Impressions d'architecture
Publié le 21 octobre 2016 | Par Martin Dubois
Carnet de Scandinavie
Mon récent voyage dans le nord de l’Europe, couplé à un autre réalisé en 2011, m’a permis de visiter plusieurs pays scandinaves et de découvrir leur architecture, autant patrimoniale que contemporaine. Le Danemark, la Norvège et la Suède sont les 3 pays qui constituent la Scandinavie à proprement parler. La Finlande et l’Islande sont pour leur part souvent associées aux pays scandinaves pris dans un sens plus large. Ce coin du monde est régulièrement cité en exemple pour son modèle social-démocrate, pour sa qualité de vie élevée (santé, éducation, etc.) et pour son design épuré (pensez IKEA). J’ajouterais que ces pays sont plutôt exemplaires et avant-gardistes en matière d’aménagement, d’urbanisme et d’architecture.
Les grandes villes de Scandinavie sont bien aménagées, conviviales pour les piétons et les cyclistes et ont, pour la plupart, réussi à transformer leurs rives en de magnifiques lieux, souvent grâce à des équipements culturels spectaculaires. Les Scandinaves ont créé une architecture qui leur est propre et qui tient compte du contexte d’implantation, du climat nordique et de leurs matériaux locaux, une approche dont il serait intéressant de s’inspirer pour définir une architecture québécoise. Portrait architectural des capitales de ces 5 pays nordiques par l’entremise de quelques observations et coups de cœur.
Copenhague, Danemark
Copenhague est une ville remarquable à plusieurs points de vue et sa réputation n’est pas surfaite. Ce port important est la Mecque des cyclistes. La ville, aménagée en fonction de ce mode de transport, se visite aussi bien à pied, en vélo qu’en transport en commun, ce qui a une réelle incidence sur l’aménagement urbain. L’omniprésence des canaux et des quais permet également un contact privilégié avec l’eau. La vieille ville comporte un nombre impressionnant de bâtiments anciens d’intérêt –palais, églises, bourse, hôtel de ville, etc.–et d’œuvres contemporaines, souvent implantés près des quais. Certains sont spectaculaires, comme l’Opéra (Henning Larsen, 2005), l’annexe de la Bibliothèque royale, appelée le Diamant noir, (Schmidt, Hammer et Lassen, 1998) et des immeubles d’habitation au design avant-gardiste. D’autres réalisations récentes en périphérie valent également le détour. La vitalité architecturale de cette ville danoise est palpable, et la renommée qu’elle s’est forgée à cet égard ces dernières années ne se dément pas.
Stockholm, Suède
La Venise du Nord, comme on l’appelle parfois, est également une ville en symbiose avec la mer. La vieille ville est littéralement entourée d’eau, et son architecture n’est pas sans rappeler certaines villes italiennes en raison de la couleur des murs en crépi et des tuiles d’argile recouvrant les toits. Plusieurs bâtiments classiques, comme les palais royaux, évoquent quant à eux d’autres capitales européennes. L’hôtel de ville (Ragnar Östberg, 1911-1923), où sont remis la plupart des prix Nobel –celui de la paix étant remis en Norvège–, domine la ville avec son haut beffroi. Moins présente dans le centre, l’architecture contemporaine se déploie davantage en périphérie. Hammarby, par exemple, est un vaste écoquartier qui a inspiré la Ville de Québec dans la planification des quartiers actuellement en développement. Un bel exemple de développement durable dans ce pays réputé pour ses initiatives innovantes en matière de solutions écologiques. La ville de Malmö, dans le sud du pays, à proximité du Danemark, n’est pas en reste du point de vue de sa vitalité architecturale. Son principal symbole est un gratte-ciel de 54 étages, la Turning Torso. Apparue en 2005 et conçue par l’architecte espagnol Santiago Calatrava, la plus haute tour de Scandinavie est composée de 9 cubes de 5 étages chacun qui tournent sur eux-mêmes en s’élevant, formant ainsi une torsion de 90 degrés entre le haut et le bas de la tour.
Oslo, Norvège
Située dans le fond d’un fjord norvégien, la ville d’Oslo s’est métamorphosée ces dernières années grâce à la revitalisation et à la réhabilitation de ses quartiers portuaires. Elle mise aussi sur des aménagements donnant toute la place aux piétons et sur une architecture contemporaine faisant appel aux meilleurs architectes. D’un côté, le quartier résidentiel Tjuvholmen prend place directement sur des quais dans le prolongement du quartier Aker Brygge où plusieurs vieux entrepôts ont été recyclés. Construits autour du musée d’art contemporain Astrup Fearnley, dessiné par l’architecte Renzo Piano, une vingtaine de nouveaux immeubles d’habitation ont été conçus par des firmes d’architecture différentes, ce qui assure une diversité très agréable dans un environnement entièrement piétonnier. À l’autre extrémité du port, c’est un véritable quartier culturel qui émerge autour du nouvel Opéra d’Oslo. Conçu par la firme Snøhetta et inauguré en 2008, ce magnifique édifice en marbre blanc est l’un de mes principaux coups de cœur du voyage. Tel un iceberg, il émerge de l’eau par un immense pan incliné qui devient une grande place publique en même temps qu’un toit-terrasse où l’on peut déambuler à sa guise tout en admirant la ville. L’intérieur est un bijou, du moins le grand foyer vitré où le volume de la salle, tout en bois, déploie ses formes spiralées. Chaque détail architectural de ce spectaculaire immeuble est maîtrisé à la perfection. La construction de cet équipement culturel de prestige a dynamisé cet ancien site industriel, actuellement en pleine effervescence. Une bibliothèque municipale est en construction juste à côté et de nouveaux édifices administratifs au design avant-gardiste y ont été bâtis. Parmi les autres immeubles d’intérêt d’Oslo, notons l’hôtel de ville, construit en 1950, où est remis chaque année le prix Nobel de la paix, ainsi que le palais royal qui domine la ville.
Helsinki, Finlande
La ville d’Helsinki a été pour moi un coup de cœur architectural dans son ensemble. Cette ville possède une personnalité propre et ne ressemble à aucune autre capitale européenne. On y dénote diverses influences, dont celle de la Russie par la présence d’églises orthodoxes coiffées de bulbes si caractéristiques, mais aussi une grande tradition de design qui a permis de développer, au début du 20e siècle, un style national particulier qui ne se voit nulle part ailleurs. Cette interprétation particulière de l’Art Nouveau, ici appelé le romantisme national, a marqué plusieurs édifices du centre-ville, dont la gare ferroviaire située au centre-ville (Eliel Saarinen, 1914). La période fonctionnaliste de la modernité architecturale est, quant à elle, marquée par plusieurs œuvres d’Alvar Aalto, un de mes architectes favoris. On lui doit notamment l’Université technologique (1949-1966), la Maison de la culture (1958) et le centre des congrès nommé Palais Finlandia (1970-1971). J’ai aussi craqué pour l’église de Temppeliaukio (Timo et Tuomo Suomalainen, 1969), profondément creusée dans le roc, en raison de son architecture fort originale. Proclamée capitale mondiale du design en 2012, la ville d’Helsinki s’est dotée ces dernières années de plusieurs institutions culturelles, dont le musée d’art contemporain Kiasma (Steven Holl, 1998), la Maison de la musique (LPR, 2011) et la bibliothèque principale de l’Université d’Helsinki (Anttinen Oiva Arkkitehdit, 2012).
Reykjavik, Islande
Enfin, la plus nordique de toutes ces villes vaut également le détour pour son architecture. Bien que l’Islande soit surtout reconnue pour ses paysages grandioses, ses volcans, ses geysers, ses failles tectoniques et ses bains d’eau sulfureuse, son patrimoine bâti est tout à fait intéressant. La situation de l’Islande au cœur du cercle polaire fait en sorte que les arbres ne poussent pas à l’état naturel. Cela se répercute sur l’architecture qui n’utilise presque pas le bois. La maison traditionnelle islandaise partage plusieurs similitudes avec la maison québécoise à la différence que ses revêtements extérieurs sont en crépi ou en tôle. Aussi bien à Reykjavik que dans d’autres villes côtières visitées, la tôle ondulée peinte de toutes les couleurs, qui n’a pas la même connotation négative qu’ici, est le matériau de recouvrement par excellence des maisons.
Du côté de l’architecture plus récente, la cathédrale Hallgrímskirkja (Guðjón Samúelsson, 1945-1986) domine la ville. Construit entièrement en béton, ce monument moderne aux lignes verticales est devenu le symbole de Reykjavik. Plus récente, la salle de concert Harpa (Henning Larsen, 2011), construite dans le port, s’inscrit dans le même contexte de réappropriation des berges qu’à Oslo ou à Copenhague par la construction d’équipements culturels d’envergure. Entièrement revêtu de prismes de verre en forme d’alvéoles, l’édifice sert également de centre des congrès.
Bref, l’architecture scandinave, reconnue pour son design épuré et fonctionnel, ne fait pas mentir sa réputation.
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Ce billet s’inscrit dans une série de Carnets. Pour lire les autres billets:
3. Carnet de Nouvelle-Angleterre
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Publié le 21 octobre 2016 | Par GCR
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