La chasse autour du monde
Trois diplômés esquissent un tableau de la chasse en Afrique, au Mexique et en France.
Par Julie Marcoux, Association des diplômés
CHASSE SPORTIVE EN AFRIQUE:
FRUSTRATION ET CONSERVATION
«Le mythe du chasseur-cueilleur vivant en harmonie avec la nature est bien révolu en Afrique», rapporte William Crosmary (Biologie 2002). En effet, combinée à la perte des habitats naturels et à la croissance démographique, la chasse de subsistance a de grands impacts sur la faune et les écosystèmes. Elle est pourtant largement pratiquée sur le continent, même si les autorités limitent ou suppriment les droits de chasse de certaines populations rurales.
«Ces restrictions sont très mal vues», commente le biologiste qui vient de compléter une maîtrise au Centre d’études biologiques, en France, portant sur les impalas du Zimbabwe. Car, en plus d’importantes considérations alimentaires, la chasse fait partie du style de vie et de l’identité des membres de ces collectivités.
La frustration est d’autant plus vive que des droits sont accordés aux Occidentaux qui viennent chasser en Afrique pour le plaisir. «Toutefois, la chasse sportive peut se révéler salutaire pour la grande faune africaine», explique Willam Crosmary. Les importants revenus générés par cette activité incitent les décideurs à préserver la faune, notamment en freinant l’empiètement des habitats naturels par l’agriculture et l’exploitation forestière.
«Mais encore faut-il garantir l’abondance du gibier, souligne-t-il, et s’assurer que les communautés qui dépendent directement de la faune y trouvent leur compte.»
C’est ainsi que sont nés des projets communautaires qui concilient les intérêts des chasseurs sportifs et de subsistance, des écologistes et des autorités. «Le principe, qui semble déjà faire ses preuves au Zimbabwe et en Zambie, est simple: les populations rurales sont responsables de leurs ressources naturelles et reçoivent les bénéfices de la gestion de celles-ci, bénéfices qu’elles investissent dans le développement de leurs communautés.» Ces dernières ont donc tout avantage à participer à la protection de la faune par la lutte contre le braconnage ou l’imposition de quotas de chasse sur leurs territoires, par exemple.
MEXIQUE: CHASSER POUR VIVRE
Au Mexique, pays d’adoption de Sophie Calmé (Sciences forestières 1991 et 1998), la répartition géographique des types de chasseurs reflète la distribution de la richesse économique du pays. «Dans le Sud, c’est la chasse de subsistance qui prédomine tandis que, dans le Nord, l’activité revêt davantage un caractère sportif», précise la chercheuse de El Colegio de la Frontera Sur. Parmi les chasseurs sportifs, bon nombre sont des étrangers, principalement des Américains.
Dans les communautés forestières traditionnelles du sud du pays, rapporte Mme Calmé, la viande sauvage (gros gibier comme le cerf ou le pécari, et oiseaux de grande taille) représente entre 20 à 60% de la viande totale consommée.
Même si, à 20%, on ne peut exactement parler de subsistance, cet apport permet aux familles de diversifier leur diète. Par ailleurs, de nombreux chasseurs vendent une partie ou la totalité de leurs prises pour se procurer des produits de consommation de base, tels l’huile, le sel ou les bougies.
Chasseurs sportifs et chasseurs indigènes ne font pas bon ménage, au Mexique. «Les sportifs voient généralement d’un mauvais œil la chasse de subsistance parce que ceux qui la pratiquent ne sont pas astreints aux mêmes règles qu’eux», rapporte Sophie Calmé.
En effet, la Loi générale de la vie sauvage, adoptée en 2001, reconnaît les droits des autochtones à chasser pour leur subsistance. Contrairement à eux, les sportifs doivent faire partie d’un club de chasse, obtenir des permis et limiter leur activité à certains territoires.
CHASSEURS ET ÉCOLOS FRANÇAIS DOS À DOS
«En France, la chasse fait partie du patrimoine culturel. Elle est pratiquée par des gens issus de tous les milieux, mais surtout de la classe ouvrière», explique Vanessa Viera (Biologie 2003), qui complète actuellement un doctorat en biologie à l’Université Laval. Les faisans, perdrix, lapins, bécasses, canards, cerfs élaphes, chevreuils et sangliers sont les espèces majoritairement chassées là-bas.
Selon la jeune Française, qui vit au Québec depuis 2000, il existe dans son pays natal un débat sensible entre chasseurs et protecteurs de la nature –contrairement à la situation québécoise où des alliances sont possibles. Les questions concernant les espèces chassées, la longue période de chasse (septembre à février) et la protection des espèces, notamment, sont devenues de plus en plus délicates au cours des dernières décennies.
«La lutte entre les deux parties est encore trop sévère pour aboutir à des concessions, croit-elle. Les politiciens sont dans des positions délicates, une fois venu le moment de prendre des décisions sur le sujet.» Selon Vanessa Viera, seuls les compromis concernant l’élaboration des nouvelles lois régissant cette activité sont envisageables, à l’heure actuelle. Le statut juridique de la chasse en France n’a quasiment pas évolué depuis 1844.
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FRUSTRATION ET CONSERVATION
«Le mythe du chasseur-cueilleur vivant en harmonie avec la nature est bien révolu en Afrique», rapporte William Crosmary (Biologie 2002). En effet, combinée à la perte des habitats naturels et à la croissance démographique, la chasse de subsistance a de grands impacts sur la faune et les écosystèmes. Elle est pourtant largement pratiquée sur le continent, même si les autorités limitent ou suppriment les droits de chasse de certaines populations rurales.
«Ces restrictions sont très mal vues», commente le biologiste qui vient de compléter une maîtrise au Centre d’études biologiques, en France, portant sur les impalas du Zimbabwe. Car, en plus d’importantes considérations alimentaires, la chasse fait partie du style de vie et de l’identité des membres de ces collectivités.
La frustration est d’autant plus vive que des droits sont accordés aux Occidentaux qui viennent chasser en Afrique pour le plaisir. «Toutefois, la chasse sportive peut se révéler salutaire pour la grande faune africaine», explique Willam Crosmary. Les importants revenus générés par cette activité incitent les décideurs à préserver la faune, notamment en freinant l’empiètement des habitats naturels par l’agriculture et l’exploitation forestière.
«Mais encore faut-il garantir l’abondance du gibier, souligne-t-il, et s’assurer que les communautés qui dépendent directement de la faune y trouvent leur compte.»
C’est ainsi que sont nés des projets communautaires qui concilient les intérêts des chasseurs sportifs et de subsistance, des écologistes et des autorités. «Le principe, qui semble déjà faire ses preuves au Zimbabwe et en Zambie, est simple: les populations rurales sont responsables de leurs ressources naturelles et reçoivent les bénéfices de la gestion de celles-ci, bénéfices qu’elles investissent dans le développement de leurs communautés.» Ces dernières ont donc tout avantage à participer à la protection de la faune par la lutte contre le braconnage ou l’imposition de quotas de chasse sur leurs territoires, par exemple.
MEXIQUE: CHASSER POUR VIVRE
Au Mexique, pays d’adoption de Sophie Calmé (Sciences forestières 1991 et 1998), la répartition géographique des types de chasseurs reflète la distribution de la richesse économique du pays. «Dans le Sud, c’est la chasse de subsistance qui prédomine tandis que, dans le Nord, l’activité revêt davantage un caractère sportif», précise la chercheuse de El Colegio de la Frontera Sur. Parmi les chasseurs sportifs, bon nombre sont des étrangers, principalement des Américains.
Dans les communautés forestières traditionnelles du sud du pays, rapporte Mme Calmé, la viande sauvage (gros gibier comme le cerf ou le pécari, et oiseaux de grande taille) représente entre 20 à 60% de la viande totale consommée.
Même si, à 20%, on ne peut exactement parler de subsistance, cet apport permet aux familles de diversifier leur diète. Par ailleurs, de nombreux chasseurs vendent une partie ou la totalité de leurs prises pour se procurer des produits de consommation de base, tels l’huile, le sel ou les bougies.
Chasseurs sportifs et chasseurs indigènes ne font pas bon ménage, au Mexique. «Les sportifs voient généralement d’un mauvais œil la chasse de subsistance parce que ceux qui la pratiquent ne sont pas astreints aux mêmes règles qu’eux», rapporte Sophie Calmé.
En effet, la Loi générale de la vie sauvage, adoptée en 2001, reconnaît les droits des autochtones à chasser pour leur subsistance. Contrairement à eux, les sportifs doivent faire partie d’un club de chasse, obtenir des permis et limiter leur activité à certains territoires.
CHASSEURS ET ÉCOLOS FRANÇAIS DOS À DOS
«En France, la chasse fait partie du patrimoine culturel. Elle est pratiquée par des gens issus de tous les milieux, mais surtout de la classe ouvrière», explique Vanessa Viera (Biologie 2003), qui complète actuellement un doctorat en biologie à l’Université Laval. Les faisans, perdrix, lapins, bécasses, canards, cerfs élaphes, chevreuils et sangliers sont les espèces majoritairement chassées là-bas.
Selon la jeune Française, qui vit au Québec depuis 2000, il existe dans son pays natal un débat sensible entre chasseurs et protecteurs de la nature –contrairement à la situation québécoise où des alliances sont possibles. Les questions concernant les espèces chassées, la longue période de chasse (septembre à février) et la protection des espèces, notamment, sont devenues de plus en plus délicates au cours des dernières décennies.
«La lutte entre les deux parties est encore trop sévère pour aboutir à des concessions, croit-elle. Les politiciens sont dans des positions délicates, une fois venu le moment de prendre des décisions sur le sujet.» Selon Vanessa Viera, seuls les compromis concernant l’élaboration des nouvelles lois régissant cette activité sont envisageables, à l’heure actuelle. Le statut juridique de la chasse en France n’a quasiment pas évolué depuis 1844.
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