Impressions d'architecture
Publié le 27 août 2013 | Par Martin Dubois
Lac-Mégantic: reconstruire un centre-ville
La tragédie ferroviaire de Lac-Mégantic du 6 juillet dernier nous a tous profondément marqués en raison de l’ampleur des dégâts et surtout, du nombre de victimes causés par un accident qui aurait sans doute pu être évité. Loin de moi l’idée d’en rajouter sur les causes probables de l’événement et les présumés coupables. Je laisse les enquêtes en cours s’occuper de cet aspect. Pour ce billet, je voudrais surtout m’attarder au centre-ville détruit qu’il faudra immanquablement reconstruire une fois le site nettoyé et décontaminé.
Photo Yves Tremblay, www.photohelico.com
D’un point de vue urbain et architectural, ce centre-ville avait des qualités indéniables que tous souhaitent retrouver dans les nouveaux aménagements. Je ne suis jamais allé à Lac-Mégantic et je ne suis donc pas spécialiste de l’architecture de cette ville. Mais pour avoir vu plusieurs centres-villes de municipalités de même envergure partout au Québec, j’ai une petite idée de l’importance qu’ils ont dans la structure urbaine et sociale d’une localité.
Les qualités d’un centre-ville
Avant même d’aborder les caractéristiques urbaines et architecturales, il faut se demander quel genre de centre-ville Lac-Mégantic souhaite retrouver. Il semble que ce centre-ville n’avait jamais été aussi beau qu’avant la tragédie. Au cours des dernières années, il y avait eu une belle revitalisation de la rue Frontenac qui avait permis, non seulement d’améliorer les façades des différents immeubles, mais surtout de donner à la population le goût de fréquenter davantage le centre-ville, de venir y faire quelques emplettes, de s’y restaurer ou de passer une belle soirée sur une terrasse. L’idée n’est pas de vouloir reproduire tout ce qui a été rasé. Le but d’une reconstruction, c’est de retrouver les ingrédients qui faisaient que ce centre-ville était convivial, vivant et animé pour réinsuffler une ambiance et un dynamisme au cœur de cette localité estrienne.
Mais que possède un centre-ville ancien par rapport à d’autres pôles commerciaux plus récents, souvent établis le long de boulevards à la périphérie urbaine? Outre les immeubles patrimoniaux dont nous reparlerons plus tard, tout est une question de concentration, de densité urbaine et de mixité. En effet, la concentration d’espaces commerciaux, de bureaux et de logements dans un même lieu permet des déplacements à pied. On peut ainsi passer d’un commerce à l’autre sans nécessairement prendre la voiture chaque fois. La densité permet d’avoir une masse critique de commerçants et d’habitants qui favorisent la marche une fois la voiture garée.
Il faut aussi mentionner l’ambiance urbaine unique à ce genre d’endroits. L’animation est d’abord générée par la présence des commerces eux-mêmes qui, par leur enseigne, leur vitrine et leur terrasse au niveau du trottoir, créent une diversité visuelle. La présence de bureaux ou de logements aux étages permet aussi d’animer les lieux à toute heure de la journée. Alors que ce sont surtout les travailleurs des bureaux et les clients des commerces qui animent la rue le jour, les habitants des lieux ainsi que les restaurants et les bars créent une animation nocturne, le soir venu. Si, en plus, la mixité commerciale est au rendez-vous et que la diversité des types de logements offerts peut accommoder autant des personnes seules que des couples et des familles de tout âge, l’animation urbaine sera d’autant plus élevée. On ne retrouve absolument pas ces qualités urbaines sur les boulevards commerciaux où les bâtiments sont situés au fond des grands stationnements. On n’y retrouve aucune vie après la fermeture des commerces et tout est aménagé en fonction de la sacro-sainte automobile.
Lac-Mégantic avait eu la bonne idée de miser sur son centre-ville alors que tant d’autres villes avaient baissé les bras devant la migration commerciale vers la périphérie, comme le relatait si bien la chanson «La rue Principale» du groupe Les Colocs. Malheureusement, un train fou est venu briser tous ces efforts en fauchant 47 vies et en faisant exploser une grande partie du cœur de la ville.
Un patrimoine à rebâtir?
Au lendemain de la tragédie, j’ai entendu à quelques reprises, dans les médias, des citoyens méganticois qui désiraient reconstruire le centre-ville et retrouver leurs immeubles patrimoniaux. Malheureusement, le patrimoine, ça ne se rebâtit pas. Même s’ils étaient reconstruits de façon identique, les immeubles du centre-ville rasés par l’explosion ne pourraient pas retrouver l’âme qu’ils avaient avant la tragédie.
Ce qu’on peut recréer toutefois, c’est une ambiance, une rue animée, un lieu de rencontre. Lors de la construction, je ne recommande donc pas de tenter de reconstituer à l’identique ce qu’on trouvait avant la tragédie. Je conseille plutôt de repenser le centre-ville en respectant le plan cadastral d’origine, c’est-à-dire en favorisant plusieurs petits bâtiments mitoyens plutôt que de grandes surfaces monolithiques, ce qui créera une diversité architecturale propre aux centres-villes anciens.
Des bâtiments de 3 étages avec rez-de-chaussée commercial semblent le gabarit parfait pour créer une certaine densité sans trop étouffer la rue Frontenac. Par ailleurs, la mixité commerciale et sociale est souhaitable pour une animation à toutes les heures du jour. L’aménagement de cafés-terrasses, l’utilisation de matériaux identitaires (tels que le granit pour certaines façades et pour le mobilier urbain), la présence d’arbres et de végétaux ainsi que l’aménagement d’espaces de stationnement en périphérie semblent tout indiqués pour une rue principale conviviale et attrayante.
Il faut à tout prix éviter de recréer des modèles commerciaux de banlieue tels qu’on en retrouve partout et conserver l’identité du vieux centre-ville. En espérant que la décontamination du site et que la reconstruction ne prendront pas trop d’années… Sinon, il y a risque que les commerces réinstallés ailleurs ne veuillent plus revenir au centre-ville et que les clients aient trop changé leurs habitudes. Tous ces acteurs ont d’ailleurs leur mot à dire à propos du genre de centre-ville qu’ils veulent retrouver.
Bien que certains vestiges patrimoniaux restés debout, comme ceux d’une petite église et d’une ancienne banque, puissent toujours être réutilisés comme témoins de la tragédie dans une nouvelle construction, le patrimoine du tronçon de rue parti en fumée est disparu à jamais. C’est ce qu’on construira à la place qui deviendra le patrimoine de demain, d’où l’importance de bien le penser. Et la mémoire de la tragédie sera sans doute mieux servie par un mémorial aménagé dans un espace public en hommage aux 47 victimes. Pour que jamais ça ne se reproduise.
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Publié le 6 mars 2014 | Par Claire Boulet
Publié le 28 février 2014 | Par Josette Maranda
Je nous souhaite beaucoup de créativité et de l'harmonie dans sa réalisation.
Publié le 18 novembre 2013 | Par Édoaurd La France
Publié le 5 septembre 2013 | Par Carole Duval
Publié le 3 septembre 2013 | Par Jacques Gagnon
Publié le 31 août 2013 | Par Aline Pepin
Il faut vraiment que ça ressemble, ne serait-ce que les façades des maisons soient du même style que c'était!!!!
C'est la moindre des choses, pour ces gens qui ont tout perdu; moi, je pense vraiment qu'il faut faire revivre en utilisant les terrains sur lesquels ces maisons ont été détruites!!!
Publié le 30 août 2013 | Par Pierre-Yves
Publié le 30 août 2013 | Par Jean Turmel
Juste à temps alors que la reconstruction se trame, très bon article. Un plan version 10-30 perdant l'essence du Lac-Mégantic est présenté. J'espère fortement que votre article se rendra aux personnes concernées et permettra de faire saisir bien des principes en design urbain qui font des quartiers et villes à l'échelle humaine, durables et plus sécuritaires pour les citoyens.
Jean Turmel, architecte
Publié le 29 août 2013 | Par Suzie Nadeau
Publié le 29 août 2013 | Par Céline Turcotte et Jean Tanguay
et aux entrepreneurs car se sont eux qui investissent temps, argent et surtout leur âme et leurs passion. Ce qui fait la réussite d'un centre-ville vivant.
SVP Message aux élus de Lac-Mégantic à vous de ne pas commettre l'irréparable
car vous n'avez pas la compétence pour.
Félicitations M. Martin Dubois, vous n`habitez pas Lac-Mégantic et votre vision est la bonne.
Nous aurions besoin de votre aide.
À votre disponibilité
Jean Tanguay
Publié le 29 août 2013 | Par lynda cameron
Publié le 28 août 2013 | Par Daniel Larochelle
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