5 bonnes raisons de chanter en groupe
Outre le plaisir même de chanter et la joie de retrouver des amis, faire partie d'une chorale procure d'autres bienfaits étonnants.
par Manon Plante
De nombreuses recherches ont prouvé que la pratique d’un instrument de musique a une incidence positive sur les capacités cognitives et la concentration. Cependant, peu d’études se sont jusqu’à maintenant intéressées aux effets du chant sur le développement de ces aptitudes.
En collaboration avec des spécialistes en musique, en phonologie et en psychologie, la professeure Pascale Tremblay 1, du Département de réadaptation, s’intéresse à l’influence du chant sur les mécanismes physiologiques, neuromoteurs et neurocognitifs qui sous-tendent la production de la parole et de la voix. Ses travaux visent, entre autres, à développer des stratégies pour prévenir ou retarder les effets du vieillissement sur la communication.
Ses études font état d’effets positifs du chant choral tant pour la communication, pour la cognition que pour la santé du cerveau. Comment se traduisent concrètement ces bénéfices?
1. Une voix plus stable
Lorsque nous entendons une voix, nous sommes généralement capables de dire si elle appartient à une personne jeune ou âgée. L’un des critères sur lequel nous nous appuyons alors est la stabilité de la voix, puisque le vieillissement altère cette qualité. «Les résultats préliminaires de notre étude, indique Pascale Tremblay, permettent d’affirmer que le chant stabilise la hauteur de la voix. Lors des tests, nous demandions, entre autres, aux participants de parler sur un ton triste, un ton joyeux et un ton neutre. Nous avons découvert que la voix des non-chanteurs est plus variable que celle des chanteurs lors d’un discours neutre. En fait, les chanteurs parviennent à mieux contrôler leur voix et possèdent de meilleures capacités pour la moduler.»
Or, la maîtrise de telles capacités, loin d’être anodine, permet de donner une meilleure impression en société. «La voix est l’une des caractéristiques majeures qui influencent notre jugement général d’une personne, et particulièrement d’une personne aînée. Sa voix sonne-t-elle bien? Si la réponse est affirmative, l’individu bénéficie d’une meilleure perception sociale», affirme la chercheuse.
2. Une capacité à parler plus distinctement
En vieillissant, les chanteurs parviennent à maintenir une meilleure articulation. «C’est important, souligne la professeure Tremblay, puisque les chanteurs âgés sont plus intelligibles pour les autres par rapport aux non-chanteurs.» Ils peuvent donc profiter d’une vie sociale plus intéressante et préserver plus longtemps une certaine qualité de vie. Le chant a également une influence sur le débit de la voix, ce qui a également une incidence sur la qualité des échanges des personnes aînées avec les autres.
Ces bienfaits du chant choral n’ont-ils d’intérêt que pour les personnes qui vieillissent? Pas nécessairement, répond la chercheuse. «La collecte de nos données, dit-elle, s’est terminée en août. Les volontaires qui ont participé à l’étude chantent au moins 60 minutes de manière continue chaque semaine depuis 2 ans. Par contre, ils n’ont pas tous la même expérience. Certains ont commencé à pratiquer l’activité il y a 2 ans, alors que d’autres chantent depuis 50 ans. Nous avons l’intention d’évaluer si le temps consacré à ce passe-temps au cours d’une vie a des répercussions sur nos résultats.»
1 Pascale Tremblay est aussi directrice du Laboratoire des neurosciences de la parole et de l’audition, codirectrice du Consortium d’imagerie en neurosciences et santé mentale de Québec (CINQ) et membre du Centre de recherche CERVO. ↩
3. Une voix plus forte
La vieillesse entraîne une baisse de l’intensité de la voix. Les chanteurs, pour leur part, réussissent à mieux préserver cette intensité, ce qui favorise un prolongement de la qualité de la communication et permet de conserver une meilleure qualité de vie.
Cet avantage accordé par la pratique du chant devient particulièrement intéressant dans le traitement de certaines pathologies. «Chez les gens atteints de parkinson, le volume de la voix est parfois très faible, ce qui cause un grave problème de communication. Toutefois, la thérapie par le chant permet à la voix de maintenir ou de retrouver une certaine intensité. Pratiquer le chant en groupe assure donc aux gens atteints de certaines pathologies de préserver leur qualité de vie», déclare Pascale Tremblay.
4. Des facultés cognitives améliorées
Le chant est une activité sensorimotrice. Il fait appel à des aptitudes de la sphère cognitive, par exemple la mémoire, l’attention et la vitesse du traitement de l’information. Pour cette raison, sa pratique a des répercussions sur les compétences des personnes dans cette sphère. «Lorsqu’on fait partie d’une chorale, il faut, entre autres, mémoriser des textes et être attentif à ce qu’on fait. L’exécution de ces simples tâches génère des effets positifs sur la cognition auditive et l’attention auditive», explique la professeure Tremblay.
On peut penser que la pratique du chant engendre des retombées similaires à celles de la pratique d’un instrument de musique, qui sont mieux documentées. «On sait que jouer d’un instrument implique des effets de transfert. Les musiciens, par exemple, ont une meilleure fluence verbale, possèdent une meilleure mémoire de travail et sont plus aptes à discerner une voix dans le bruit», rappelle la chercheuse.
5. Une meilleure santé physique et psychologique
Ainsi que le souligne Pascale Tremblay, chez les non-professionnels du chant, l’activité est avant tout sociale. La plupart des gens chantent, en effet, en compagnie d’une autre personne: un parent pour endormir son enfant, un couple pour passer le temps en auto, entre amis autour d’un feu… Chanter est donc un échange social.
De plus, le chant aurait des répercussions sur les capacités respiratoires, l’humeur et la santé du cerveau. «Quoique beaucoup d’études sur ces questions souffrent de certains biais, révèle la chercheuse, il demeure qu’il est fort probable que le chant contribue au bien-être et à la santé en général.»
Devant tous ces avantages, ne soyez donc plus gêné de chanter en public! Et puis, après tout, «la vie, c’est plus marrant, c’est moins désespérant en chantant 2.»
2 En chantant, de Michel Sardou. ↩
Publié le 13 novembre 2018
Publié le 21 décembre 2018 | Par Vincent Neault
Très intéressant comme article, merci beaucoup, je l'ai partagé sur Facebook.
J’étais curieux, votre article parle beaucoup de chanter et des avantages de chanter par rapport à la voix donc, le titre qui laisse croire que l'article est plutôt sur le chant en groupe alors que ces avantages s'adressent tout aussi bien aux chanteurs individuels.
Avez-vous aussi des recherches concernant les bienfaits de jouer en groupe?
Je suis trompettiste de formation et je joue dans de nombreux ensembles de musique tel que l'OSQ et je remarque qu'il y a beaucoup d'aptitudes qui se développent en jouant en groupe comme, par exemple, savoir quelle place prendre d'un point de vue sonore, qui écouter pour se fier à la justesse, quand prendre plus de place et quand se retirer, etc., etc., etc. Et ces capacités peuvent très bien se transposer dans la société, à bien comprendre le rôle de chacun dans une communauté et savoir notre propre rôle aussi etc., etc., etc.
Ce sont aussi des aptitudes qu'on développe en chantant en groupe dans des chorales ou autres formations du genre.
Je ne suis pas chercheur comme vous, mais votre article m'a apporté des questionnements par rapport à ça aussi donc je me demandais si vous n'aviez pas un peu d'info là-dessus :)
merci beaucoup!
Vincent Neault
Publié le 20 décembre 2018 | Par Louise Têtu
La mémorisation de paroles et mélodies est aussi un facteur positif sur la capacité d'apprentissage; ainsi, les effets bénéfiques sont ressentis dans chacun des aspects de la vie.
Publié le 18 décembre 2018 | Par Dieunet CERESTE
Publié le 25 novembre 2018 | Par Louise Drouin
Louise Drouin
Étudiante au doctorat en gérontologie
M. Gérontologie, B. Musique
Publié le 1 mai 2019 | Par Manon Plante
Pascale Tremblay
Publié le 18 novembre 2018 | Par Gaétan M
Publié le 1 mai 2019 | Par Manon Plante
Pascale Tremblay
Publié le 17 novembre 2018 | Par Denise Gauthier
Publié le 17 novembre 2018 | Par Louis-Antoine Laroche
Je prône ce type de réflexion à mes élèves de musique et en particulier en chant. J'ai aussi fait travailler un parent atteint de parkinson et cela l'a aidé me disait-il. En effet, avant que je travaille avec lui sur la technique vocale (une rencontre), on ne l'entendait presque plus parler. Je lui ai dit de continuer de pratiquer sa respiration.
J'ai hâte de lire l'évolution de vos recherches. Merci de me tenir au courant.
Louis-Antoine Laroche, M.Mus.
Publié le 17 novembre 2018 | Par Yvon Pesant
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