Impressions d'architecture
Publié le 17 mai 2013 | Par Martin Dubois
L’architecture et l’eau
La plupart des grandes villes de la planète sont situées en bordure de mers, de fleuves, de lacs ou de rivières. L’eau est essentielle à la vie. On peut en dire autant pour les villes qui ont besoin de l’eau, non seulement pour abreuver leurs populations, mais aussi pour assurer le transport de passagers et de marchandises, favoriser le commerce et faire fonctionner des industries essentielles à leur économie. Si les rives de ces villes ont longtemps été réservées à des activités portuaires et industrielles ou à des couloirs de transport, souvent synonymes de pollution et de lieux repoussants, on s’attarde depuis plusieurs années à réaménager les berges des cours d’eau ou de bord de mer, à redonner aux citoyens un accès à l’eau, à transformer des zones portuaires en parcs riverains et en quartiers attrayants.
Le 4e Colloque sur l’innovation de la Ville de Québec, tenu le 7 mai dernier, abordait justement le thème «La ville, l’architecture + l’eau» dans une perspective de développement urbain et de valorisation du territoire. Comme le mentionnait le maire Régis Labeaume dans le programme du colloque: «Si l’eau est source de vie, elle peut aussi devenir source de milieux de vie!»
Québec, les pieds dans l’eau
La ville de Québec a toujours été dépendante du Saint-Laurent, mais aussi de plusieurs de ses affluents. D’abord, elle a été implantée en bordure du fleuve sur un site stratégique pour la défense du territoire et le contrôle du commerce dans l’une des principales voies d’entrée du continent nord-américain. Québec est ensuite devenue un port important, une destination de choix pour les immigrants arrivant par la mer et une plaque tournante du commerce du bois et de la construction navale dans le monde. Les fabriques de poterie aux abords de la rivière Cap-Rouge, les industries et les quartiers ouvriers implantées le long de la rivière Saint-Charles ainsi que les moulins et la centrale hydroélectrique de la rivière Montmorency, pour ne nommer que ceux-là, ont aussi contribué au développement économique de la ville. Bien que Québec ait perdu depuis le 19e siècle son statut de capitale économique au profit de plus grandes villes comme Montréal, son fleuve majestueux et ses rivières sont encore au centre de sa vie urbaine.
Il est intéressant de constater que le patrimoine bâti de Québec témoigne encore d’activités du 19e siècle liées à l’eau, que ce soit les vastes demeures de villégiature sur les hauteurs de Sillery bâties par des commerçants de bois ayant fait fortune grâce à leurs chantiers dans les anses du fleuve, la rue Saint-Pierre bordée d’anciennes banques construites à l’époque où le port vivait au rythme d’un commerce intense, plusieurs anciens entrepôts du Vieux-Port, où tous ces bâtiments revêtus de brique d’Écosse qui servait à lester les cales des navires en provenance des Îles britanniques qui venaient s’approvisionner en bois.
Nous ne sommes pas toujours conscients de l’importance de l’eau dans le développement et l’aménagement d’une ville comme Québec. Surtout qu’aujourd’hui, la technologie et les transports modernes permettent de créer des villes en plein désert! Il faut donc prendre soin de nos cours d’eau qui ont tant souffert ce dernier siècle d’activités polluantes de toutes sortes et du peu de considération pour leurs écosystèmes. Leurs berges ont aussi été malmenées et nous recommençons tout juste à les revaloriser. Encore faut-il éviter de les privatiser ou de leur attribuer des fonctions qui ne mettent aucunement les rives en valeur, tels des autoroutes, des stationnements ou des immeubles commerciaux. La nature publique des aménagements est nécessaire pour en faire profiter le plus grand nombre.
Il est important de mentionner que bien du chemin a été parcouru ces dernières années pour améliorer les espaces situés près des plans d’eau à Québec. Nous n’avons qu’à penser au réaménagement et à la renaturalisation des berges de la rivière Saint-Charles ainsi qu’à l’aménagement de la promenade Samuel-De Champlain, de l’Anse-Brown, de la Pointe-à-Carcy et de la baie de Beauport.
Il reste cependant beaucoup à faire pour valoriser les abords de cours d’eau. Pensons aux pourtours du bassin Louise, du site de la papetière White Birch et des chutes Montmorency, aux berges du fleuve entre la baie de Beauport, au site du traversier Québec-Lévis, etc. Certains projets de requalification sont en planification pour ces lieux, mais ils prendront encore plusieurs années à se concrétiser. Le dernier projet annoncé lors du colloque, soit le réaménagement des quais devant le Musée de la civilisation, transformera d’ici 2017 cette mer d’asphalte consacrée au stationnement en vaste espace public aménagé qui saura mieux accueillir les milliers de croisiéristes qui visitent Québec chaque année.
Savoir s’inspirer de ce qui se fait ailleurs
Le problème lié à l’aménagement des berges est universel. Certaines villes à travers le monde, en Europe et aux États-Unis notamment, revitalisent depuis longtemps d’anciens sites portuaires ou industriels en aménageant des espaces publics et de nouveaux quartiers résidentiels écologiques. Les villes de Stockholm, Copenhague, Barcelone, Vancouver ou Boston ont réussi à transformer des quartiers moribonds et pollués en secteurs attrayants et branchés en misant sur l’innovation, l’architecture verte et la mixité des fonctions.
Lors du dernier colloque, d’autres cas intéressants ont été présentés, notamment Chicago Lakeside, un projet de réaménagement des terrains d’une ancienne aciérie en bordure du lac Michigan qui mise sur des constructions écologiques. Et celui du quartier Lyon Confluence qui, à l’aide d’architectes de grande renommée, les «starchitectes», redéveloppe d’anciennes zones portuaires situées à la rencontre des fleuves Rhône et Saône à Lyon pour agrandir son centre-ville selon les plus hauts standards de construction verte.
C’est en s’inspirant des meilleurs projets dans le monde et en évitant les écueils que les autres villes ont rencontrés que Québec pourra continuer à innover dans l’aménagement de ses quartiers situés à proximité de l’eau.
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Publié le 19 juin 2013 | Par Valérie Levée
De nombreuses villes en bord de mer ou de lac ont su développer des rues touristiques sur le front de mer ou du lac avec bar-terrasses et commerces.
Y a-t-il un potentiel pour une telle approche à Québec le long du fleuve ou aux abords de la marina?
Publié le 15 juin 2013 | Par ADEOYE ADEWOLU
I found your article very informative and intellectually stimulating...
Incidentally, I've been observing the same trends for the past few years. My view is that the cities of old were based strategically for the convenience of transport and communications. This is because, since the only way by which people could communicate over long distances was through ocean vessels, the best way to locate the meeting places were the coastal cities.
This was especially so since the cities of Africa, Asia and Europe (even China), where coastal lines were in proximity to the people, were more developed than those in the hinterlands.
The influence of technology viz-a-viz the geography of the place plays a crucial determining factor in the rate of development and hence the significance attached to the cities.
I look forward to your thoughts on this...
Regards,
ADEOYE ADEWOLU - Architect/Urban Designer
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