus récente, mais rien ne semble arrêté. La démolition de cet immeuble serait une perte irrémédiable pour le quartier Limoilou.
Publié le 23 juillet 2014 | Par Claudette Richard
Publié le 21 juillet 2014 | Par Marc Chamberland
Publié le 31 mars 2014 | Par Pierre Brunet
Publié le 14 mars 2014 | Par Louise
Investir pour leur redonner leur beauté d'antan serait merveilleux. À quand un mécėne qui prendrait en charge toutes ces beautés fanées pour leur redonner la beauté de leur jeune âge?
Québec il y a si longtemps que je t'aime. Svp préservons notre patrimoine.
Publié le 14 mars 2014 | Par pierre vagneux
L'incapacité d'établir un dialogue avec les autorités sur l'avenir du site patrimonial de Sillery (un patrimoine de la population du Québec) nous a amené à déposer un PPU citoyen en janvier 2011, qui prévoyait le recyclage des bâtiments patrimoniaux. Au printemps 2013, des audiences publiques menées par le conseil du patrimoine culturel du Québec ont permis à la société civile de s'exprimer et les rapport et avis de ce Conseil sont favorables à la protection de ce site. Sauf que la Ville de Québec repousse la consultation avec la population au moment ou elle aura déposé son PPU (qui prévoit 800 logements si on se base sur son scénario pour le site patrimonial publicisé en juin dernier).
Publié le 13 mars 2014 | Par Karl Loeffler
Publié le 13 mars 2014 | Par Francois
Publié le 13 mars 2014 | Par Martin Dubois
Publié le 13 mars 2014 | Par Tommy Byrne
http://www.lapresse.ca/le-soleil/actualites/la-capitale/201311/15/01-4711312-eglise-saint-coeur-de-marie-un-nouvel-hotel-sur-la-grande-allee.php
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