Les dossiers Contact

La zone d'échanges entre l'Université Laval,
ses diplômés, ses donateurs et vous

Les dossiers de Contact

Radiographies de la violence

Diane Vincent et les gros mots

299x156_ViolenceVerb

Spécialiste de la violence verbale qui se manifeste en public, la linguiste tente de faire la part des choses entre tapage tolérable et débordement dangereux.

Depuis le temps qu’elle nage dans les flots verbaux liés à l’intimidation, au dénigrement, à l’insulte blessante et aux sarcasmes, Diane Vincent a appris à cerner et à décortiquer les rouages de la violence verbale sur la place publique. Ce qui intéresse la chercheuse du Département de langues, linguistique et traduction dans ce discours au ras des pâquerettes? Les tensions sociales et les confrontations qui s’y expriment avec, d’ailleurs, de moins en moins de retenue. «Il y a vraiment une montée du ton agressif dans les radios et les médias sociaux», constate la linguiste. Certains, note-t-elle, en font d’ailleurs leur pain et leur beurre, qu’on pense à Don Cherry (commentateur sportif au réseau anglais de Radio-Canada) ou à Sylvain Bouchard (animateur de radio à Québec, sur les ondes de CJMF).

Diane Vincent

Diane Vincent ne se pose pas pour autant en défenseure d’une parole sans aspérités. Critiquer l’autre, contester son autorité et s’indigner de son comportement constitue un droit démocratique, même si cela passe par la moquerie, la caricature et le dénigrement. Décider qu’il s’agit d’intimidation ou d’incitation à la haine implique donc une bonne part de subjectivité, a-t-elle constaté au fil de ses analyses de la radio poubelle de Québec menées au tournant des années 2000.

Pour illustrer cette subjectivité, elle rappelle que le mot «girouette», un terme pourtant d’apparence banale, fait partie depuis 2007 du vocabulaire proscrit lors des échanges à l’Assemblée nationale. Cela parce que les adversaires de Mario Dumont, alors député, l’avaient affublé de ce surnom qui lui a collé à la peau au fil des débats. Un phénomène qui ressemble au fameux «maudite vache» asséné en 2004 à Véronique Cloutier par l’animateur de radio Jeff Fillion, qui a défini l’animatrice bien malgré elle pendant deux ou trois ans.

Si, en théorie, les insultes semblent faciles à détecter, en pratique, le contexte peut faire toute la différence. Nul doute que votre ami ne vous attaquera pas devant les tribunaux si vous lui glissez un affectueux «T’es ben rapace!», suivi d’un sympathique «Toi, mon vlimeux!». »

Publié le 17 mai 2012

  1. Aucun commentaire pour le moment.

Note : Les commentaires doivent être apportés dans le respect d'autrui et rester en lien avec le sujet traité. Les administrateurs du site de Contact agissent comme modérateurs et la publication des commentaires reste à leur discrétion.

commentez ce billet

M’aviser par courriel des autres commentaires sur ce billet