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3 expériences touristiques nouveau genre

Mycotour-299
Photo Julie Moffet, Forêt Montmorency

Comment explorer un coin ou l'autre du Québec sans emprunter les sentiers touristiques habituels?

Des chercheurs de l’Université ont étudié 3 phénomènes touristiques en plein essor: le mycotourisme, le tourisme généalogique et le tourisme créatif. De quoi donner des idées à quiconque rêve d’escapades…

1- Cueillir et déguster des champignons forestiers

Cueillir des champignons en forêt sous la gouverne d’un expert, après avoir acquis quelques notions de base. Puis, apprendre à apprêter sa précieuse récolte avant de passer à la dégustation… Voilà qui décrit bien la journée type d’un mycotouriste, une espèce en voie de multiplication.

«La filière des champignons forestiers suscite un intérêt marqué dans plusieurs régions du Québec, mais l’offre touristique reste encore marginale», indique Nancy Gélinas, professeure au Département des sciences du bois et de la forêt, coauteure d’une étude sur le phénomène1.

::Nancy Gélinas

Nancy Gélinas

Pourtant, certains coins de pays se démarquent, note Mme Gélinas. Dans la région de Kamouraska, depuis 2013, une cinquantaine d’acteurs se sont mobilisés autour du champignon: propriétaires de boisés, transformateurs, restaurateurs, hôteliers. Il existe même un festival des champignons forestiers! Les activités offertes s’adressent autant aux touristes qui souhaitent salir leurs bottes qu’à ceux qui veulent simplement trouver des champignons du cru au menu des restos ou qui aimeraient acheter le produit –frais ou transformé. Un sentier ponctué de panneaux d’interprétation sur les champignons a aussi été aménagé.

La région de la Mauricie n’est pas en reste avec sa Filière mycologique. Depuis 2014, le touriste trouve là aussi à explorer la planète champignon, incluant ateliers culinaires, cueillette supervisée, dégustations et achats. Parmi les offres plus ponctuelles ailleurs au Québec, Nancy Gélinas signale l’activité «De la forêt à l’assiette» qui se tient à la forêt Montmorency. Chacune des 6 demi-journées d’automne consacrées aux champignons comprend identification, cueillette, cuisine et dégustation2.

Pourquoi un tel engouement à l’égard des champignons? D’une part, les gens semblent avides d’expériences nouvelles et s’intéressent de plus en plus à l’environnement particulier des régions qu’ils visitent. De l’autre, signale Nancy Gélinas, «les régions forestières ont un grand besoin de diversifier leur économie». Pour assurer cette diversification, on se tourne entre autres vers les produits forestiers non ligneux (PFNL), c’est-à-dire autres que le bois. On envisage non seulement de mousser le tourisme, mais aussi d’implanter la cueillette professionnelle, la transformation et la commercialisation des produits. Les champignons représentent une mine peu exploitée à ce jour, et pourtant la morille conique ou, encore plus, le matsutake américain peuvent se vendre à fort prix. D’autres produits forestiers non traditionnels apparaissent aussi sur cet écran radar, notamment les petits fruits et les noix ainsi que les plantes aromatiques et médicinales.

Plusieurs entraves parsèment toutefois le chemin menant à une exploitation durable des champignons sauvages au Québec. Côté tourisme: le fait que les champignons poussent en différentes saisons et au gré des conditions climatiques –après une forte pluie, par exemple; sans compter que nul ne doit récolter et consommer un champignon sauvage sans d’abord s’être assuré de son innocuité! Côté commercialisation: l’infrastructure de transformation (séchage, ensachage, etc.) quasi absente ainsi que le manque de connaissances pour repérer et protéger les sites de récolte. En fait, il reste beaucoup à comprendre au sujet de l’écologie des champignons, même si un pionnier comme le professeur à la retraite J. André Fortin3 a largement défriché le terrain. Du côté des précurseurs également: la douzaine de clubs de mycologues amateurs que compte le Québec, de Sept-Îles à Alma, en passant par Montréal et Québec.

Ailleurs dans le monde, les difficultés sont semblables, et pourtant les histoires à succès existent. Nancy Gélinas cite en exemple la région de Castille-et-León, dans le nord-ouest de l’Espagne. Là-bas, la présence des champignons attire désormais des flots de touristes en forêt, en marge des circuits conventionnels. Il faut dire qu’en Europe, les traditions de récolte et de consommation de champignons sont profondément ancrées. Plusieurs Québécois s’emploient maintenant à semer la tradition ici.

1 Nancy Gélinas est directrice des maîtrises et du doctorat en sciences forestières et vice-doyenne aux études à la Faculté de foresterie, de géographie et de géomatique. Elle est également membre du Groupe interdisciplinaire de recherche en agroforesterie et de l’Institut Hydro-Québec en environnement, développement et société.

2 Pour plus d’information sur cette activité

3 Pour en savoir plus sur les activités de M. Fortin, consultez sa fiche du Centre d’étude de la forêt.

Publié le 20 avril 2017

  1. Publié le 22 avril 2017 | Par suzanne drolet

    [Le projet de Carrefour de généalogie: ma cause!]
    Félicitations, belle initiative, continue! Devinez qui écrit. Réponse: sa mère qui est fière de toi! P.S.: Ton père aussi est fier, mais lui il ne le dit pas.

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