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Le tourisme, un monde en chambardement

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L'offre touristique autant que les besoins et les préférences des touristes sont en pleine mutation.

L’an dernier, 4 milliards de voyageurs sont allés découvrir d’autres contrées. Un chiffre qui devrait encore augmenter dans les prochaines années, puisque le nombre de personnes disposant de moyens financiers pour voyager s’accroît toujours. Par ailleurs, Internet facilite l’accès à des informations de plus en plus précises pour découvrir de nouvelles destinations. Laurent Bourdeau, titulaire de la Chaire de recherche en partenariat sur l’attractivité et l’innovation en tourisme (Québec–Charlevoix)1, connaît bien ce marché en pleine explosion. Ce professeur au Département de géographie explore quelques facettes d’une activité en transformation.

On a l’impression que le tourisme ne cesse de prendre de l’expansion. Est-ce le cas?
En 2015, plus de 100 millions de Chinois ont voyagé à l’étranger, contre quasiment aucun il y a 10 ans. Cette tendance va s’accentuer dans les années à venir, et nous serons toujours plus nombreux à nous déplacer sur la planète. De nouvelles clientèles viennent grossir les rangs. Par exemple, on vit actuellement l’âge d’or du tourisme adapté aux plus vieux qui, sans être riches, ont les moyens de voyager. L’industrie touristique a tenu compte de leurs besoins. On peut très bien visiter les pyramides en marchette! Beaucoup d’efforts ont été fournis pour aménager des sentiers de randonnée pédestre à leur intention, pour leur offrir des soins de santé. Certains pays développent même le tourisme médical, comme la Tunisie ou le Mexique. Cependant, l’importance de ce groupe pourrait décliner dans l’avenir, avec la baisse des revenus de retraite.

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Laurent Bourdeau Photo Marc Robitaille

Quelles sont les grandes tendances qui se dessinent sur le marché?
Personne n’a de boule de cristal pour deviner l’avenir. Selon moi, mieux vaut surveiller les indicateurs. Depuis quelque temps, on constate par exemple l’émergence de greeters dans des villes comme Paris, New York, Londres, mais aussi Trois-Rivières. Autrement dit, des citoyens ordinaires qui se transforment en guides bénévoles prêts à transmettre leur passion pour l’histoire ou pour un autre aspect de leur lieu de résidence. Il peut s’agir d’un journaliste retraité, à Bruxelles, qui vous emmène faire une tournée des halls d’hôtel. Ou encore d’une famille de Haïfa, en Israël, qui vous offre le thé chez elle. Il existe même maintenant des associations de ce genre de guides partout dans le monde. Voilà un nouveau type de marché.

Dans le même ordre d’idées, plusieurs villes utilisent leurs citoyens comme ambassadeurs touristiques. À Albi, dans le sud-ouest de la France, l’Office de tourisme donne aux citoyens des cours sur les monuments et sur les activités à proposer à leur entourage. Les participants reçoivent aussi des informations sur le label de l’UNESCO qui est accolé à leur ville. Cela leur permet d’offrir une information de qualité aux visiteurs occasionnels et de mieux connaître leur propre ville. Finalement, cela rend le produit touristique plus vivant. 

Tourisme ne rime donc plus forcément avec voyage?

Au fond, les frontières entre le tourisme et la vie familiale ou professionnelle s’estompent. Avant, on n’était touriste qu’une semaine par an, lorsqu’on partait en vacances. Aujourd’hui, on a envie de vivre de façon ludique même pendant les périodes de travail. De plus en plus, les entrepreneurs qui vont signer un contrat dans une ville étrangère ou les professionnels qui prennent part à un congrès deviennent aussi des touristes en fin de journée. Les différences s’atténuent entre offre touristique et offre pour gens d’affaires.

Publié le 20 avril 2017

  1. Publié le 26 juin 2017 | Par Manfred Fehr

    M. Bourdeau a raison. Moi-même, je me trouve dans la catégorie des touristes scientifiques depuis plusieurs années. En effet, le tourisme scientifique est le seul tourisme que je pratique. Comme le dit M. Bourdeau, on participe à un congrès quelque part, et on ajoute au moins une journée au trajet pour connaître l'endroit, parfois même deux journées pour connaître aussi une ville voisine ou même pour s'arrêter en route et découvrir un autre pays. Lorsque le voyage est long, ça vaut la peine, parce qu'on doit toujours changer d'avion quelque part, alors on en profite pour allonger l'arrêt d'une journée. Enfin, c'est comme ça que j'ai visité 50 pays en tout, mais «seulement» 36 en mission professionnelle. Mes activités «congressistes» m'ont amené sur tous les continents. Le monde scientifique est merveilleux. Modestie à part, je me considère l'exemple vivant de la théorie de M. Bourdeau.
    Manfred Fehr, B.Sc.A. Génie chimique, Université Laval 1967 (ça fait longtemps!) et maintenant professeur émérite de l'Université fédérale à Uberlândia MG, Brésil.

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