7 façons (+ 1) d’être immortel
De la réincarnation à la procréation, plusieurs voies semblent mener à la vie éternelle.
Par Brigitte Trudel
Ah, l’immortalité! Elle a le don de faire rêver. Il y a 50 ans, Walt Disney souhaitait être congelé pour ne jamais mourir. Aujourd’hui, à l’heure où des scientifiques explorent le potentiel de renouvellement infini de certaines de nos cellules, d’autres, comme l’écrivain Dany Laferrière, atteignent le statut d’immortel en joignant le cercle restreint des membres de l’Académie française. Sinon, quels moyens s’offrent à nous pour accéder à l’éternité? Quelques professeurs de l’Université tentent une réponse.
Renaître au ciel ou sur terre
1 – Tout le monde veut aller au ciel, mais…
«Je crois à la résurrection de la chair, à la vie éternelle…», dit le credo chrétien. Mais attention, prévient Anne Fortin1: en misant sur l’apparence et sur l’individualisme, la modernité a fait dévier ces croyances de leur vraie signification, qui n’a rien à voir avec la reconstruction d’un corps jeune et en santé.
De quoi est-il question alors? «La chair, c’est la dimension humaine intérieure, précise la professeure de la Faculté de théologie et de sciences religieuses. Cette dimension ne m’appartient pas, mais elle sert à me lier aux autres.» D’après les textes bibliques, explique la théologienne, si l’on met en pratique le «Aimez-vous les uns les autres» et si l’on exerce la justice telle que Dieu la désire pour tous les humains, la mort ne peut avoir le dernier mot sur cette dimension. «Cultiver la solidarité entre nous est ce qui ouvre un passage entre la vie et la mort», précise-t-elle.
La finalité de la résurrection chrétienne ne repose donc pas tant sur l’immortalité individuelle que sur la construction d’un corps social plus juste –tant la société que l’Église. Bref, le fameux vivre ensemble.
Quant à un corps à jamais jeune et ferme, mieux vaut en oublier l’idée, dans la réalité comme dans l’éternité!
2 – Si mon chat a 9 vies, j’en veux 9 moi aussi!
«Je ferai mieux dans ma prochaine vie!» Multiplier ses chances de corriger ses erreurs, de devenir celui ou celle qu’on a toujours voulu être: la perspective enchante. Mais est-ce bien l’idée de la réincarnation?
«En Occident, la croyance en la réincarnation vient du désir de prendre en main son destin», explique André Couture2, professeur à la Faculté de théologie et de sciences religieuses. D’où la croyance en la possibilité de renaître dans des existences toujours plus évoluées, jusqu’à ce que l’âme rejoigne la Source de l’univers… avant de tout reprendre depuis le début. Ce cycle de naissances et de morts, ajoute-t-il, les sages hindous ou bouddhistes l’appellent «océan des existences».
Or, selon ces sages orientaux, il faut se libérer à tout prix d’un tel cycle. Autant de la renaissance sous forme d’animal ou dans des enfers (conséquences de nos mauvaises actions) que sous forme d’êtres supérieurs (résultats de bonnes actions). Seule cette libération nous éloigne des existences individuelles et nous permet d’accéder à l’immortalité.
Éternel grâce la réincarnation? Peut-être, mais alors oublions le «moi, en mieux»!
1 Anne Fortin est aussi membre de la Chaire Religion, Spiritualité et Santé et de la Société canadienne de théologie. ↩
2 André Couture est aussi membre de l’Institut d’études anciennes. Il est l’auteur du livre Sur la piste des dieux. Initiation à l’étude des religions paru en 2009. ↩
Laisser sa marque artistique ou scientifique
3 – Peindre des bulles d’éternité
«À 200 ans, Verdi est “toujours vivant” en Italie», titrait La Presse l’automne dernier. L’article témoignait de la présence presque réelle du célèbre maestro dans son village natal de Busseto, et ce, bien après sa mort. La création artistique, un passe-partout pour l’immortalité?
«À ce propos, je pourrais miser sur la pérennité de certaines de me œuvres», souligne sans prétention l’artiste plasticien et peintre Bernard Paquet3, dont les créations se trouvent tant au Québec qu’à l’étranger.
Mais pour ce professeur de l’École des arts visuels, le sentiment d’immortalité se vit surtout au moment où il crée. «Lorsque je peins, explique-t-il, une force étrangère à ma vie d’homme normal m’amène dans un état second où mon corps et mon esprit se soudent aux matériaux. Mon corps n’est plus alors un corps qui pense ou réfléchit. C’est un corps agissant hors du temps, dans un moment qui semble éternel et où la mort n’existe pas.»
L’énergie créatrice comme bulle d’éternité: voilà de quoi inspirer!
4 – Passeur de perpétuité
Être un scientifique rapproche-t-il de l’immortalité? «Bien sûr!, s’emballe Michel G. Bergeron. L’immortalité, je la côtoie tous les jours!» Les bactéries, ces formes primitives de vie que le professeur de la Faculté de médecine et directeur du Centre de recherche en infectiologie étudie depuis 40 ans, lui inspirent ces parts d’éternité. «4,2 milliards d’années qui nous habitent, ce n’est pas rien! », s’émerveille-t-il.
La prolifique équipe du Dr Bergeron a développé des tests médicaux qui sauvent des milliers de vies humaines partout sur la planète. «Assurer la survie du genre humain, c’est aussi participer à une forme d’éternité», constate-t-il. À ce propos, Michel G. Bergeron se voit comme un «passeur de perpétuité».
Quant à la sienne propre, elle n’a pas pour lui d’intérêt particulier: «Je veux simplement me sentir utile comme médecin, en contribuant au mieux au bien-être de mes patients», dit-il. L’immortalité, il la laisse aux autres: notamment à l’Université Laval, en l’honneur de laquelle lui et son équipe ont baptisé Clostridium lavalense une bactérie qu’ils avaient découverte4. «Marcher sur les traces de Pasteur en inventant la « bergeronisation », il n’en est pas question.»
Transmettre gènes, valeurs et connaissances
5 – Né pour durer toujours
Le besoin de transmettre ses gènes fait-il partie de la nature humaine? Cette question intéresse les philosophes depuis la Grèce antique. Qu’en dit-on aujourd’hui? Professeur à la Faculté de philosophie, Pierre-Olivier Méthot5propose une piste: «Il y aurait des fondements biologiques au désir d’être immortel chez l’humain.»
Les organismes vivants, explique-t-il, seraient dotés de ressources qui maximisent la reproduction et le transfert du bagage génétique à la génération suivante. Mais en investissant autant d’énergie pour la reproduction, l’organisme doit diminuer celle qu’il dirige vers d’autres fonctions vitales –d’où le vieillissement. «La sélection naturelle avantage les organismes les plus capables de transmettre leur patrimoine génétique, poursuit Pierre-Olivier Méthot, alors pas étonnant que ce désir de procréer soit profondément ancré dans notre nature biologique et qu’il se manifeste de manière plus ou moins consciente chez nous.»
De ce point de vue, conclut le philosophe, notre désir d’immortalité n’est pas spirituel ou biologique. Il entre plutôt dans la catégorie de «l’information» inscrite en nous, qui lie la totalité des formes vivantes les unes aux autres. Une immortalité codée en quelque sorte.
6 – Passer au suivant
«Un enfant, c’est la seule véritable garantie d’éternité», écrivait Arlette Cousture dans son roman à succès Les filles de Caleb. Au temps d’Émilie Bordeleau, se perpétuer dans ses enfants, c’était assurer la survie de la lignée.
Aujourd’hui, devenir parents et éduquer sa progéniture ont pris des couleurs plus narcissiques: on veut transmettre ses valeurs, ses opinions, son entreprise ou sa fameuse recette de tarte aux pommes. Chose certaine, le principe de laisser une part de soi à ses enfants a toujours fait l’objet d’un fort consensus social, indique Marie-Christine Saint-Jacques6, professeure à l’École de service social.
«Mais plus nos familles se transforment, remarque-t-elle, plus cette transmission qui allait de soi se complexifie. Dans les familles recomposées, par exemple, les beaux-parents éduquent et donnent d’eux-mêmes. Mais quelles formes prennent ces transmissions? Et qu’est-ce qui les motive?»7 La recomposition familiale comporte de nombreux cas de figure. Cette diversité multiplie les réponses possibles.
Si l’enfant est une garantie d’éternité, cette garantie est plus que jamais à réinventer.
7 – Mettre ses connaissances à l’épreuve… du temps
Sa passion pour le Nord canadien, le professeur du Département de biologie Serge Payette8la sème à tout vent, en particulier dans le terreau fertile de l’enseignement. Depuis 40 ans, il a formé des milliers d’étudiants et plus de 80 étudiants-chercheurs dont un grand nombre sont à leur tour devenus professeurs.
Voir ses enseignements se perpétuer d’une génération à l’autre rapproche-t-il de l’immortalité? «Ça donne l’impression qu’on laissera sa marque, convient le titulaire de la Chaire de recherche nordique en écologie des perturbations. Mais pour résister à l’épreuve du temps, les connaissances qu’on transmet doivent bonifier notre domaine, lui ajouter un “plus”». Serge Payette espère que ses travaux, notamment l’ouvrage La flore nordique du Québec et du Labrador publié sous sa direction en 2013, auront cet effet. Selon ses pairs, l’outil fera école en botanique, et pour longtemps.
Quant au milieu universitaire dans lequel il évolue, le chercheur y voit une autre manière de défier l’inéluctable passage du temps: «À côtoyer tous ces jeunes au quotidien, je me sens increvable, blague-t-il, comme on se croit éternel à 20 ans.»
5 Pierre-Olivier Méthot est aussi membre du Centre interuniversitaire de recherche sur la science et la technologie. ↩
6 Marie-Christine Saint-Jacques est membre du Centre de recherche sur l’adaptation des jeunes et des familles à risque. ↩
7 Saint-Jacques, M.-C. (2013). «La vie en famille recomposée crée-t-elle de nouvelles formes de transmission?» Sous la direction de M. Jézéquel et de F.-R.Ouellette, Ce que transmettre veut dire… aujourd’hui!, Québec: Éditions Fides, 119-129. ↩
8 Serge Payette est également membre du Centre d’études nordiques (CEN). ↩
Devenir virtuel
8 – Ma vie sans moi
C’est l’éternité version 2.O. Toutes ces traces indélébiles que nous laissons dans le cyberespace avec nos navigations. Sans compter notre page Facebook qui continuera d’exister sans nous. L’alimentation boulimique de nos portails virtuels serait-elle une recherche d’immortalité? «Non, les réseaux sociaux sont trop marqués par l’instantané pour que nous puissions avancer une telle hypothèse», juge Madeleine Pastinelli9. La professeure du Département de sociologie y décèle plutôt un fort désir de ne pas tomber dans l’oubli… pas si loin, au fait, du désir d’être immortel.
Dans le monde virtuel, observe-t-elle, la volonté d’immortalité est plus manifeste chez les endeuillés qui continuent de s’adresser à leurs proches disparus sur des pages créées à leur mémoire.
Une autre utilisation trompe-la-mort de ces nouveaux outils: des chercheurs comptent un jour réussir à numériser nos esprits. Sceptique, Madeleine Pastinelli voit surtout dans ces projets futuristes la profonde expression d’une quête de sens. «Avec le courant individualiste, nos vies n’existent qu’à l’échelle de soi, sans faire partie d’un plus grand ensemble. Dans un tel contexte, mourir devient inconcevable.»
9 Madeleine Pastinelli est aussi membre du Laboratoire de communication médiatisée par ordinateur (LabCMO) et du Centre interuniversitaire d’études sur les lettres, les arts et les traditions (CELAT). ↩
Publié le 9 avril 2014
Publié le 2 mai 2014 | Par Jacques Légaré
Un député français de la ville de Pau est venu au Québec et il a traité l'Université Laval d'«université pontificale».
Il le disait avec mépris et dépit, et il avait raison. La propagande religieuse soft de ce numéro de la revue Contact l'illustre impeccablement.
Une université indigne de ce nom est celle qui accepte qu'une de ses facultés porte un nom jumelant les mots «philosophie» et «théologie». Depuis quand mélange-t-on les grands philosophes avec les haruspices? La grandeur philosophique et les niaiseries chrétiennes?
Vous écrivez «Tout le monde veut aller au ciel». Avez-vous demandé à tout le monde son avis pour écrire une telle bêtise?
Lisez Christopher Hitchens, Richard Dawkins, Michel Onfray, et la bibliographie qui accompagne leurs oeuvres pour nous aider à faire sortir le Québec et l'Amérique tout entière de l'eau bénite médiévale.
Jacques Légaré, né 1948
Professeur (retraité) d'Histoire, d'Économique et de Philosophie
Maître en histoire et Ph.d. en philosophie politique
Publié le 19 avril 2014 | Par Richard Bergeron
On a tous en nous cette soif de justice lorsqu'un crime, une injustice sont commis. On est en paix souvent, seulement quand justice a été faite. C'est la même chose pour Dieu. Par contre Dieu accepte qu'un autre paie à la place. Dans notre système judiciaire, on peut le faire aussi. Si un autre paie la caution on peut sortir de prison dans certains cas.
Quand j'ai commencé à étudier la Bible dans un groupe chrétien, on m'a dit que Dieu avait différents attributs, omniscient, omnipotent, amour, justice, etc. Ces attributs ne peuvent changer, Dieu ne peut changer contrairement à nous. Pour concilier son attribut de justice avec celui de l'amour, il a envoyé son fils mourir à la place de nous pour expier nos péchés. Message qui aujourd'hui nous parait bizarre, mais qui est assez simple. Donc si l'on adhère à ce message, si l'on accepte que la vie éternelle c'est un don et non un mérite, si l'on accepte les exhortations des Écritures, c'est-à-dire, changer de vie, faire le bien, aimer son prochain comme soi-même, on ne gagne pas son ciel (la vie éternelle) on devient éligible. Les protestants, baptistes, pentecôtistes, presbytériens, etc. mettent l'accent sur ce point, c'est-à-dire on ne gagne pas son ciel, c'est un cadeau (Éphésiens 2:8-9). Contrairement à l'Église catholique qui a mis pendant des années ce principe que l'on mérite son ciel.
Publié le 12 avril 2014 | Par Michel Labonté
Publié le 11 avril 2014 | Par Nadia Arsenault
Jean 3:36 Celui qui croit au Fils a la vie éternelle ; celui qui ne croit pas au Fils ne verra point la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui.
Jean 5:24 En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, à la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie.
Jean 6:47 En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui croit en moi a la vie éternelle.
Si vous voulez avoir la vie éternelle c'est simple, lisez l'évangile de Jean!
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