Les blogues Contact

La zone d'échanges entre l'Université Laval,
ses diplômés, ses donateurs et vous

Les blogues de Contact

Photo de Martin Dubois

Le pavillon Pierre Lassonde du MNBAQ: un incontournable!

La récente inauguration du pavillon Pierre Lassonde du Musée national des Beaux-Arts du Québec (MNBAQ) est l’événement architectural de l’année à Québec. Ce n’est pas tous les jours qu’on dévoile une œuvre de cette ampleur et de cette qualité dans la Capitale. Je vous avoue que le dévoilement de la maquette il y a quelques années, à la suite d’un concours d’architecture international, m’avait laissé plutôt froid et que j’étais parmi ceux qui dénonçaient la décision de démolir l’ancien monastère des Dominicains, dont la valeur patrimoniale m’apparaissait importante. Je dois admettre qu’après ma visite de cette réalisation architecturale, je suis ravi du résultat. Je dirais même que l’édifice de verre et d’acier dépasse mes attentes et fait entrer le MNBAQ dans le circuit mondial des musées dotés d’édifices exceptionnels. Je vous propose une visite de ce pavillon, qui fait maintenant le pont entre la Grande Allée et les autres pavillons de l’institution muséale.

PavillonGrandeAllee-590

Photo Bruce Damonte

Un musée dans le parc
Commençons par l’implantation du nouveau pavillon et la façon dont les architectes d’OMA (Office for Metropolitan Architecture) l’ont intégré dans son milieu. Le MNBAQ souhaitait depuis longtemps s’approcher de la Grande Allée pour avoir une meilleure vitrine dans la ville; les pavillons Gérard-Morisset et Charles-Baillairgé sont magnifiques et sont mis en valeur par l’écrin de verdure du parc des Champs-de-Bataille, mais ils sont isolés de l’effervescence urbaine et peu visibles de la Grande Allée. En 2007, l’acquisition du monastère des Dominicains, attenant à l’église Saint-Dominique, pour ériger le pavillon Pierre Lassonde en bordure de cette artère a permis de concrétiser ce vœu. 

Pour le nouveau pavillon, les architectes ont proposé une façade monumentale entièrement vitrée avec un dernier étage en porte-à-faux au-dessus d’un vaste parvis. La volumétrie en gradins et la présence de toitures vertes font en sorte que le parc, situé derrière, semble se soulever et se prolonger au-dessus de l’immeuble. Ce concept fort, qui a su tenir compte à la fois de l’environnement urbain et de celui du parc, a ravi le jury du concours d’architecture tenu en 2009-2010 auquel 108 propositions provenant de 19 pays avaient été soumises. Reste à voir ce qu’il adviendra de l’ancienne entrée du musée, construite dans les années 1980 entre les 2 autres pavillons. Sa situation au bout de l’avenue Wolfe-Montcalm demeure invitante, et beaucoup de visiteurs auront probablement encore le réflexe d’entrer par cet endroit qui ne contient plus de billetterie ni de comptoir d’accueil…

Une prouesse technique

PavLassonde-600

Photo Bruce Damonte

D’un point de vue volumétrique, le pavillon Pierre Lassonde possède une architecture relativement simple: 3 blocs (parallélépipèdes) de taille décroissante empilés les uns sur les autres de façon décalée, de sorte que le dernier se poursuit au-dessus du vide. Le grand porte-à-faux de 20 m abritant le vaste hall d’entrée, entouré d’un mur-rideau en verre, tient en équilibre grâce à l’imposante structure d’acier qui rappelle celle d’un pont, et qui est visible à travers les parois translucides du bâtiment. Cette véritable prouesse d’ingénierie aurait pu alourdir l’ensemble, mais elle donne au contraire une certaine légèreté à l’immeuble et confère à l’entrée monumentale un caractère invitant.

La firme d’architecture OMA, fondée aux Pays-Bas en 1975 par l’architecte Rem Koolhaas, a aujourd’hui des bureaux un peu partout dans le monde. Parmi leurs nombreuses réalisations, notons la tour de la Bourse de Schenzhen en Chine, le Faena Arts Center de Miami, le Milstein Hall de l’Université Cornell dans l’État de New York et la bibliothèque centrale de Seattle. C’est le bureau de New York, sous la supervision de l’architecte Shohei Shigematsu, qui a conçu le projet du pavillon Pierre Lassonde. La firme québécoise Provencher Roy Associés Architectes de Montréal en a quant à elle supervisé la construction.

De la lumière partout

Lumiere-400

Photo Bruce Damonte

Ce qui m’a le plus frappé en visitant ce pavillon, c’est la lumière qui s’infiltre partout. Les parois formées de panneaux de verre transparents, translucides et opaques permettent en effet une luminosité à laquelle nous ne sommes pas habitués dans ce genre d’espace. Traditionnellement, les musées sont des boîtes opaques afin que les œuvres d’art ne soient pas altérées par la lumière. Le fait que le nouveau pavillon soit dédié à l’art contemporain –ainsi que les systèmes d’obturation conçus pour moduler la clarté selon les besoins–, a permis ici de jouer avec la lumière, qui devient un matériau à part entière au même titre que l’acier, le verre et le béton. Elle réussit même à se rendre dans les endroits les plus inusités, comme dans l’auditorium de 250 places situé au dernier sous-sol. Le fait d’ouvrir les espaces sur l’extérieur, par des percées bien choisies, permet également aux usagers de mieux s’orienter dans le musée.

Des aires de circulation claires

EscalierMonumental-400

Photo Bruce Damonte

Destinés à enrichir l’expérience du visiteur, les espaces de circulation sont vastes et ont été conçus comme une promenade architecturale. L’escalier monumental situé au cœur du pavillon est une véritable œuvre d’art. Tout en courbes, avec sa blancheur qui capte un maximum de lumière, ce grand escalier de 79 marches réparties en 3 volées de 15 m est au carrefour de tous les parcours au sein du complexe muséal. Aux étages supérieurs, l’escalier suspendu à l’extérieur de la façade ouest, entièrement vitré, donne une vue imprenable sur l’environnement urbain. Quelque peu vertigineux, ce lien vertical situé à la hauteur de la cime des arbres est l’un des points forts de la circulation dans le pavillon. L’ascenseur est pour sa part bien signalé par sa cage de couleur or que l’on repère facilement à tous les niveaux.

Les toits terrasses végétalisés et parsemés de sculptures sont parfois accessibles et permettent de poursuivre l’expérience à l’extérieur pour profiter des nombreuses vues sur les plaines d’Abraham. La cour intérieure, qui prolonge le hall d’entrée, est un autre bel espace s’ouvrant sur l’environnement. Même si elle était plus vaste du temps du monastère, les architectes ont su l’aménager avec doigté. La vue qu’on y a sur l’architecture néogothique de l’église Saint-Dominique et de son presbytère permet un beau dialogue entre l’ancien et le moderne.

Le lien vers les autres pavillons du musée est souterrain. Cette situation ne le rend toutefois pas morne et sombre: on y présente L’Hommage à Rosa Luxemburg, une œuvre monumentale de Jean-Paul Riopelle. Ce triptyque d’une longueur de 40 m ne pouvait trouver meilleur endroit pour être présenté. Il transforme cet espace de transition en un lieu de destination animé.

CouloirRiopelle-590

Photo Bruce Damonte

 

Des espaces attrayants
Pour finir cette visite architecturale, voici quelques autres éléments qui m’ont particulièrement plu.

Photo Bruce Damonte

Photo Bruce Damonte

Le hall d’entrée, d’une hauteur de 12 m, qui est en continuité avec le parvis extérieur grâce à un mur-rideau transparent, m’a impressionné. À gauche, la silhouette en béton de l’ancien presbytère adjacent s’y découpe, et une petite ouverture à sa base permet d’accéder au vestiaire. Cette façon toute simple de faire le lien entre un édifice ancien et l’espace contemporain est à mon avis très réussie. La boutique du musée est un autre de mes coups de cœur. Toute de bois vêtue, elle est entièrement vitrée sur la cour intérieure. Son espace central en forme de demi-cercle s’ouvrant sur une mezzanine est un lieu propice pour bouquiner.

Enfin, il ne faudrait pas oublier les nouvelles expositions qui prennent place dans les vastes et lumineuses salles. L’art contemporain, les arts décoratifs, le design et l’art inuit profitent de cet agrandissement, qui double pratiquement la superficie du musée.

Je vous recommande donc une visite du pavillon Pierre Lassonde, si ce n’est déjà fait. Une belle façon d’allier art et architecture!

Haut de page
  1. Aucun commentaire pour le moment.

Note : Les commentaires doivent être apportés dans le respect d'autrui et rester en lien avec le sujet traité. Les administrateurs du site de Contact agissent comme modérateurs et la publication des commentaires reste à leur discrétion.

commentez ce billet

M’aviser par courriel des autres commentaires sur ce billet