À la claire fontaine

Pour ce billet d’été, je souhaitais traiter d’un sujet plutôt léger et rafraîchissant… Et pourquoi pas un petit palmarès de mes fontaines préférées dans la ville de Québec? J’ai toujours été un peu perplexe quant à la pertinence d’avoir autant de fontaines dans une ville aussi nordique que la nôtre, alors qu’elles ne sont en fonction que la moitié de l’année. Toutefois, quand les grandes chaleurs reviennent, quoi de plus agréable que de s’asseoir près d’une fontaine, d’écouter le clapotis de l’eau qui enterre les bruits de la ville, de contempler les mouvements des eaux qui nous éclaboussent parfois ou de regarder les enfants s’amuser sous les jets d’eau?

Je vous propose donc une sélection de 10 fontaines de Québec, anciennes ou récentes, connues ou moins connues, que j’affectionne tout particulièrement. Toutes situées à proximité du centre-ville, ces fontaines extérieures ont en commun de créer des mouvements d’eau et de contribuer agréablement à l’espace urbain. J’ai délibérément exclu les très petites fontaines (par exemple, les deux fontaines Wallace, le monument des Livernois) ainsi que les jeux d’eau pour enfants qui ont davantage un rôle récréatif qu’ornemental.

1. La fontaine de Tourny
La préférée de bien des Québécois… et la mienne. On dirait que cette fontaine a toujours fait partie du décor, au centre d’un rond-point devant l’Hôtel du Parlement. Elle n’est pourtant apparue dans ce paysage urbain qu’en 2007, offerte par la famille Simons en prévision du 400^e anniversaire de la ville de Québec. Réalisée par le sculpteur français Mathurin Moreau, la fontaine avait remporté une médaille d’or à l’Exposition universelle de Paris en 1855. Pendant près d’un siècle, de 1857 à 1960, elle agrémentait les allées de Tourny au centre-ville de Bordeaux, d’où son nom actuel. Mesurant 7 mètres de hauteur, la fontaine de Tourny a tout pour nous charmer avec ses figures allégoriques, ses 43 jets d’eau et sa mise en lumière nocturne.

La fontaine de Tourny. Photo Martin Dubois

2. Éclatement II
Pièce maîtresse de la place de la Gare, récemment renommée place Jean-Pelletier, cette fontaine est une œuvre monumentale de l’artiste Charles Daudelin (1920-2001). Installée en 1998, la sculpture-fontaine est inspirée de l’œuvre Embâcle (1984), du même artiste, que l’on peut voir sur la place du Québec à Paris. Constituée d’acier Corten, la fontaine évoque le soulèvement de la croûte terrestre et les plaques tectoniques disloquées par la force de l’eau qui, harnachée, devient une puissance hydroélectrique contribuant à l’économie du Québec.

La sculpture-fontaine Éclatement II. Photo Martin Dubois

3. Justice!
Moins connue car située derrière le palais de justice de Québec, cette sculpture-fontaine installée en 1983 est l’œuvre de l’artiste Armand Vaillancourt. Un grand bassin est ponctué d’un long tube carré formé de plaques d’acier boulonnées qui ressemble à un couloir de prison au bout duquel une main en fer noir est tendue derrière des barreaux comme un appel au secours. De ce «couloir» éclairé la nuit de l’intérieur sort un bouillon d’eau. La sculpture intitulée Justice! est surnommée Le bras de la justice. J’aime la force de cette œuvre qui n’est pas sans rappeler la fontaine monumentale Québec libre! que Vaillancourt avait réalisée en 1971 sur la place Embarcadero à San Francisco. De grands tubes semblables en béton s’entremêlaient en crachant des jets d’eau.

La fontaine Justice!. Photo Martin Dubois

4. La cascade du parc Saint-Roch
Dévalant la falaise dans cette place qui a récemment fêté ses 20 ans, la plus monumentale des fontaines présentées ici n’a pas pris une ride, même que les arbres tout autour ont atteint une belle maturité, ce qui renforce l’aspect naturel du lieu. Ici, avec le bruit de la cascade, on est coupé de la ville et des rues passantes qui entourent le parc. Belle idée de Jean-Paul L’Allier qui a donné l’impulsion à la revitalisation du quartier Saint-Roch, ce parc a permis d’attirer tout autour des institutions, des bureaux et des résidents. À noter qu’on peut se tremper les pieds dans le bassin au pied de la cascade.

La cascade du parc Saint-Roch. Photo Martin Dubois

5. Le monument de la Foi
Ce monument-fontaine a été érigé en 1915 pour souligner le 300^e anniversaire de l’implantation de la foi au Canada par l’arrivée des missionnaires Récollets, en 1615, dont le monastère avait façade sur la place d’Armes. Cette place a eu une fonction militaire jusqu’à la fin du 19^e siècle alors qu’elle est transformée en square. Cette fontaine sculptée en granit de Stanstead de 12 mètres de hauteur est unique par son architecture néogothique: arcs-boutants, ogives, gargouilles, pinacles et fleurons. Restaurée récemment en prévision de son centenaire, elle possède plusieurs bas-reliefs en bronze ainsi qu’une statue à son sommet symbolisant la Foi par une femme tenant une croix et une palme.

Le monument de la Foi. Photo Martin Dubois

6. La fontaine du Centenaire
Voisine du kiosque Edwin-Bélanger dans le parc des Champs-de-Bataille (plaines d’Abraham), cette fontaine méconnue a été érigée à l’occasion du centenaire de la Confédération canadienne en 1967. Formée d’une grande vasque en béton qui se déverse dans une autre, la fontaine est agrémentée de jets d’eau. Malgré la forte présence du béton, elle dégage une certaine élégance. Même si cela peut être tentant par journée de canicule, des affiches indiquent l’interdiction de s’y baigner.

La fontaine du Centenaire. Photo Martin Pelletier

7. La fontaine de l’hôtel du Parlement
La plus ancienne des fontaines présentées ici date de 1887-1888, soit après la fin de la construction de l’hôtel du Parlement (Assemblée nationale). Le bassin situé juste au bas de l’entrée centrale, enserré entre deux grands emmarchements recourbés, est agrémenté de jets d’eau. Tout près, la sculpture d’un Amérindien harponneur, intitulée Le pêcheur à la Nigog (œuvre du sculpteur Louis-Philippe Hébert, 1891), se tient debout au bord d’une cascade mugissante. Cette fontaine sert surtout pour l’apparat et la contemplation, car on ne peut s’en approcher.

La fontaine de l’Hôtel du Parlement. Photo Martin Dubois

8. Les fontaines de l’édifice Marie-Guyart
Deux œuvres-fontaines se côtoient entre le « Complexe G » et le boulevard René-Lévesque Est. La première, l’œuvre 1+1=1 du sculpteur Charles Daudelin, est formée de deux cubes en acier Corten imbriqués l’un dans l’autre et déposés sur un miroir d’eau qui se déverse sur les côtés d’un socle en granit. Installée en 1996, elle remplace une œuvre-fontaine du même artiste (Chaos, 1973), détruite, qui agrémentait la cour intérieure de l’édifice Marie-Guyart. La deuxième fontaine est apparue plus récemment. Elle est composée d’un mur d’eau ponctué d’éléments en acier Corten créant des mouvements d’eau intéressants.

Le mur d’eau de l’édifice Marie-Guyart. Photo Martin Dubois

9. Les fontaines des jardins de l’hôtel de ville
La plus récente des installations présentées, inaugurée il y a quelques mois à peine. Il s’agit de 49 jets d’eau émergeant du sol au centre des jardins de l’hôtel de ville nouvellement réaménagés. Les jets créent un ballet aquatique grâce à une chorégraphie programmée. Un éclairage met en scène la fontaine le soir venu. L’idée n’est pas nouvelle. On retrouve ce genre de fontaine un peu partout, dont sur la place des Festivals à Montréal, mais c’est toujours aussi efficace, surtout auprès des enfants qui s’en donnent à cœur joie.

Les jets d’eau du jardin de l’Hôtel de ville. Photo Martin Pelletier

10. La fontaine de la place de la FAO
Cette place publique a été aménagée en 1995 pour souligner le 50^e anniversaire de la création de la FAO, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, fondée à Québec le 16 octobre 1945. Conçus par l’architecte paysagiste André Plante, la fontaine et les pavés de la place évoquent la courbe ondulatoire des vagues du fleuve Saint-Laurent qui venait autrefois baigner les berges à cet endroit. Au centre, la sculpture La Vivrière, des artistes Carmelo Arnoldin, François Hébert et Richard Purdy, évoque la figure de proue d’un navire portant dans ses bras des produits alimentaires, symboles de l’abondance et de la fécondité de la terre. Une fois de plus, les enfants ne peuvent s’empêcher de barboter dans l’eau de cette fontaine.

La fontaine de la place de la FAO. Photo Martin Dubois

Si vous voulez ajouter vos coups de cœur, n’hésitez à laisser vos suggestions en commentaires. Bonnes vacances!