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Photo de Martin Dubois

L’aménagement urbain et la santé

Les architectes, les urbanistes et les architectes paysagistes influencent non seulement le développement d’une ville, mais aussi la santé de ceux qui l’habitent. C’est justement à eux, tout comme aux décideurs et aux promoteurs, que s’adressait le plus récent Colloque sur l’innovation organisé par la Ville de Québec, sous le thème «Une place pour tous: Cohabiter l’espace urbain». Plusieurs sujets y ont été abordés, mais ce qui a été au cœur des présentations est l’importance d’aménager des espaces publics conviviaux qui auront une véritable influence sur l’économie et sur la santé publique.

Piste cyclable Le Corridor des Cheminots. Photo Ville de Québec

Piste cyclable Le Corridor des Cheminots. Photo Ville de Québec

Une ville bien aménagée pour des citoyens en santé
De plus en plus, les chercheurs dans le domaine de la santé s’entendent sur le fait que l’environnement physique dans lequel la population évolue a un effet important sur la santé. Comme l’a bien expliqué le Dr Jean-Pierre Després, professeur au Département de kinésiologie de l’Université Laval, les maladies chroniques comme l’obésité, les maladies cardiovasculaires, le diabète, les maladies respiratoires et certaines formes de cancers sont en fait des «maladies de société» résultant largement de notre mode de vie. Ces maladies, très coûteuses pour notre système de santé, ont des conséquences directes et indirectes majeures sur l’économie québécoise.

Notre système de santé ne porte pas assez attention à la prévention et à l’évaluation de la qualité de l’alimentation et du niveau d’activité physique de la population. À titre d’exemple, le Dr Després a démontré à quel point l’activité physique régulière peut améliorer de façon substantielle la santé de la population, d’où l’importance de créer des milieux urbains facilitants pour les gens de tous les âges qui souhaitent devenir ou rester actifs.

La conférencière Emiko Atherton, directrice de la National Complete Streets Coalition, un programme de Smart Growth America, abonde dans le même sens. Selon cette résidente de Washington D.C., les rues sont les artères de la collectivité. Tous, sans égard à l’âge, à la mobilité, au revenu ou à l’origine ethnique, ont droit à un accès sécuritaire, aisé et pratique aux lieux publics et communautaires, quel que soit leur moyen de locomotion –la marche, la voiture, le vélo ou les transports en commun. Or, les rues sont généralement aménagées pour la seule commodité des automobilistes, ce qui n’encourage en rien les transports actifs.

Enfin, Gil Penalosa, qui conseille les décideurs et les collectivités en ce qui a trait à la création d’environnements urbains dynamiques et sains pour tous, milite également pour une ville aménagée intelligemment afin d’offrir des solutions à l’épidémie de maladies chroniques qui afflige notre planète, incluant la partie du monde où nous vivons. Le fondateur et président de 8‑80 Cities, un organisme à but non lucratif de renommée internationale, démontre que les solutions simples sont à notre portée, même dans une ville nordique comme la nôtre, et qu’il suffit pour y arriver que la classe politique ait une vision et démontre un véritable engagement.

Que ce soit la présence de pistes cyclables, de parcs et de cours d’école où les enfants peuvent s’amuser et dépenser de l’énergie, de trottoirs où les piétons se sentent en sécurité, de quartiers où l’on peut faire ses courses, aller travailler ou se rendre à l’école à pied ou à vélo, de parcours (escaliers, sentiers, etc.) qui peuvent se transformer en gym à ciel ouvert, les exemples de lieux favorisant l’activité physique ne manquent pas dans notre ville. Ils ne sont toutefois pas répartis équitablement sur l’ensemble du territoire, et les bonnes habitudes de vie ne sont pas assez encouragées. L’automobile est toujours reine, et l’étalement urbain ne fait qu’accroître sa suprématie. À une époque où l’on préconise encore l’élargissement d’autoroutes et l’établissement de magasins à grande surface en périphérie qui nous amènent à être assis dans notre voiture encore plus longtemps, ces principes semblent bien loin des préoccupations actuelles.

Il est vrai que la Ville de Québec a fait beaucoup d’efforts ces dernières années pour aménager des espaces urbains de qualité sur son territoire et pour favoriser la densification urbaine. Mais il y a encore beaucoup de travail à faire pour intégrer complètement les notions de transports actifs, de santé globale et de ville durable dans notre ADN de Nord-Américains accros à la voiture. L’idée fait toutefois tranquillement son chemin, et des colloques comme celui-ci, où des spécialistes de ces questions venus d’ailleurs viennent éveiller nos consciences, ne peuvent qu’être profitables à long terme.

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