6 questions pour évaluer la fiabilité d’un site Internet
Le Web est devenu un outil indispensable… où tout un chacun peut publier ce qui lui chante. Difficile de s'y retrouver pour déceler le vrai du faux? Heureusement, il y a des solutions.
par Manon Plante
Avez-vous entendu dire qu’il est possible de faire du popcorn à partir d’un cellulaire? Ou qu’il existe un animal en Autriche, le dahu1, qui aurait des pattes plus courtes d’un côté que de l’autre pour mieux circuler en montagne? Ces deux fictions mises en scène sur le Web ont aisément leurré plusieurs personnes de tous âges, révèle la professeure Martine Mottet2, du Département d’études sur l’enseignement et l’apprentissage.
Pour aider les internautes à mieux discerner les sites douteux et leurs renseignements erronés, voire fallacieux, cette spécialiste des compétences informationnelles a créé divers outils, dont des cours3 et des formations, destinés à plusieurs clientèles. Dans l’une de ces formations, «Faire une recherche, ça s’apprend», elle propose la méthode 3QPOC, soit 6 questions pour juger de la qualité de l’information sur un site Web.
1. Qui est l’auteur?
Selon Martine Mottet, la première chose à faire lorsqu’on recherche de l’information sur Internet est d’identifier l’auteur d’un site. S’agit-il d’un individu ou d’un organisme réputé? L’auteur est-il un expert sur le sujet? «Pour déterminer la compétence d’un individu, explique-t-elle, on peut tenter d’en savoir plus sur sa formati on, ses expériences passées, le poste qu’il occupe ou encore son affiliation avec un organisme réputé.»
Il est également assez facile de trouver sur le Web les titres des publications antérieures (imprimées ou numériques) d’un individu ou d’un organisme. Sont-elles liées au même sujet ou à un sujet connexe? Ont-elles été publiées par une maison d’édition reconnue ou peuvent-elles être consultées sur le site Web d’une organisation renommée? Plus les réponses à ces questions seront positives, plus il sera facile d’accorder sa confiance à l’auteur. «De plus, ajoute la professeure, la présence de coordonnées professionnelles publiques, comme un courriel, une adresse postale ou un numéro de téléphone, aide à confirmer la fiabilité d’un auteur.»
1 Bien que la légende du dahu soit répandue depuis longtemps, la supercherie a été réactualisée grâce à un pseudo-documentaire diffusé sur le Web. ↩
2 Martine Mottet est également chercheuse au Centre de recherche interuniversitaire sur la formation et la profession enseignante et à la Communauté pour l’innovation et la recherche sur les technologies dans l’enseignement/apprentissage. ↩
3 À l’Université Laval, elle donne notamment les cours EDC 4000 Réussir ses études universitaires à l’ère numérique: rechercher et présenter l’information et EDC 7011 Réussir ses études universitaires à l’ère numérique: rechercher et présenter l’information, qui s’adressent respectivement aux étudiants de premier cycle et à ceux des cycles supérieurs. ↩
2. De Quoi est-il question?
«La meilleure façon de déterminer l’exactitude des données trouvées sur un site est de confronter ces affirmations avec celles données par au moins deux autres sources, imprimées ou numériques», déclare Martine Mottet. Cependant, ne court-on pas le risque, en partant de prémisses fausses, de trouver tout de même des sites Internet qui corroborent ces faits ou ces arguments fallacieux? Bien sûr, mais il existe quelques trucs pour éviter de se trouver enfermé dans un tel cercle vicieux.
Tout d’abord, une bonne méthode pour la formulation des requêtes dans le moteur de recherche peut aider à contourner ce problème. En effet, l’emploi de mots clés différents pourra faciliter l’apparition de sources aux opinions différentes. «Il est possible de varier les mots clés en employant des hyperonymes, des hyponymes, des synonymes ou des antonymes, par exemple. On peut aussi traduire les mots de la requête en anglais», indique la chercheuse. Un autre truc est de regarder si le site mentionne ses sources et de vérifier si ces dernières semblent valables et crédibles. La présence d’hyperliens vers des sites sérieux qui traitent d’un même sujet ou d’un sujet connexe peut également constituer un signe de la qualité de l’information.
3. De Quand date l’information?
Certaines données peuvent parfois avoir été vraies à une époque, mais être complètement dépassées aujourd’hui. Il importe donc de s’assurer de l’actualité des renseignements. Or, comment estimer si l’information est récente? «D’une part, en s’attardant à la date de création ou de mise à jour du site, répond la professeure Mottet. D’autre part, en testant la fonctionnalité des hyperliens qui s’y trouvent.» Des liens qui ne sont plus à jour peuvent effectivement dénoter l’âge d’un document numérique.
4. Pourquoi est publiée l’information?
Lorsqu’une page Web avance surtout des faits, des descriptions, des statistiques et des arguments raisonnés, on peut supposer qu’elle est plus crédible qu’une autre qui ne propose que des opinions personnelles. Toutefois, quoique le caractère objectif de l’information joue un rôle important dans l’évaluation de l’impartialité d’un site, elle n’est pas le seul critère à considérer. Il faut également juger du but poursuivi par les auteurs du site.
«La page Web a-t-elle été publiée pour informer le public, former des gens, influencer l’opinion d’autrui, vendre un produit, se mettre soi-même en valeur? La réponse à cette question révèle beaucoup de la confiance que l’on peut accorder à un site», constate Martine Mottet. On peut également déduire la fiabilité de l’information à partir de la diversité des points de vue exposés. En effet, la professeure remarque qu’un site objectif n’aura aucun problème à présenter des opinions contradictoires lorsqu’un sujet est controversé.
5. D’Où provient l’information?
Ce n’est pas parce qu’un renseignement est divulgué sur Twitter qu’il n’est pas tout aussi vrai et pertinent qu’un autre publié sur un site gouvernemental. Cependant, la provenance d’une donnée, d’une histoire ou d’une opinion doit être prise en considération lorsque vient le temps d’établir la qualité de l’information. «Un fait exposé sur un site personnel, un forum, un blogue, Twitter, Facebook, Wikipédia ou YouTube ne profite pas de la crédibilité que peut conférer un site sérieux à une information. Les renseignements publiés sur un site officiel administré par un gouvernement, une université, une entreprise commerciale, une maison d’édition, un média, une association ou un groupe de pression jouissent, quant à eux, du crédit associé à l’organisme», rappelle la chercheuse.
6. Comment est présentée l’information?
Le dernier indice qui peut aider à établir la fiabilité de l’information est l’organisation matérielle du site Internet. Martine Mottet a effectivement observé que clarté et rigueur vont généralement de pair avec véracité du contenu. «Habituellement, dit-elle, le fait de repérer aisément l’information désirée grâce à un menu, une table des matières, un moteur de recherche interne ou des boutons de navigation est un signe de la qualité générale d’un site.» Une présentation visuelle et sonore soignée ainsi qu’un niveau de langue élevé peuvent également peser dans la balance. «Un bon usage du français, qui peut être jugé par la qualité de l’orthographe, de la grammaire, du vocabulaire, de la syntaxe, de la ponctuation et de la structure du texte, n’est pas un élément à négliger», avance la professeure. De plus, dans les sites sérieux, les publicités sont clairement séparées de l’information.
Publié le 24 avril 2019
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