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En route vers l’immortalité?

Un pari nommé vieillesse

Demographie-299

À défaut de viser l'immortalité, peut-on penser vieillir dans une société qui valorise l'apport de ses aînés?

C’est une réalité démographique incontestable: les sociétés industrialisées vieillissent. Au Québec, les 65 ans et plus sont aujourd’hui 1,2 million, formant 16% de la population. Et leur nombre aura doublé en 2031, évalue l’Institut de la statistique du Québec. Voilà pour les faits.

Ensuite, la façon dont on appréhende la réalité varie selon les personnes. Dans le discours dominant, le vieillissement de notre société est associé au déclin irrémédiable de la productivité, du dynamisme et de la créativité. Des arguments repris jusqu’à plus soif dans les médias.

D’autres voient pourtant les choses autrement. Saluant d’abord les progrès de la médecine et de l’amélioration des conditions de vie qui ont permis aux Occidentaux d’espérer vivre jusqu’à plus de 80 ans, ils soulignent le rôle économique et social majeur que jouent les aînés. Est-il possible que le vieillissement démographique contribue à la vigueur d’une société? Esquisse de réponse avec des experts prêts à parier sur l’avenir que représente la vieillesse.

Qu’est-ce qu’être vieux?

Marathon-125Il suffit de se remémorer la douleur et la dignité des «enfants» frappés par la tragique disparition de leurs parents dans l’incendie de la résidence de L’Isle-Verte, en janvier dernier, pour constater que les chiffres ne disent pas tout. Oui, le décès de très vieilles personnes affecte profondément leurs proches. Et non, ces enfants ayant eux-mêmes soufflé leurs 60 ou 70 bougies ne correspondaient en rien au stéréotype de la personne âgée qui s’effondre face aux difficultés. Mêmes stéréotypes qui volent en éclat quand un reportage nous présente un octogénaire de retour de Katmandou ou au fil d’arrivée d’un marathon.

Pourtant, le chiffre magique pour établir qui est vieux et qui ne l’est pas, c’est toujours 65 ans.  L’étalon est identique depuis plus de 3 siècles, même si la condition physique des sexagénaires s’est considérablement améliorée entre-temps.

Selon les historiens, il faut remonter aux années 1700 pour éclaircir le mystère de cette frontière des 65 ans, âge limite auquel un homme peut alors cesser de porter les armes sans être reconnu déserteur. En 1927, le Canada fixe pour sa part à 70 ans l’âge minimum des personnes démunies à qui verser une pension. Vu le petit nombre de septuagénaires à l’époque, un tel geste ne risquait pas de vider les coffres de l’État! C’est à la fin des années 1950 que l’âge d’admissibilité à la pension canadienne a été établi à 65 ans.

::Aline Charles

Aline Charles

Cette discussion arithmétique fait dire à l’historienne Aline Charles1que la vieillesse relève davantage de la construction sociale que d’une réalité scientifique documentée. «D’ailleurs, c’est seulement au 20e siècle qu’on a commencé à vraiment s’intéresser à l’âge des gens et à le considérer comme un élément d’identité, précise la professeure du Département des sciences historiques. Jusque-là, les dates de naissance étaient imprécises et les anniversaires, moins fêtés.»

Une vieillesse, plusieurs visions
Avec l’industrialisation et l’urbanisation, les rapports entre classes d’âge évoluent. En passant de la ferme à l’atelier, puis à l’usine, le travail se segmente, note la professeure. Les générations ne cohabitent plus pour accomplir une tâche commune comme l’agriculture et les soins à la famille. Après l’âge de la retraite, il n’est donc plus possible de mettre la main à la pâte selon ses capacités, et les «pensionnés» deviennent inactifs. Une certaine image de la vieillesse dépendante se met progressivement en place à partir du milieu du 19e siècle, pour devenir le discours dominant dans la société.

Cette impression négative, tous ne la partagent cependant pas, fait remarquer Aline Charles: «À chaque époque, plusieurs visions coexistent. Déjà à l’Antiquité, on évoquait le vieillissement plus précoce chez les femmes que chez les hommes, ce que l’industrie du paraître a encore accentué aujourd’hui. D’un autre côté, certaines publicités actuelles pour des placements financiers projettent une image très joyeuse des gens plus âgés.» »

Publié le 9 avril 2014

  1. Publié le 25 novembre 2017 | Par Bernard Guay

    Très intéressant, surtout quand ça nous touche personnellement!
  2. Publié le 19 janvier 2015 | Par Jeannine Lahaye

    Excellent article. J'adhère à l'idée que les aînés continuent d'être créatifs et utiles à la société entre autres par leur bénévolat au sein des différentes organisations. S'impliquer socialement et aller vers les autres est une source de bonheur et une excellente façon de garder le moral lorsque l'on constate que les années s'accumulent et qu'il y en a plus derrière nous que devant. Il me revient en tête cette phrase lue quelque part: Le travail payant commence lorsque le travail payé est terminé­. Par ailleurs, il revient à chacun de faire les efforts nécessaires pour rester en santé et actifs le plus longtemps possible.

    Une retraitée active.
  3. Publié le 13 avril 2014 | Par Serge Laquerre

    Favoriser l'activité chez les plus âgés me semble une excellente stratégie pour les maintenir en santé et rendre notre société un peu plus efficace et concurrentielle.
    Pour inciter les âgés à demeurer actifs, des incitatifs doivent être mis en place, pour contrer le grand confort qu'offrent à plusieurs les revenus à la retraite sans obligation.

    Ceux qui doivent ou préfèrent continuer à travailler sont donc ceux qui doivent d'abord être ciblés et encouragés à continuer à être productifs le plus longtemps possible.

    Il semble aussi logique et équitable envers les générations futures de repousser l'âge de la retraite pour maintenir notre productivité et ainsi partager les coûts liés à la longévité des citoyens.

    Faut aussi faire d'immenses efforts pour favoriser la bonne santé par l'activité physique et la bonne alimentation et ainsi rendre les personnes plus productives, tant du point de vue économique que social et enlever du stress sur notre système de santé et aider les générations futures à être plus productives économiquement et socialement.
  4. Publié le 12 avril 2014 | Par LONG LEVAN

    Quand j’étais jeune, je faisais partie des scouts. Aujourd'hui, je suis retraité et l'un des textes préférés qui m'a le plus inspiré dans mes activités d'éclaireurs venait de Samuel Ullmann un poète en 1870 à qui on attribuait à tort le poème suivant au général Mc Arthur:

    Jeune est celui qui s'étonne et s'émerveille.
    Il demande, comme l'enfant insatiable: et après?
    Il défie les événements et trouve de la joie au jeu de la vie.

    Vous êtes aussi jeune que votre foi. Aussi vieux que votre doute.
    Aussi jeune que votre confiance en vous-même.
    Aussi jeune que votre espoir. Aussi vieux que votre abattement.

    Vous resterez jeune tant que vous resterez réceptif.
    La jeunesse n'est pas seulement une période de la vie;
    elle est un état d'esprit,
    un effet de la volonté,
    une qualité de l'imagination,
    une intensité émotive,
    une victoire du courage sur la timidité,
    du goût de l'aventure sur l'amour du confort.

    On ne devient pas vieux pour avoir vécu un certain nombre d'années:
    on devient vieux parce qu'on a déserté son idéal.

    Les années rident la peau; renoncer à son idéal ride l'âme.
    Les préoccupations, les doutes, les craintes et les désespoirs
    sont les ennemis qui, lentement, nous font pencher vers la terre
    et devenir poussière avant la mort.

    Réceptif à ce qui est beau, bon et grand.
    Réceptif aux messages de la nature, de l'homme et de l'infini.

    Si, un jour, votre cœur allait être mordu par le pessimisme
    et rongé par le cynisme,
    Puisse Dieu avoir pitié de votre âme de vieillard." (Samuel Ullmann)


    Les personnes qui réussissent leur vieillesse ne sont pas celles qui l'ont préparée; mais parce qu'elles ont vécu et donné un sens à leur vie lequel va se prolonger dans la vieillesse. Aussi, la vieillesse c'est prendre du temps pour l'Es-sens-Ciel , c'est prendre du temps pour son intérieur, pour son âme, pour son Soi.
  5. Publié le 11 avril 2014 | Par Linda Lefrançois

    Je félicite l'équipe pour cet article des plus novateurs et fracassants par rapport aux préjugés et aux stéréotypes sociaux quant au phénomène du vieillissement.

    Je viens tout juste d'avoir 65 ans, j'en parais près de 10 ans de moins et je suis active auprès de mes enfants et dans la vie. Si j'ai pris ma retraite, c'est en gage d'investissement sur ma santé afin de vivre longtemps avec une belle qualité de vie et pouvoir en profiter pleinement. J'adorais travailler en tant que gestionnaire des ressources humaines et cela me manque. Après un retour aux études dans des conditions difficiles, j'ai tracé le chemin d'une nouvelle carrière à 46 ans. J'ai maintenant décidé de diminuer le rythme à titre préventif, la pression au travail étant si grande et le stress si sournois quant à ses effets sur la santé.

    Je suis très heureuse qu'enfin on publie des articles qui permettent de décloisonner la pensée sociale embrigadée dans le mythe qu'avoir 65 ans, c'est être vieux. Merci à vous et je vous prie de continuer ce magnifique travail d'équipe.
  6. Publié le 11 avril 2014 | Par Marc Lamontagne

    J'aurai bientôt 81 ans. Je suis retraité depuis l'âge de 70 ans.
    Je suis brigadier scolaire depuis plus de 4 ans.
    C'est une activité qui me convient parfaitement bien, parce que j'aime être dehors et j'aime les enfants.
    C'est la forme de contribution sociale que j'ai choisie après avoir essayé l'aide aux devoirs, activité que, comme grand-père, j'ai délaissée rapidement, parce que je n'aimais pas faire la discipline.
    Oui, je crois qu'il est important, comme retraité, de contribuer selon ses capacités à la société.
    Et pour ce faire, il n'est pas nécessaire d'avoir un fonds de pension luxueux.
    L'énorme plaisir d'être utile aux tout-petits vaut tellement plus.
  7. Publié le 11 avril 2014 | Par Madeleine Magnan

    J'ai apprécié les articles de Contact sur la personne âgée. C'est une bonne analyse d'une réalité que je vis. J'ai 83 ans et beaucoup de monde nous regarde comme venant d'une autre planète, même si je conduis sans aucune restriction, si je suis une adepte des nouvelles technologies.
    J'habite encore ma maison et ce que je déplore c'est que dans un petit milieu, il est très difficile de trouver de l'aide pour le gazon, le grand ménage et autres petits travaux.
    Heureusement que physiquement je ne fais pas mon âge, car cela aide.
    Je souhaite qu'il y ait plus de formation dans les villes amies des aînés et non seulement de l'activité physique.
    Merci de mieux faire reconnaître la valeurs des aînés qui ne sont pas trop malades pour un milieu hospitalier.
    Madeleine Magnan

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