Guérir sans médicaments
David Servan-Schreiber (Médecine 1984) a été propulsé sous les feux de la rampe avec son livre proposant une approche plus "douce" pour traiter stress, dépression et anxiété.
Par Catherine Morency
David Servan-Schreiber est un psychiatre peu ordinaire. Il favorise le recours à des thérapies complémentaires et non seulement aux médicaments traditionnels, comme il l’explique dans son livre Guérir le stress, l’anxiété, la dépression sans médicaments ni psychanalyse (Éditions Robert Laffont) publié récemment.
Sans rejeter la nécessité de certains traitements médicaux –il prescrit couramment certains d’entre eux–, le psychiatre soutient qu’une série de petits gestes peuvent, à long terme, traiter la dépression et assurer contre les rechutes. Des habitudes toutes simples qui se résument à une saine alimentation (riche, entre autres, en oméga-3), des techniques de relaxation appropriées et un retour à l’activité physique. Des habitudes qui exploitent les mécanismes d’autoguérison du cerveau, comme l’explique en détail le chercheur dans son livre.
«Nous sommes confrontés, depuis quelques années, aux limites de la médication. Bien qu’ils soient très utiles en situation de crise, les médicaments ne peuvent pas tout régler et les gens en sont de plus en plus conscients. C’est pourquoi, et avec raison, ils attendent de la médecine qu’elle développe des approches de santé complémentaires, non médicales et faciles à pratiquer de manière autonome.» C’est à cette demande qu’il tente de répondre, persuadé qu’une société moins médicamentée sera en bien meilleure santé.
Dans son livre, best-seller depuis sa sortie, le psychiatre donne des conseils à ceux qui voudraient poursuivre la recherche avec lui. Et à ceux qui auraient peur de servir de cobayes, il répond: «Les méthodes naturelles de guérison que je présente ont été évaluées selon des critères objectifs et scientifiques; aussi, leur simplicité ne devrait pas décourager les gens, qui devraient plutôt y voir une occasion de tenter de se guérir eux-mêmes, avec des techniques inspirées de celles de nos ancêtres.»
En passant par Québec
David Servan-Schreiber a jusqu’à maintenant une carrière bien remplie. Médecin réputé, chercheur reconnu, il a reçu plusieurs prix et distinctions. Après avoir obtenu son doctorat en médecine de l’Université Laval en 1984, puis s’être spécialisé en psychiatrie, il cofonde, en 1993, le Laboratoire de sciences neurocognitives cliniques de l’Université de Pittsburgh. En 1997, il devient chef du service de psychiatrie de l’hôpital de Shadyside de l’Université de Pittsburg, et, de 1999 à 2001, il y dirigera le Centre de médecine complémentaire. De retour en France, il partage maintenant son temps entre la Faculté de médecine de Lyon, où il enseigne, et l’Université de Pittsburgh où il est toujours professeur clinique de psychiatrie.
Qu’est-ce qui l’a amené à poursuivre ses études à Québec? «Jeune étudiant en médecine à Paris, je me suis vite rendu compte que, malgré les avancées prodigieuses de la science actuelle, il manquait un aspect vital au métier qu’on nous enseignait : l’humanité, raconte-t-il avec passion. Avec des copains, nous avions fondé, dans cette optique, un Syndicat pour les étudiants en médecine, chose jamais vue auparavant en France. C’est dans ce contexte que j’ai entendu parler du Québec, qui avait la réputation de valoriser et d’enseigner une médecine plus humaine. Quelques mois plus tard, après un stage en informatique médicale aux États-Unis, je me suis inscrit à l’Université Laval, où j’ai complété mon doctorat en médecine.»
Une expérience qui, loin de le décevoir, le marquera. «J’ai trouvé une ouverture d’esprit qui n’est pas encore acquise en Europe. Une liberté de pensée, aussi, qui est à mon sens une condition de travail essentielle pour celui qui veut faire avancer la science», poursuit celui qui s’est toujours trouvé à cheval entre la pratique et la recherche médicales.
Et depuis les débuts de sa pratique, il approfondit une approche qui fait de plus en plus d’adeptes dans le milieu médical: les médicaments ne sont pas une panacée et on a tout intérêt à leur substituer des thérapies complémentaires si l’on ne veut pas devenir une société surmédicamentée.
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