Regards sur la société
Publié le 16 novembre 2011 | Par Simon Langlois
La sociologie qui éclaire
Le Québec change. Il change pour des raisons internes (vieillissement, reprise de la natalité, croissance des villes, effets de générations), mais aussi sous la poussée de facteurs externes comme la mondialisation, le libre échange ou le rééquilibrage des forces au sein de la fédération canadienne.
Les billets que je me propose d’écrire porteront sur les mutations que connaît notre société, les facteurs qui les expliquent, les défis qu’elles posent.
Sociologue de formation, j’estime que ma discipline est susceptible de bien analyser ces changements et qu’elle aide à les comprendre et à les expliquer. Les sciences sociales produisent des savoirs fondés, des connaissances qui éclairent les enjeux de société et les questions d’actualité sous des angles nouveaux et qui apportent parfois des réponses inattendues, comme nous l’a montré le penseur français Alexis de Tocqueville. La sociologie éclaire mais, malheureusement, les recherches que font mes collègues passent souvent inaperçues, perdues dans le bruit de l’actualité.
Les billets que je proposerai entendent combler cette lacune et jeter un éclairage sur des questions variées, non pas sous le mode de l’opinion, mais plutôt sous le mode du commentaire argumenté à l’aide de recherches sociologiques menées ici ou ailleurs. Ces billets puiseront largement dans les travaux de collègues ou, à l’occasion, dans les recherches que j’ai menées à l’Université Laval. J’invite les lecteurs intéressés à consulter les liens qui seront proposés pour en savoir plus.
Les raisons des sociologues
La science n’a pas réponse à tout. Il en va de même pour la sociologie. Le philosophe et sociologue Georg Simmel avance que le savant, comme tout être humain, commet des erreurs, notamment en acceptant des propositions implicites déterminantes et parce que ses moyens sont limités. Les relativistes concluront que «tout se vaut». Or, rien de plus faux.
«L’histoire de la science est un véritable cimetière d’idées, de théories et d’observations», a-t-on écrit. Faut-il alors en conclure que tout est relatif, à commencer par le savoir scientifique lui-même? Non, car les savoirs jugés désuets sont en fait remplacés par d’autres qui nous paraissent mieux fondés, davantage argumentés, mieux établis. La révélation des erreurs et des implicites, loin de conduire au scepticisme, conduit plutôt à l’accès progressif à la connaissance dont parlait le philosophe des sciences Karl Popper.
Si la sociologie a acquis le statut de savoir scientifique au cours du20e siècle, les savoirs qu’elle livre sont l’objet de débats, ce qui la rend d’autant plus fascinante. «Les limites de la raison d’un savant, ce sont les raisons d’un autre savant», a écrit un jeune collègue français, Maxime Parodi. C’est précisément dans cet esprit que fonctionne la communauté des scholars au sens américain, la communauté des chercheurs dont je fais partie, et dans cet esprit qu’il faut aborder les questions de société.
Les billets sur les acquis de la recherche sociologique sont susceptibles d’intéresser aussi le grand public qui cherche à comprendre notre monde. D’où l’intérêt d’un site qui les diffuse. Un tel site a aussi un autre avantage: il permet la rétroaction avec les gens qui sont en dehors de l’univers de la recherche sociologique et il favorise la confrontation des observations, hypothèses et explications qui viennent de diverses sources.
Regards sur le Québec
C’est dans cet esprit que je veux aborder des questions variées sur la société québécoise, certaines portant sur un thème d’actualité, d’autres sur un changement social en cours. À l’occasion, j’évoquerai les éléments d’explication que propose la sociologie. Voici un échantillon de questions que j’ai l’intention d’aborder.
Peut-on mesurer le bonheur? La classe moyenne est-elle en déclin? Pourquoi le mouvement Occupy Wall Street attire-t-il autant de sympathie? Y a-t-il plus de pauvres au Québec? La classe ouvrière est-elle en voie de disparaître? Qui sont les artisans de la culture? Plan nord ou plan culturel pour le Québec? Le nationalisme québécois est-il en déclin? Vers l’iniquité intergénérationnelle? D’autres thèmes s’imposeront: la ville de Québec change, le financement des retraites posera un défi colossal, la marchandisation est devenue omniprésente, la nouvelle économie passe aussi par la culture, l’individualisme s’affirme. On le voit, ce ne sont pas les questions qui manqueront!
Bonne lecture dans les semaines qui viennent, et j’attends les commentaires argumentés, les compléments d’information et les questions.
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Un grand merci pour vos très instructifs billets; ils ont été lus avec beaucoup intérêt !
Au plaisir de vous relire,
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